Paumée, Trompée... Mais Je Me Soigne. (SOUS CONTRAT D EDITION)

baguette et nuisette

Je retourne dans la chambre, Mélissa sur les talons, pour récupérer ma valise avant de prendre un taxi. Éric n'est pas revenu, je n'aurai pas l'occasion de lui dire au revoir, tant pis. Sur le chemin qui me conduit à mon prochain concert, je repense à mon fiancé et j'ai une terrible envie d'entendre sa voix. J'ouvre mon sac mais impossible d'y trouver mon portable. A tous les coups je l'ai oublié à l'appartement. Dommage, il est trop tard pour faire demi-tour.

Le taxi me dépose à l'hôtel où je vais loger pour les trois prochains jours. Le groom se charge de ma valise tandis que je décide d'aller me ressourcer dans le jardin japonais de l'hôtel. Je m'installe sur un banc et repense à Éric. Je n'aime pas partir fâchée, je devrais vraiment l'appeler.

- Il n'en vaut pas la peine, dit une vieille dame avant de s'asseoir à mes côtés.

- Je vous demande pardon ? Demandé-je, surprise, elle a lu dans mes pensées ou quoi.

- Croyez-moi jeune fille, vous méritez beaucoup mieux que ça ?

Au lieu de me vexer, je décide de rentrer dans son jeu :

- Ah oui ? Je mérite quoi alors?

- Vous méritez un homme qui vous aime.

- Mais il m'aime ! M'exclamé-je indignée.

- Dans ce cas, pourquoi n'est-il pas à vos côtés ?

- Il est très occupé, dis-je maladroitement.

C'est vrai que j'aurai aimé qu'il m'accompagne mais il a décliné l'invitation car il a besoin de calme pour trouver l'inspiration. La vieille dame m'observe attentivement, j'ai l'impression que ça bouillonne dans son cerveau.

- Je suis désolée, dit-elle finalement.

- De quoi ?

- Ça va être très dur pour vous mais vous ne pouvez pas rester dans cette situation.

- Quoi, quelle situation ?

- Je vous promets que tout finira par s'arranger, peut être pas de la façon dont vous l'imaginez mais tout ira bien.

Je suis complètement perdue, je crois que la vieille dame est sénile et j'en ai confirmation lorsqu'elle m'assène un coup avec sa baguette de pain avant de se lever du banc. Avant que je n'ai pu réagir elle est déjà près de la sortie d'où elle me lance :

- Soyez forte, tout ira bien.

Ok, c'est officiel, elle s'est échappée de l'asile.

Je quitte le jardin et gagne ma luxueuse suite où je défais ma valise et range les vêtements dans l'armoire. Tiens ? Qu'est-ce que c'est que ça ? Je tiens dans les mains une nuisette en dentelle noire qui me semble familière sans que je n'arrive à me rappeler pourquoi. Je finis par hausser les épaules, après tout j'ai tellement de vêtements que je m'y perds un peu.

Après une sieste réparatrice je prends le chemin du lieu du concert et lorsque j'arrive je ressens des fourmillements dans tout le corps. Je lève les yeux devant le stade où s'étale en lettre d'or mon prénom. Ce soir je vais chanter devant vingt mille personnes, sans compter celles qui seront derrière leur écran, vive les retransmissions en direct, ce sera ma plus grande prestation. Je n'ai pas fait trois pas en direction de l'entrée que je suis assaillie par une horde de fan surexcités. Je signe quelques autographes et pose pour des selfies avant que le service de sécurité ne vienne me récupérer pour m'emmener à l'intérieur. Là, je me fais remonter les bretelles par mon manager qui ne comprend pas que je n'engage pas un garde du corps pour m'escorter. Je baisse les yeux et m'excuse platement avant de rejoindre ma loge. J'y retrouve Paolo, un coiffeur brésilien qui fait des merveilles. Il m'accueille avec un grand sourire avant de me faire asseoir et de commencer à travailler sur mes cheveux. Il s'étonne de trouver des miettes de pain et quand je lui raconte ma rencontre avec la vieille dame il éclate de rire. Il applique sur mon crâne une pâte épaisse qui va me permettre d'arborer mon habituelle chevelure d'un rouge éclatant. Et oui, j'ai finalement trouvé ce petit quelque chose en plus qui fait qu'on se souvienne de moi ! Il est interrompu dans son art par la sonnerie de son portable. Il s'éloigne, prend l'appel et revient vers moi le sourire aux lèvres.