⚜️ Chapitre 17 ⚜️

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S'il suffisait de tendre la main comme on tend l'oreille.

Eugène Guillevic

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Je venais tout juste de franchir le seuil de l'appartement, le cœur lourd et l'esprit tourmenté.

Le bruit de l'eau qui s'écoulait de la douche dans la chambre de Jess résonnait comme un écho lointain, presque apaisant, mais il ne parvenait pas à atténuer la tempête qui faisait rage en moi. J'avais réussi à pénétrer dans l'hôpital en toute discrétion pour passer une petite heure avec Nino.

Je me dirigeai vers la cuisine, la tête encore pleine d'images. Je me servis un verre d'eau fraîche et je bus le contenu d'une traite. Mon regard était vide, comme si je contemplais un monde qui m'était devenu étranger.

La colère, sourde et insidieuse, ne voulait pas se dissiper, alimentée par les événements récents qui m'avaient laissé dévasté.
Sans même que je puisse l'anticiper, ma main heurta violemment le verre, qui s'écrasa contre le mur dans un fracas assourdissant, projetant des éclats de verre partout, comme si le chaos de ma vie venait de se matérialiser dans cette explosion de cristaux.

— Fais chier, putain !

Mes coudes s'appuyèrent sur l'îlot central, alors que je passai frénétiquement mes mains sur mon visage et mes cheveux, cherchant désespérément à trouver un peu de clarté dans ce brouillard émotionnel.

Chaque geste était une lutte, un combat contre les démons qui semblaient vouloir me submerger. Dans cette solitude, je me sentais à la fois perdu et en colère, pris au piège d'une réalité qui me dépassait.

La perspective de la venue de Jess dans la cuisine me frappa. Je devais ramasser les éclats de verre éparpillés sur le sol avant qu'il n'entre. Avec un soupir résigné, je me suis accroupie, mes doigts effleurant les débris tranchants.

— Tout va bien ?

En me retournant, je vis Jess, ses cheveux encore dégoulinants d'eau, en train d'enfiler son t-shirt. Je me remis à la tâche, feignant une concentration intense pour masquer la tempête qui faisait rage sur mon visage.

— Oui, j'ai fait tomber un verre.

— Ce n'est pas grave, ce n'est rien, me rassura-t-il avec douceur.

— Je voulais te remercier pour... pour l'opération, dis-je, ma voix hésitante trahissant mon embarras.

— Ça s'est bien passé d'ailleurs ? Tu n'as pas répondu à mon message.

À cet instant, mes gestes s'arrêtèrent net, comme si le temps s'était figé. Mon esprit, malgré mes efforts pour le détourner, replongea dans les souvenirs douloureux de la crise de Nino.

Les images déferlèrent, vives et troublantes, me rappelant l'angoisse et l'impuissance que j'avais ressenties, me laissant dans un état de vulnérabilité que je n'étais pas sûr de pouvoir partager avec Jess.

Alors j'ai menti.

Comme depuis le début...

— Oui très bien, dis-je avec un léger sourire faux, les yeux embués. Je vais aller prendre une douche.

Lorsque je me suis approché de la poubelle, sa main ferme s'est soudainement refermée autour de mon poignet. Je me suis retourné, et j'ai plongé mes yeux dans les siens.

|TOME 1| Thaïs : Adoptée par la rue. |EN RÉÉCRITURE|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant