Chapitre 3 - Conrad

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– Bon... Voyons ce que t'as dans le ventre.

Je sens que tu ne vas pas être déçu.

Le caisson du soldat entame sa purge. J'essaie d'éviter de me focaliser sur son physique de jeune premier. Après tout, il cache peut-être le tempérament d'un véritable guerrier.

Ou d'une chiffe molle.

S'il s'avère être un boulet, je me verrai bien obligé de lui rappeler le droit chemin à coups de pieds au cul. Je ne supporterai pas d'entendre un bébé geindre dans mon dos et encore moins de le laisser compromettre nos objectifs communs.

Laisse-lui une chance. C'est mal de juger quelqu'un aussi vite.

Je sais, mais... je n'y peux rien. J'ai toujours eu un radar à imbéciles.

L'oxygène a remplacé le liquide de stase.

Je ne détecte aucun mouvement de la part du morpion. Il semble roupiller tout aussi profondément que tout à l'heure. À la différence près qu'il est maintenant censé se manifester. Nu comme un ver, privé du sommeil artificiel que lui délivrait son module, il devrait montrer des signes d'activité.

Je m'empresse de déverrouiller la vitre pour me pencher sur lui. Ses paupières frémissent très légèrement.

Au moins, il est toujours en vie.

– Allez, petit, ce n'est plus l'heure de jouer à la Belle au bois dormant. On a du pain sur la planche, crois-moi.

Il manque cruellement de réactions à mes stimuli. S'il continue comme ça, je pense qu'il va falloir que je commence à m'inquiéter.

Jill saura sûrement gérer la situation mieux que toi. C'est son boulot, pas le tien.

Laisse-la où elle est ! Pour l'instant, il n'y a pas mort d'homme.

J'attrape son poignet. Un rictus de satisfaction efface mon inquiétude quand je détecte un pouls qui me semble régulier. Il n'a rien d'un vacarme assourdissant, mais il me confirme que Morpion ne nous a pas laissés tomber.

– Ne m'oblige pas à faire rosir tes jolies joues.

Son torse bondit en avant.

Je recule dans un réflexe d'étonnement.

Il suffoque, les yeux révulsés par une respiration trop inefficace. Sa bouche béante crache une série de sons inarticulés. Le froid et la tension de ses nerfs crispent ses muscles, clouant un masque de douleur le long de sa mâchoire déformée.

– Hé ! Je t'interdis de claquer maintenant !

Si tu n'interviens pas, son corps risque de lâcher !

Sans réfléchir, je le cale dans mes bras pour l'emmener jusqu'à l'infirmerie. Ses convulsions colériques ne me facilitent pas le trajet. J'ai l'impression de me battre contre une sauterelle pesant une centaine de kilos.

– Jill !

Ma voix s'élève à la recherche de la seule aide disponible. Sa crise pourrait lui rendre l'injection post-stase fatale. Bien que ce garçon ne m'inspire aucune sympathie particulière, je ne veux pas être responsable de son décès.

Et, que tu le veuilles ou non, il pourrait bien être un pilier essentiel de votre réussite.

– Jill ! À l'infirmerie. Vite !

J'entre à l'intérieur de la salle avant de l'éjecter, sans aucune délicatesse, sur le fauteuil. La situation est trop urgente pour que je me soucie des détails.

Galandys (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant