A Piece Of Heaven In Hell

5.

Mes yeux ne parvenaient pas à décrocher de l'écran du téléphone qui, d'ailleurs, vibrait inlassablement entre mes doigts. J'étais paralysé, je ne savais pas ce que j'étais sensé faire.

- Réponds lui.

- Quoi ?

J'en étais venu à oublier jusqu'à la présence de Hyukjae, comble du comble. Comme si j'étais capable de ne pas m'apercevoir de la proximité qu'on avait à présent... A ce moment précis, j'en étais d'ailleurs plus conscient que jamais.

- Hae, si tu ne lui réponds pas tu vas te torturer pendant des heures et des heures pour savoir pourquoi il a tenté de te joindre. Réponds lui.

- On s'est connus dans une vie antérieure non ? Ai-je ironisé avant de me décider à répondre d'un doigt tremblant.

J'ai collé le portable à mon oreille, silencieux. J'attendais qu'il raccroche, ou me dise simplement qu'il s'était trompé de numéro et qu'il disparaisse à nouveau de ma vie. Évidemment, c'était un rêve bien trop beau pour être vrai qui s'est achevé bien rapidement.

- Donghae.

- Qu'est-ce que tu veux ?

- Te parler.

- Je t'écoute, alors grouille toi avant que je ne prenne conscience que je suis en train de te laisser m'adresser la parole.

Il y a eu une petite pause, durant laquelle j'ai décollé le portable de mon oreille pour m'assurer qu'il n'avait pas raccroché.

- J'aimerais voir ta mère.

- Répète ça, pour voir ?

- Tu m'as très bien entendu.

Un long soupir s'est échappé de mes lèvres avant que je ne prenne une grande inspiration, comme pour me donner du courage. Soudain, j'ai senti la main de Hyukjae glisser sur ma cuisse pour remonter jusqu'à mon bras qu'il pressait tendrement. Ça me procurait autant de frissons que de bien, ce qui m'a aidé à reprendre d'une voix, je l'espérais, à peu près assurée.

- Tu ne verras, ni ma mère ni Mina. C'est assez clair ?

- Voyons, Donghae. Ne serait-il pas temps de faire table rase du passé et repartir à zéro ?

- Combien de verres est-ce que tu as bu, dis moi ? Un sacré nombre, vu les conneries que tu es capable de me dire aussi naturellement.

- J'ai toujours ce que je veux, mon garçon. Tu devrais le savoir...

Il avait prononcé ces derniers mots d'un ton lourd de sous-entendus, assez en tous cas pour que je comprenne où il voulait en venir. A cet instant précis, je regrettais de ne pas l'avoir en face de moi et lui faire comprendre à quel point j'étais incapable de « faire table rase du passé ».

- N'essaie pas de t'approcher de Mina. Tu as compris ? Je ne plaisante pas.

- Son tee-shirt bleu, qu'elle portait aujourd'hui. Je l'ai beaucoup aimé, tu pourras lui transmettre le message ?

- Je suis sérieux, Hyun. Tu ne t'approches pas d'elle, ai-je répété en détachant chaque syllabe, serrant les dents pour tenter de rester calme. Ni de ma mère. Pourquoi tu tiens tant à réapparaître dans leurs vies ?

- J'estime y avoir ma place, a t-il simplement répondu, comme si ce fait coulait de source.

- Le seul endroit où tu as ta place, c'est dans une prison entourée de sales types qui, avec un peu de chance, te tortureraient au moins autant que tu as torturé ma famille. Ou bien dans un cimetière, en ce qui me concerne les deux me vont.