A Piece Of Heaven In Hell

16.

                    

Donghae

Mes yeux s'ouvraient difficilement dans le noir de la chambre : j'étais encore épuisé. Un peu désorienté, je m'apprêtais à me réfugier sur le torse de Hyukjae pour me rendormir. 

- Hyuk ?

Les sourcils froncés et les paupières encore à demi-closes, je me suis rendu compte que j'étais seul dans le lit. Le cœur battant, je sentais la panique monter en moi. Il aurait très bien pu s'être levé pour aller boire ou faire Dieu sait quoi d'autre avant de revenir se coucher. 

Il aurait pu, mais je sentais au fond de moi que ce n'était pas le cas. 

Les yeux désormais bien ouverts, je me suis couvert d'un sweat, le sien, qui était accroché au porte manteau mural de ma chambre. M'emparant du col de la veste entre mes doigts, j'y ai respiré son odeur avant d'entrer dans le salon. Mes dents mordillaient violemment ma lèvre inférieure tandis que j'osais à peine faire quelques pas. Paralysé pendant quelques secondes, j'ai fait le tour de la pièce du regard avant que mes yeux ne se posent sur le bar de la cuisine, éclairé par les faibles lumières de la nuit au dehors.

Ses clés, une feuille de papier. 

J'oscillais entre me laisser m'écrouler à même le sol ou prendre mon courage à deux mains et marcher jusqu'à ce bout de papier qui semblait m'attendre. Le pas hésitant, j'ai fini par me traîner jusqu'à la cuisine en respirant difficilement. Il fallait que je m'asseye, que je me soutienne à quelque chose. Je faisais reculer bruyamment un des tabourets pour y grimper et me décidait enfin à attraper cette lettre entre mes doigts afin d'y lire les mots suivants, ces mots que je relirais sans cesse et qui hanteraient mon esprit telle une horrible litanie ; 

« Hae...

Je n'arrive pas à croire que je suis en train de faire ça. Tu le sais que je t'aime, n'est-ce pas ? Bien sûr que tu le sais.

Tu ne lis pas cette lettre parce que je ne suis plus amoureux, tu la lis au contraire parce que je t'aime bien trop pour laisser arriver ce qui va forcément suivre, ce qui allait se produire si je ne faisais rien.

Aucun des mots, aucune phrase ne pourrait décrire à quel point mon cœur me fait souffrir au moment où j'écris cette lettre. Le seul fait de t'imaginer en train de la lire, d'imaginer ma vie une fois que j'aurais terminé d'écrire me donne l'impression de mourir de l'intérieur.

Quand tu m'as rencontré, j'étais dans un état pitoyable. Un zombie, un homme sans âme au cœur complètement détruit. Et il a suffit de ton sourire, de ta présence. Il a suffit de ton amour pour que je me sente revivre.

Même après m'avoir vu dans les pires états, après avoir eu connaissance des horribles erreurs que j'ai pu faire, jamais cette lueur dans tes yeux n'a changée. Cette magnifique petite flamme qui à elle seule suffisait à apaiser tous mes doutes, toutes mes peurs et mes angoisses.

Ce regard que tu portais sur moi était unique, jamais personne ne m'avait regardé d'une telle façon. Jamais personne ne m'avait jamais vraiment regardé avant toi. Et c'est pour cette raison que je voulais en valoir la peine, que je voulais mériter ton amour, tes yeux posés sur moi.

Tu as fait de chaque jour de ma vie un rayon de soleil, tu m'as appris que l'amour ne rimait pas seulement qu'avec de la souffrance, des cris et des larmes. Tu m'as appris à quel point il était bon de partager sa vie avec quelqu'un.

Dieu que j'ai aimé partagé la mienne avec toi. Tu m'as offert le plus beau cadeau du monde Donghae ; tu m'as offert ton amour.

Chacun de tes sourires, chacun de tes baisers, tes regards tour à tour amoureux, remplis de désir ou fatigués, taquins ou sérieux, chaque trait de ton visage et dessin de ton corps resteront à jamais les seules images que je verrais chaque fois que mes yeux se fermeront. La seule voix que je désire entendre n'est que la tienne au creux de mon oreille lorsque tu me murmures que tu m'aimes avant de t'endormir. Si tu avais seulement idée d'à quel point ce ridicule détail avait pu faire fondre mon être dans son entièreté la plus complète.