Chapitre 5 : Peter

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Des problèmes, Peter en avait aussi à résoudre...

 Il se réveilla dans une cage, bien trop petite pour lui. Sa tête lui faisait atrocement mal et il mit un certain temps avant de réussir à retrouver ses esprits. Devant lui, on avait placé une gamelle sur laquelle était gravée "F01", remplie d'une purée sèche, cela accompagné d'un grand verre d'eau. Cela paraissait guère appétissant mais son ventre exprima son mécontentement et il engloutit toute la nourriture en quelques minutes. Sa tête le relança, il agrippa ses tempes. Il avait l'impression qu'une cloche sonnait dans sa tête. Elle n'arrêtait pas de siffler et il cru que cette douleur ne cesserait jamais. Mais la migraine se calma enfin et il pût remettre ses pensées en ordre. Mais, tandis qu'il cherchait comment il s'était retrouvée dans cette cage sale et puante, grouillant de mouches qui agressaient son maigre corps, il fit une découverte. Non pas le genre de découverte que l'on est content d'apprendre, plutôt le genre qui s'impose comme une vérité irréfutable et qui était véritablement chiante, c'est le moins qu'on puisse dire dans le cas présent. En effet, il ne se souvenait de rien, absolument rien. Il ne savait pas s'il devait pleurer, hurler, se mettre en colère ou bien se rouler en boule, la tête lovée dans le creux des jambes.

" Restons optimiste, songea-t-il, au moins je suis nourri, bien que la nourriture ait un goût qui se rapproche plus de celui de la poussière que de la saveur d'un plat. De plus, je n'ai pas reçu de coups, mes habits sont en états, bien qu'un peu crades. En conclusion, j'ai l'air bien traité."

Cette dernière pensée rassurante se logea dans sa tête et subitement, il se sentit allégé de tous les problèmes, soucis ou autres. Il lui semblait voler sur un doux nuage, seul au milieu du ciel.

Dommage qu'il faille retourner sur terre : le grincement métallique d'une porte le sortit de son cocon pour le ramener vers une réalité moins... douce. Un homme pénétra dans la pièce et se positionna juste devant sa cage, les mains derrière le dos. Il ne semblait pas trop âgé mais possédait tout de même une grande barbe brune assez longue se finissant en pointe bien que quelques poils blancs faisaient leur apparition contrastant dans ce décor taillé avec soin. Ses yeux étaient bruns, comme ses cheveux, coupés relativement courts et il avait la peau claire. Peut-être qu'il ne s'était jamais allongé sur une plage au soleil, se dit Peter.

- F01, bienvenue dans notre centre de formation, dit-il d'une voix grave imposante, nous avons accepté la demande de vos parents de venir recevoir un apprentissage, disons "spécialisé". Avez-vous des questions ? Vous avez le droit à une seule question, c'est le règlement.

Des questions, bien sûr qu'il en avait : que faisait-il dans une cage ? Ou était-il ?...

Réfléchit se dit-il, quelle question paraissait la plus importante...

-Qui suis-je ? demanda simplement Peter.

Son interlocuteur sourit, dévoilant des dents blanches.

-Très bonne question, répondit l'homme en grattant son épaisse barbe, une simple et courte question qui suffit à répondre à beaucoup d'autres. Je peux te dire que ton nom ici est F01, continua-t-il, que tu es un jeune homme avec de grandes capacités. Mais la plus grande partie de la réponse, c'est à toi de le découvrir.

Sur ces mots, la cage s'ouvrit sans un bruit, sans que l'homme ne fasse un mouvement.

-Comment avez-vous fait cela ? s'exclama Peter, déconcerté.

-Une seule question, c'est la règle.

Sur ces mots, le barbu repartit tranquillement de la salle, toujours les mains derrière le dos. Peter fut encore plus déconcerté, toujours dans sa cage, regarda autour de lui. Son cerveau mit finalement la mystérieuse ouverture sur le compte d'un tour de passe-passe qui avait sans doute l'effet escompté sur le jeune homme. Puis il sortit de la cage. Quand il se leva, il sentit tous ses muscles et ses articulations s'étirer dans quelques grincements et craquements. Malgré cela, ils restèrent douloureux, souvenir de sa prison trop petite.

Il ne portait pas de chaussures, le sol était froid et sableux sous ces pieds. Il put lever la tête, libérer du toit ferreux de la cage pour découvrir seulement des ténèbres. Les murs s'élevaient tellement haut et l'éclairage était tellement faible qu'on ne distinguer pas le plafond. Cet endroit faisait penser à une grotte malgré la présence de portes et de constructions humaines. Ne voyant personne arriver, il s'avança vers une porte sur laquelle se trouvait un panneau en pierre. Il était gravé, mais Peter ne réussi pas à lire ces symboles, inconnus de lui. Il tourna la poignée mais la porte refusa de s'ouvrir, elle était verrouillée. Il alla donc à la deuxième porte, même chose et toujours un panneau de pierre gravé d'une langue inconnue. Enfin, il arriva devant la troisième et dernière porte. Comme les autres portes, il y avait un panneau en pierre mais Peter réussi à lire celui-ci :

De l'eau, de la glace, telle est ton épreuve,

Toujours de l'eau, et encore de la glace,

La véritable question est : que feras-tu ?

J.F

De plus en plus étrange tout ça, mais bon, tant qu'il n'était pas dans une école d'apprentissage à la poésie, ça lui allait. Il ouvrit donc la porte, seule option qui lui semblait rester et resta immobile. Devant lui, de l'eau, beaucoup d'eau, comme un océan, mais pas un océan chaud dans lequel on souhaitait se baigner, non, celui-là était rempli d'icebergs.

Au loin, Peter distingua une portion de banquise se terminant dans une ombre noire. La porte se ferma d'un coup et il sursauta, ce qui faillit lui valoir un plongeon glaciale. Il tenta d'ouvrir la porte, mais celle s'y était verrouillé, aucun moyen de sortir. Aucune sortie, mais alors que Peter pensait que c'était fini, un sentier en terre, pas plus large qu'une piste cyclable, apparu en plein milieu, traçant une grande ligne droite. Il commençait à en avoir marre de tous ces tours de passe-passe, et sans même réfléchir, il emprunta le chemin. Il marcha, marcha puis arriva devant une porte en bois similaire à celle de l'entrée. Il l'ouvrit, puis continua de marcher, encore marcher. Il ouvrit encore une porte pareille à la précédente, puis il continua de marcher, toujours marcher. Enfin, il ouvrit une autre porte et devinez quoi, elle était comme la première, la deuxième... Il essaya donc de faire marche arrière mais la porte était fermée. Peter s'assit donc, puis cogita. Il tournait en rond, ceci ne fut pas long à venir à l'esprit du jeune homme. La vrai question, c'était, comment pouvait-il en finir avec ce que ce J.F appelait une épreuve. Puis il regarda à droite, et revit le même morceau de banquise. Il se leva doucement, son pouls accéléra, il refit le calcul rapidement dans sa tête, impossible de nager jusqu'à la bande de glace, il mourrait congelé ou noyer, pourtant quelque chose l'incitait à faire ça. Il plongea.

L'eau était plus que glacial, elle imprégna en un instant chacun de ses membres, de ses muscles, de ses os. Ce froid humide commença par s'attaquer tendrement à ses extrémités. Il sentit que le bout de ses doigts et ses orteils ne répondaient plus. Il faut nageait s'ordonna-t-il en battant des bras et des jambes. La maigre chaleur que le mouvement lui procurait était écrasée par le froid qui gagnait sans cesse les muscles. Ces mouvements se faisaient de plus en plus lents, sa tête refusait toute réflexion tandis que ces paupières devenaient atrocement lourdes. Il nageait encore, mais à peine, ses muscles se paralysés un par un, mais il continua de nager. Le rivage de glace se rapprochait petit à petit, mais il n'allait pas assez vite. Le sommeil se faisait ressentir, Peter était épuisé. Soudain, ses membres s'arrêtèrent de nager. Le corps de Peter était gelé et paralysé.

Le jeune homme sombra dans l'eau ténébreuse.

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