Les Puissants

Chapitre 2 : Tristan

C'était une belle journée d'été, comme on pouvait en rêver, parfaite. La chaleur n'était pas étouffante sans être pourtant froide, elle était seulement douce. Une légère brise maritime complétait ce cadre idyllique, caressant la peau et les narines comme une main chaude et agréable. De nombreux baigneurs étaient d'ailleurs présents pour savourer pleinement ce mercredi ensoleillé, et la plupart des bureaux ne devaient contenir qu'une chaise vide et un bureau auquel il manque son maître.

Bref, une journée des plus parfaites.

Sur la plage, brillant sous l'éclat chaud du soleil, couraient de jolis filles en bikinis qui faisaient souvent tourner la tête de Tristan. Mais, pas cette fois ci, enfin pas cette été là, car le jeune homme aux boucles scintillantes ne regardait plus que Lucia. Une femme splendide, une créature divine que nul ne peut voir sans sentir un frisson, ce frisson qui avait parcouru Tristan, mais qui ne l'avait jamais quitté. Il l'avait rencontré en 2nd, ils étaient dans la même classe. Elle était blonde, mais pas comme lui, pas un blond très clair rappelant peut-être une quelconque origine allemande, mais un blond parfait. Plus précisément : la couleur de ses cheveux se rapprochait du blond cuir, puis en descendant dans une cascade ondulée, s'éclaircissait et se terminait au niveau de sa poitrine en pointes blond-pure. Complétant cette magnifique rivière, ses yeux étaient d'un bleu ciel lorsqu'elle était heureuse et d'un bleu orageux lorsque sa colère venait. Et plus surprenant encore, au fond de ses yeux à quelques millimètres de ses pupilles se trouvaient trois bulles bleus sombres comme la nuit répartis à équidistance. C'était rare, d'ailleurs si rare qu'elle était la seule à avoir ces "tâches" de couleur, mais au-delà de cette rareté, c'était extraordinairement parfait et attirant même. Ils avaient tous les deux la peau assez blanche, ce qui donnait d'ailleurs à Lucia une sorte de ressemblance à la Lune tandis que lui... ben lui non. Enfin, elle était assez grande, plus que la majorité des filles de son âge et elle avait, comme qui dirait, "tous ce qui faut là où il faut". Tristan, lui, faisait presque la même taille que Lucia, il n'avait qu'un ou deux cheveux de hauteur de plus.

-Tu viens te baigner ? cria Lucia depuis le bord de l'eau.

Alors qu'il pensait ne plus revoir Lucia durant ces deux longs mois d'été, le destin en avait fait tout autrement, et quelques jours plus tôt, alors qu'il se baignait sur la côte landaise près de Biarritz, il l'avait vue, debout sur la plage, fixant l'horizon comme un capitaine regardant le cap. Soudain, le visage de la jeune femme s'était éclairé d'un sourire en le voyant, du moins il l'espérait, sourire auquel il n'avait pas répondu tout de suite, car en effet, successivement, il s'était demandé s'il n'y avait pas une substance halogène dans l'eau, puis si le soleil ne lui avait pas grillé le cerveau et enfin, il avait déduit qu'il devait être, lui, Tristan Keelings, l'homme le plus heureux du monde.

- J'arrive, grogna-t-il en se levant de sa serviette, mais gare à toi, j'ai tendance à essayer de noyer les gens quand on me réveille.

- Je te signale, mon cher, que c'est toi qui a pris une raclée la dernière fois.

Sur ces mots, elle plongea dans l'eau fraîche et s'éloigna à la nage. Tristan ne put faire pareil, l'eau était bien trop froide et il dut se mouiller petit à petit avant de quitter le sable chaud.

Il nagea doucement dans l'étendue bleu, cherchant Lucia du regard. Brusquement, il fut attiré vers le fond. Quelque chose lui avait agrippé la jambe et l'empêcher de remonter à la surface cependant Tristan resta calme. Quand il put enfin remonter à la surface, il attrapa l'épaule de son agresseur et le plongea sous l'eau. Lucia ressorti immédiatement de l'eau, à priori mécontente de s'être fait attraper.

Avec un sourire éblouissant, elle s'écria :

- Il semblerait que tu ne sois pas qu'une pierre qui coule finalement.