A Piece Of Heaven In Hell

17.

                    

Donghae

Deux mois. Voilà combien de temps s'était écoulé depuis ma rupture avec Hyukjae. 

Fondamentalement, rien n'avait évolué. Yesung et Aria alternaient leurs visites à la maison, ça avait un goût de garde partagée dysfonctionnelle. Évidemment que je n'avais pas eu mon mot à dire lorsque je me suis aperçu qu'ils s'étaient arrangés pour que je ne me retrouve absolument jamais seul. 

Si je devais choisir un point positif parmi toute cette merde, ce serait certainement que j'avais réussi à développer un talent d'acteur plutôt remarquable. J'arrivais même à avoir de longues conversations avec Keita et Mina sans que jamais ils ne s'aperçoivent de rien. 

De service au bar ce soir là, j'étais occupé à chercher les dosettes de café quand j'ai entendu une voix s'adresser à moi ; 

- Le serveur est un peu distrait ce soir, non ?

Je connaissais cette voix. Mais ça ne pouvait pas être lui, c'était impossible. Accroupi au sol, j'ai enfin fini par abandonner ma recherche avant de me redresser pour me convaincre que cette voix ne lui appartenait pas. 

Évidemment que ma tête avait cogné contre le bord du comptoir, ça n'aurait pas été drôle autrement. 

- Et toujours aussi maladroit, en plus de ça...

Alors que je tapotais mon crâne à la recherche d'une bosse imaginaire, j'ai fini par admettre que c'était bien lui. Je suis resté planté là comme un imbécile pendant de longues secondes, beaucoup trop sonné par sa présence pour dire quelque chose. 

- Qu'est-ce que...

- Qu'est-ce que je fais ici ? Hae, tu croyais pouvoir me mentir encore combien de temps ?

Keita affichait un sourire taquin, un air désinvolte. Comme s'il n'était jamais parti, comme s'il s'était toujours tenu derrière ce bar. 

- Et Mina ?

- Elle est restée en Italie. Avec un de mes meilleurs amis, elle est entre de bonnes mains.

- Tu as bien fait de la laisser là bas. Alors... tu es au courant ?

- Je te l'ai dit, tu ne peux rien me cacher. Je te trouvais assez étrange, sans compter que nous n'avions jamais l'occasion de parler à Hyuk. Alors dans le doute, j'ai passé un coup de téléphone à Yesung à qui je n'ai pas vraiment laissé le loisir de me mentir.

J'ai hoché la tête. Aucun mot, aucun autre geste ne me venait à l'esprit. La seule chose dont j'étais certain, c'était que je voulais voir Hyukjae rentrer à la maison, le sentir me serrer dans ses bras et ne plus jamais ressentir cette douleur. 

Mais les jours passaient, et avec eux la souffrance et la sensation de vide donnaient l'impression d'habiter chaque petite partie de mon être. 

- Je suppose que je vais avoir droit à une leçon de morale ?

- Donghae, j'ai déjà été le genre de frère à tenir des leçons de morale ?

- Non, ai-je admis.

- Bon. Je suis venu parce que je ne veux pas te laisser affronter une autre épreuve sans que tu n'aies mon soutien.

Il faisait référence à ce qui s'était passé avec notre sœur, ça paraissait évident. Je me suis fendu d'un petit sourire triste avant de hausser les épaules.