Chapitre 7

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Je voyais bien que Myriam s'inquiétait toujours plus à propos du mariage, et ce, depuis sa dispute avec ses parents. Alors, j'ai donc entrepris de leur rendre une petite visite sans en informer ma copine. Je ne voulais pas davantage la stresser. De plus, elle n'aurait pas hésité à m'en empêcher.

Trouver l'adresse de ses parents ne fut pas bien compliqué. Myriam l'avait enregistrée dans son portable que j'avais – malencontreusement – regardé. J'insiste sur le malencontreusement. Ce n'était pas volontaire. Son portable était sur la table, déverrouillé et il me faisait de l'œil.

En arrivant sur les lieux, je ne suis même pas étonnée de tomber face à une grande villa. Après tout, ses parents habitent juste à côté de Beverly Hills et j'ai toujours su qu'ils étaient des bourges. En vrai, leurs coupes de cheveux strictes étaient suffisantes pour que je le devine.

Contrairement à la plupart des maisons, il y avait un grand portail et il fallait donc sonner et attendre qu'on ouvre et le portail et la porte d'entrée. Vraiment, les riches se compliquent bien trop la vie...

En quelques minutes, la mère de Myriam vient m'ouvrir. Comme toujours, elle s'est fait un chignon très serré qui accentue ses rides. On pouvait facilement lui donner dix ans de plus.

— Que veux-tu ? me demande-t-elle.

— J'aimerais parler...

— Je n'ai pas beaucoup de temps, rétorque-t-elle pour m'éviter.

Si vous trouvez plus désagréable qu'elle un jour, faites-moi signe parce que je doute qu'il existe vraiment plus chiant qu'elle. Déjà, elle est homophobe et rien que ça, c'est une raison suffisante pour ne plus jamais lui parler. Malheureusement, bientôt ça sera ma future belle-mère et rien que ça, ça m'oblige à devoir la supporter.

— Je sais que je n'arriverais pas à vous convaincre d'accepter votre fille telle qu'elle, commencé-je avec hésitation. Mais elle tient beaucoup à vous... et je pensais qu'il était quand même important de vous informer que notre mariage aura lieu demain.

— C'est quand même assez précipité, me fait-elle remarquer avec dédain, comme si cette date ne lui plaisait pas.

Retiens-toi Spencer de l'insulter, retiens-toi. Putain ce que c'est tellement tentant de l'envoyer chier... Dire que je fais ça pour Myriam. Compliquée la vie.

— C'est notre choix. À vous de faire le vôtre, rétorqué-je poliment.

Jamais je n'ai été aussi calme, je m'étonne moi-même. Je pense que je vais me jeter sur Overwatch en rentrant et insulter plein de loosers.

Je n'ajoute rien de plus et rebrousse chemin. Cependant, elle m'interpelle et je me tourne vers elle une dernière fois.

— Vous êtes quand même grave culottée, constate-t-elle.

Non mais elle cherche là aussi ! Comment je peux me retenir face à ça ?

— Je vous prierai de bien vouloir me donner de plus amples explications, lui intimé-je avec un air faussement snob.

Je crois qu'elle ne va pas aimer. Dommage, j'étais très très très très TRÈS polie.

— Vous n'êtes pas quelqu'un de bien pour Myriam, déclare-t-elle en remettant une mèche de cheveux derrière son oreille.

— Ah mais ça c'est elle qui décide, pas toi. Au bout d'un moment, faut arrêter de contrôler ses gosses.

— Ça ne choque pas vos parents ?

— Tout ce qui les choque c'est que je dise des gros mots à table, je réponds comme si de rien n'était.

Dans le fond, mes parents n'approuvaient pas totalement ma relation avec Myriam, mais ils l'acceptaient tout de même beaucoup plus que cette vieille vipère.

— Bon, en même temps il suffit que je dise "c'est dégueu ce plat de merde" et ça crée toute une dispute !

Elle me regarde d'un air placide, se fichant éperdûment de ce que je peux bien dire.

— Ça vous arrive de sourire des fois au lieu de faire la gueule ? demandé-je brusquement.

— Je vous demande pardon ?

— Ne faites pas comme si vous n'avez pas compris. Je ne comprends pas pourquoi vous agissez ainsi, mais au final, vous êtes juste en train de perdre votre fille. Myriam a encore l'illusion que vous changerez, sauf que ça ne va pas durer. Les illusions s'en vont... et on oublie les gens, y compris sa propre famille.

Wow, j'étais vraiment trop sérieuse là ! Il faut absolument que je rajoute une connerie sinon je ne vais pas être crédible :

— Après des fois, on a de la chance et on a des tantes qui se font écraser par des chariots de la gay pride.

Meilleur jour de ma vie. Et je ne déconne absolument pas. Je n'ai pas envie de me rappeler de ses tartes dégueulasses qui puaient et– Merde je m'en rappelle maintenant.

Cette fois-ci, elle me regarde d'un air perplexe, mais n'ajoute rien. Comprenant que la discussion n'ira pas plus loin, je remonte dans ma voiture et m'en vais. Il était vraiment impossible de raisonner les parents de Myriam. En temps normal, j'aurais laissé courir, mais il s'agit de Myriam quand même et ça change tout.

Et de retour chez moi, je croise Myriam toujours avec une mine assez triste. Soudainement, je me rends compte que je n'ai pas prévenu ses parents que notre mariage était encore secret pour elle. Et s'ils l'avaient prévenue ? Tout mon plan tomberait à l'eau ! J'aurais alors fait tous ces efforts pour rien ! Et je ne fais jamais rien pour rien !

Myriam s'approche de moi et feint un bref sourire. Pour l'instant, rien ne me prouve quoi que ce soit. Elle dépose un doux baiser sur mes lèvres et m'invite à aller manger avant qu'elle ne doive bosser sur un lourd dossier pour son travail. Visiblement, elle ne sait rien... et tant mieux !

Mariage pluvieux, mariage arc-en-ciel [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant