À la folie 1 Émotions (Terminée)

Chapitre 1.1

     

            Quelques rayons de soleil réchauffent lentement l'air en ce milieu de mois de mai, le ciel est teinté de ma couleur préférée, j'ai même déjà retiré ma petite veste en jean dans la petite camionnette. Il fait si beau ce matin ça me donnerait presque envie de chantonner. Enfin si j'étais sûre que personne n'entende ma voix, que je peux qualifier de « casserole », il n'y a pas d'autres mots et je l'assume. Enfin de toute façon, je ne peux pas la changer, je fais avec, je devrais plutôt dire. Une légère brise agréable fait voler mes cheveux, si toutes les journées pouvaient être comme celle-ci. Quoique je ne sois pas contre une dizaine de degrés en plus en y réfléchissant bien.

Je dois déposer des fleurs au cimetière cet après-midi ensuite repos jusqu'à mardi matin. De magnifiques bouquets et des couronnes plus jolies les unes que les autres. Certaines personnes continuent à fleurir les tombes de leurs proches même lorsqu'ils sont loin, c'est touchant. C'est tellement triste au contraire de voir certaines​ tombes complètements abandonnées, je ne peux pas m'arrêter devant chacune d'elles sinon je finirais complètement déprimée.

Une journée de repos qui devient une journée de travail, mais je ne peux rien refuser à Annie, je lui dois bien ! Sans elle, je ne serais peut-être plus ici. J'aurais certainement dû quitter Londres pour repartir vivre dans mon petit village au fin fond de la France.

Je me gare tant bien que mal avec toutes ces voitures présentes. Une cérémonie doit se dérouler en ce moment même, je peux distinguer un groupe de personnes vêtues de noir. Elles me tournent le dos, ce qui m'arrange je n'aime pas vraiment ce genre de situation, comme tout le monde, je suppose. Je suis une personne plutôt bavarde et maladroite, alors j'aimerais éviter d'avoir à adresser la parole à une personne en deuil, je ne sais jamais ce que je pourrais dire sans réfléchir, quand je stress soit je deviens muette soit ma bouche se met à débiner des mots les uns à la suite des autres sans forcément de lien ni de sens. Je crois que parfois mon corps tout entier se ligue contre moi pour me faire vivre des moments gênants parfois mêmes très embarrassants.

J'ai revêtue une joli robe bustier, une de mes robes préférées, noire simple et sobre avec des ballerines​ légèrement compensées pour élancer ma silhouette et paraître plus grande, sur les épaules un boléro noir. Quand Annie m'a demandé de livrer ces fleurs au cimetière, j'ai préféré mettre une tenue sobre, pour passer inaperçue, et par marque de respect pour les personnes que j'allais croiser, je ne suis pas adepte des couleurs trop criardes, mais le noir est de rigueur et puis ça amincit.

Je m'empare d'un magnifique bouquet de lys blancs et décide de me rapprocher discrètement de la cérémonie sans faire de bruit afin de ne pas perturber les hommages qui sont rendus à la défunte. La tombe de Madame JONES ne se trouve pas très loin de la cérémonie, forcément, d'après ce que Annie m'a dit son mari lui emmène des lys toutes​ les semaines et lorsqu'il n'est pas là, ma patronne s'en occupe, j'ai dû venir une fois avant. J'imagine l'amour qu'il devait porter à son épouse. La vie est parfois si injuste, j'essaie de penser à autre chose, je ne supporte pas de savoir les gens autour de moi tristes, que je les connaisse ou pas.

À moins de dix mètres de celle-ci, je sens quelque chose d'étrange dans mon dos, comme si ma robe ne me tenait plus, je me sens soudain un peu trop libre. Je serre les fleurs contre moi, mais trop tard ma robe à commencer à glisser.

Je fais quoi maintenant ? Ces fleurs contre moi cachent tout juste mon soutien-gorge et dévoilent ma poitrine généreuse.

Mon seul réflexe n'est pas le plus logique, fermer les yeux !

                                        Quelle conne !

  Comme si j'allais me réveiller d'un rêve, ou, je ne sais pas, me téléporter dans mon appartement ?