Chapitre 2

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Renard sortit de la taverne d'un pas lourd et trainant en se frottant les yeux. Il essaya de se frayer dans la rue noire de monde. Il se fit bousculer de tous côtés par les grands hommes bien trop alcoolisés, et interpellé par une ou deux prostitués ayant réussies à se frayer un chemin jusqu'à lui. Il paraissait être une cible facile avec sa carrure d'enfant. En effet, il n'était pas très grand et assez mince si bien qu'à côté de la population du quartier, il semblait minuscule. Pourtant il se tenait bien droit, la tête un peu penchée vers l'avant et marchait à grands pas dans ses bottes en cuir marron. De grosses boucles de ceinture les maintenaient fermement closes sur ses mollets jusqu'à ses genoux. Il portait un bermuda noir fait d'un tissu très résistant, inventé il y a quelques siècles, et muni de plusieurs poches à divers endroits. Il était retenu par un gros ceinturon, attaché au niveau de sa taille, sur lequel était suspendu un énorme blaster aux reflets cuivrés sur la crosse, dorés sur le canon et dont les mécanismes faits de rouages, vis et ressorts étaient visibles sous l'armature. Il était vêtu d'une étrange cape en cuir, d'un marron très foncé, le couvrant jusqu'aux hanches devant et jusqu'en dessous des fesses à l'arrière, sans lui recouvrir les bras. Elle était munie d'une capuche, lui tombant légèrement sur les yeux, sous laquelle il se réfugiait des regards curieux que lui lançaient chaque passant. Sous son pagne, il était affublé d'un haut en cuir en plus clair, dont les manches étaient retroussées au niveau de ses coudes. Les seules notes de couleurs étaient sur son chèche rouge et noir qui lui couvrait la moitié inférieure de son visage ainsi qu'une mèche de cheveux couleur rouille qui persistait à s'échapper de sa capuche. C'était de là que lui venait son surnom mais aussi du fait que personne ne connaissait son prénom. Certains prétendaient que lui non plus ne le savait pas, qu'il l'avait oublié, beaucoup lui prêtaient une enfance tragique sans parents, à grandir seul dans Mairpork. Plusieurs légendes s'étaient construites autour de lui, l'enfant aventurier. Aventurier, c'était le nom donné aux personnes faisant parties de ce petit bout de Mairpork où même les ombres n'osaient pas venir. Ils étaient surnommés comme cela par les mairporkiens car ils étaient les seuls à pouvoir s'aventurer à l'extérieur du mur. Ils faisaient partie des moins miséreux du quartier, bien que personne ne sâche vraiment comment ils avaient réussi à en arriver là. Il fallait se construire une réputation chez les riches pour devenir aventuriers, une réputation bien particulière car ils étaient plus simplement des chasseurs de prime. Alors que les ombres provoquaient la terreur dans les quartiers pauvres, les aventuriers suscitaient l'admiration des petits mairporkiens. Peut-être parce qu'au lieu de tuer les nécessiteux du quartier, ils s'en prenaient aux riches qui les ignoraient, enfermés dans leur royaume de luxe, d'excès et d'opulence.


Renard continuait sa route dans les rues de Mairpork s'éveillant petit à petit. Il marchait rapidement pour ne pas avoir à rester trop longtemps dans cet endroit morbide. Pourtant il n'avait rien à craindre des ombres qui n'oseraient jamais l'approcher et il était l'un des seuls à pouvoir marcher au milieu de la rue, la tête haute, sans avoir à raser les murs. Il se frottait encore les yeux et baillait aux corneilles, autant dire que l'on ne dormait pas beaucoup dans la rue des aventuriers. Il y avait bien trop d'agitations alors quand on arrivait à s'assoupir dans le coin d'une taverne, tôt le matin, cela ne durait gère plus d'une heure. Surtout que ce matin, notre jeune aventurier avait un rendez-vous pour un travail dans le côté riche de la ville, plus communément appelé Alquilia. Il n'appréciait pas Alquilia, tout y était trop grand, trop parfait mais surtout, tout y sonnait trop faux. Seulement, cet endroit suintant les faux semblants, l'hypocrisie et les coups bas était une mine d'or pour les aventuriers. Alors il continuait son chemin, se rapprochant peu à peu du mur. Il croisa quelques personnes qui baissèrent la tête à son passage mais il n'y fit pas attention. Il avait la tête ailleurs, comme la plupart du temps. Il songeait à son futur contrat, qu'il allait signer dans quelques instants. C'était une femme qui l'avait contacté pour lui donner rendez-vous, enfin un sous-fifre de la femme en question. Ce travail allait rapporter une belle somme à Renard car la commanditaire était une personne très influente, détestée de tous et pourtant, toujours en vie. Elle possédait une grande partie des revenus de la ville et était soupçonnée d'avoir fait éliminer beaucoup de ses concurrents il y a quelques années. Mais, personne ne faisait rien, elle tenait la police et le dirigeant de la ville sous sa coupe alors autant dire que Alquilia et Mairpork lui appartenait.


Les aventuriers de MairporkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant