Il est une heure quarante-deux et je ne peux pas arrêter de penser à toi.
Un souffle, un instant, un moment, un regard, cinq secondes, c'est tout ce qu'il a pris pour que tu changes tout.
Il est une heure quarante-trois et je ne peux pas m'empêcher d'avoir des images de ton sourire en boucle dans ma tête.
Qu'est-ce que je serais devenu sans toi?...Putain.
C'était en plein mois de juillet 2014, je traînais avec mes gars comme d'habitude. On était posé sur des bancs en pleine ville à regarder fille après fille, à la recherche d'une nouvelle conquête pour pouvoir ensuite en parler entre nous.
Jusqu'ici,en pleine chaleur d'été, j'avais toujours été comme ça avec les filles. Je crois que j'avais juste pas envie de me caser et surtout, de ne pas finir comme mes parents, divorcés.
Mais ça va, je n'étais pas le plus pire, j'étais direct, j'étais le Don Juan honnête quoi.
Le truc ce que je savais pas que le 17 juillet 2014 à 15 h 46 allait être la dernière fois que j'allais checker ceux que je considérais comme mes propres frères. Le truc ce que je savais pas que ça allait être la dernière fois que j'allais faire mes conneries avec eux.
À 16 h, je voulais aller m'acheter des clopes, mais dans le chemin, certains diront que c'était une tragédie, mais moi je dis que ca a été une bénédiction... une auto m'a foncé dedans.
Résultat : J'étais en fauteuil roulant jusqu'à un temps indéterminé.
Résultat 2 : J'étais h24 à l'hôpital.
Résultat 3 : Aucun de ceux que je considérais mes frères n'est venu me voir.
Résultat 4 : J'avais la haine.
J'étais toujours en observation, les médecins essayaient leurs trucs et les infirmières en avaient marre de mon attitude.
Je partageais ma chambre avec un autre mec à qui je ne parlais pas. J'avais toujours le regard perché sur la fenêtre en train de penser à ce que j'aurais pu faire à la place de me dire qu'au moins j'étais en vie.
Un jour alors que j'étais complètement à l'ouest en train de fixer la fenêtre, j'ai entendu la voix fine et douce d'une fille. Elle était en train d'essayer de rapper. Le problème ce que je ne voyais pas c'était qui parce que les médecins avaient placé un rideau blanc entre nos lits.
–Si le monde est a moi, le monde est a nous, Scarface, les autres en face sont jaloux, pas d'fraiche, t'es pas bonne si t'as pas d'fesses t'as wallouh, mon petit cœur tombe en panne sèche c'est relou, mais en dehors ca, au d'là du fait que tu es bonne je veux le coffre fort de ton cœur je veux tous les codes entrer dans ton cerveau, sans effraction, te faire aimer mauvais garçon.
Elle avait la voix probablement la plus douce au monde, mais elle rappait du Booba. Je voyais son ombre danser, elle dansait comme une poule.
Je n'ai pas pu m'empêcher de rire comme un malade.
Je crois qu'elle a fini par m'entendre et elle s'est automatiquement arrêtée.
–N'arrête pas hein, dis-je.
Elle a doucement poussé le rideau blanc et j'ai vu cette fille aussi mignonne qu'une poupée.
Putain, j'étais déjà sous l'effet de sa sorcellerie.
–Euhh, je suis désolé, j'attendais mon frère et je ne pensais pas qu'il y avait quelqu'un, m'a-t-elle dit.
Elle avait l'air d'être le genre de fille gaffeuse et je n'ai pas pu m'empêcher de sourire, moi qui ne souriais pas depuis des semaines.
- Ton nom c'est quoi? lui ai-je dit.
–Celia et toi?
–Anis.
Elle a commencé à sourire et m'a alors demandé qu'est que je faisais à l'hôpital et s'est instantanément excusé de sa question. Mais bizarrement, je lui ai dit le pourquoi du comment et je ne me suis pas senti comme un handicapé devant elle.
Chaque 3 jours, qu'elle venait voir son frère et dès qu'il s'endormait, elle me parlait.Le jour que je redoutais le plus était enfin arrivé, je suis tombé amoureux d'une fille. En plus d'être innocente, elle était probablement une des personnes les plus gentilles et douces que j'ai connues dans ma vie.
Elle m'a donné le courage de me relever, je ne sais pas comment elle a fait. J'ai fini par marcher un an plus tard et trois ans après ce grand exploit dans ma vie, je me suis baissé devant elle pour lui demander sa main.
Je m'appelle Anis et tu peux rencontrer quelqu'un demain qui aura des meilleures intentions envers toi que quelqu'un qui t'a toujours connu. Le temps ne veut rien, mais le caractère oui.