Paumée, Trompée... Mais Je Me Soigne. (SOUS CONTRAT D EDITION)

Solitude

Je suis sans voix... littéralement. Dans le stade le silence se fait. J'essaie de reprendre la chanson mais ma voix, d'habitude modulable à souhait, ne m'obéit plus. Le public commence à s'agiter, j'entends quelqu'un m'accuser de faire du play-back et d'autres crier « rembourser ». Ils sont gonflés, je viens d'assurer plus de deux heures de show et j'ai juste eu une faiblesse sur la dernière chanson. Mon manager monte sur scène pour m'évacuer. Une fois arrivée dans la loge il me demande ce qu'il se passe et seul un murmure lui répond. Ouf, au moins je ne suis pas devenue muette. Il est en panique et, après m'avoir débarrassée de mon costume de sirène, me conduit en urgence à l'hôpital. De là, il fait réveiller un ORL pour avoir une explication sur ce qui est en train de m'arriver. Le médecin n'arrive pas à comprendre ce qu'il se passe. Médicalement parlant je vais bien, mes cordes vocales ne présentent aucune lésion, ma langue fonctionne bref d'après lui le problème serait psychologique. Tour à tour, aussi bien le médecin que mon manager, essaient de me faire parler (ou plutôt chuchoter) mais je me mure dans le silence. Hors de question d'avouer que pendant que je chante sur scène mon fiancé se tape sa meilleure amie dans notre lit.

Je profite de ce que les médecins quittent la pièce pour m'éclipser discrètement. C'est décidé je rentre chez moi, je dois avoir une explication avec Eric. Je quitte l'hôpital et attrape le premier taxi qui passe. Si, au début, la perspective de faire trois heures de route pour me ramener chez moi n'enchante guère le conducteur, la somme rondelette que je lui promets le fait rapidement changer d'avis. Pendant le trajet j'essaie de me convaincre que j'ai tort. Je me dis qu'il y une explication autre que l'adultère. Peut-être qu'en rentrant de notre virée shopping, Mélissa a oublié son sac de sous-vêtements chez moi, que la femme de ménage a cru qu'ils étaient à moi et les a rangés dans mon tiroir. Cette version me parait tout à fait crédible et lorsque j'arrive devant la porte de mon appartement je me sens ridicule. Pourtant, je ne peux m'empêcher de faire le moins de bruit de possible pour ouvrir la porte, allant même jusqu'à enlever mes talons

Je pénètre dans l'appartement et mon regard se pose sur la commode où se trouve mon portable. Par réflexe je m'en saisi et le fourre dans mon sac à main avant d'avancer dans le salon. Tout semble en ordre et je suis sur le point de me traiter mentalement d'idiote quand mon regard se fige. Sur la table basse trône deux verres de vin dont l'un porte des traces d'un rouge à lèvres écarlate.

- Ce n'est rien, murmuré-je, sans doute qu'ils ont bu un verre entre amis.

J'aurai sans doute pu m'en convaincre si en tournant la tête vers l'escalier menant à l'étage mon regard ne s'était pas posé sur une mini-jupe noire. Je marche tel un zombie, et avise au fil des marches, la jupe, un chemisier blanc dont les boutons ont sauté, un soutien-gorge et, en haut de l'escalier, un string en dentelle. J'ai le cœur au bord des lèvres et je ne sais pas où je trouve la force d'avancer vers la chambre d'où s'échappe de la musique douce. Comme dans les films je pousse la porte m'attendant au pire. Finalement, je ne les surprends pas en pleine action, il n'y a que Mélissa, étalée de manière lascive, en train de scruter son portable, totalement nue dans MON lit. En me voyant, elle marque un temps d'arrêt avant de m'offrir un sourire cruel.

- Que fais-tu ici ? Demande-t-elle comme si elle était chez elle.

- Toi, que fais-tu là ? Rétorqué-je aussi fort que ce que ma voix me le permet.

Elle approche la main de son oreille et lance sur un ton faussement amical :

- Parle plus fort Ariel je ne t'entends pas. Ah mais j'oubliais, il parait que tu as perdu ta voix, dit-elle en agitant son portable qui affiche les dernières nouvelles, dommage c'était la seule chose que tu avais de bien, la seule chose qui faisait qu'il restait avec toi.