Kissing Strangers

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14 Juillet 2020

Je tire la langue à mon reflet dans le miroir qui se trouve dans l'entrée de mon petit appartement. Je ne sais pas depuis quand je suis Melly dans ses idées loufoques. Je ne l'ai jamais fait. Matt ne cessait de me dire que ma naïveté allait m'apporter des problèmes un jour ou l'autre et il avait sûrement raison. D'ailleurs, ce soir, ça me fait un peu peur parce que même elle, ne sait pas où on doit se rendre. Elle s'est inscrite sur un site – moyennant une belle somme d'argent – pour recevoir des invitations à des soirées sélect ou à thèmes.

Ce soir, c'est « Bal masqué ». Sérieusement, plus cliché, tu meurs. Je ris nerveusement et remet mon chapeau noir correctement sur ma tête. Je baisse le regard sur mon corps et à peine mon regard s'est posé sur ma jambe que mes épaules s'affaissent. Je soupire. Comment je vais bien pouvoir danser avec cette fichue jambe ? C'est ridicule. Je suis ridicule. Je n'ai plus rien à faire dans ce genre de fête à présent. Ma vie a évolué. Elle a changé. Elle s'est fait piétiner. Elle est morte...

« Allez mon beau ! On y va ! » S'exclame Melly en sortant de ma salle de bain.

Je déglutis. Je n'ai plus aucune envie d'y aller. Mais ai-je eu envie à un moment donné ? J'en doute. Je passe une main sur mon visage pour m'empêcher de pleurer.

« Je t'interdis. » me crie-t-elle presque en s'interposant entre moi et mon reflet. « Tu es normal. Tu es beau. Tu es intelligent. Tu es drôle. Tu vas tous les faire craquer. »

Cela doit faire la centième fois, au moins, que Melly me répète ces phrases qui sont devenues presque comme un mantra. Mais je ne suis pas tout ça. Je l'ai été, peut-être. Dans une autre vie, une autre dimension, un autre monde. Je soupire et elle pose ses mains sur mes joues pour que je la regarde dans les yeux.

« Tu peux marcher ? »

Sa question me laisse dubitatif parce qu'elle connait déjà la réponse. De plus, je ne vois pas le rapport.

« Peux-tu marcher ? » insiste-t-elle, voyant que je ne lui réponds pas.

« Oui mais je boîte... » Je souffle.

« Tu peux mettre un pied devant l'autre ? »

Je lève les yeux au ciel. Si on jouait sur les mots à présent...

« Oui... »

« Alors viens pas me faire chier, ok ? »

Je ricane parce que je reconnais bien là, ma meilleure amie. Elle relâche mon visage et se tourne vers le miroir pour vérifier encore une fois son maquillage et sa coiffure. Elle a ramené sa tignasse brune et bouclée en une sorte de chignon désordonné. Je la connais, ce n'était pas ce qu'elle avait prévu mais ses cheveux sont tellement indisciplinés qu'elle n'a pas pu faire mieux que ce truc informe sur le haut de son crâne.

Elle passe délicatement un doigt sous chacun de ses yeux pour retirer le peu de noir qui a pu couler. Elle me fait un sourire par l'intermédiaire du miroir face à nous. Elle est belle, vraiment belle avec sa peau chocolat, ses grands yeux noirs, sa bouche pulpeuse, son petit nez où elle a mis un piercing depuis peu. Parfois, quand je l'admire, quand elle prend soin de moi ou quand elle s'endort dans mes bras le soir devant un film, je regrette amèrement d'être gay. Les choses auraient été tellement plus simples pour nous, pour moi parce que même si elle peut être brut de décoffrage, je sais que Melly ne voit pas mon handicap, qu'elle m'aime au-delà de ça.

« Je crois qu'on va bien s'amuser ! » déclare-t-elle en se dirigeant vers la table basse de mon minuscule salon.

Moi, j'en profite pour remettre correctement ma jambe de pantalon, tout en grimaçant.

« Arrête de faire toujours ça ! » me sermonne-t-elle en revenant vers moi.

Elle me tend le masque qu'elle m'a acheté dans je ne sais quel magasin, en même temps que le sien. Il est noir et doré. Je le tourne entre mes mains. Elle me l'a déjà montré un peu plus tôt mais je n'arrive pas à me faire à ce loup.

« C'était obligé la plume ? »

Elle se tourne vers moi. Elle a déjà enfilé son propre masque, un blanc et rouge qui est assorti à son bustier et sa jupe courte. Cela met tellement en valeur sa peau foncée que j'aurais presque envie de laisser mes doigts courir dessus.

« J'y peux rien. C'était les consignes. » M'affirme-t-elle en haussant les épaules nues.

« Les consignes ? Quelles consignes ? » Je demande en positionnant mon loup sur mon visage pour m'observer dans le miroir.

« De la soirée, bien sûr ! »

« Et les consignes disent quoi ? » je poursuis en baissant mon loup.

« Toute personne intéressée par celles du même sexe devront porter une plume sur leur masque. » récite-t-elle.

« Donc les gays doivent ressembler à de grandes folles avec leur plume ? »

« Tout de suite les grands mots ! » marmonne Melly en enfilant ses talons. « C'est très bien les plumes ! Tu vas être magnifique. »

« Je vais être ridicule surtout ! » je souffle. « Quel est l'intérêt d'annoncer comme ça son orientation ? »

« Tu m'agaces. »

Melly n'est pas une personne patiente en règle générale et avec moi encore moins. Je secoue la tête de droite à gauche, un sourire aux lèvres.

« C'est une soirée libertine en fait ? » je la taquine.

« Merde, Luke ! C'est juste une plume. Tu n'as qu'à l'enlever, je m'en fous. »

Je jette un coup d'œil à mon masque et retire difficilement la plume que je mets dans la poche de veste de costume.

« Tu es irrécupérable. » m'assène-t-elle en passant devant moi. « Comment veux-tu que les mecs viennent vers toi ce soir si tu es constamment avec moi et sans plume ? » m'interroge-t-elle.

« Je m'en sors très bien aux autres soirées et je n'ai jamais de plume. »

« Tu trouves qu'être célibataire depuis cinq ans, c'est synonyme de bien s'en sortir aux soirées ? »

Elle ouvre la porte mais au lieu de sortir, elle se tourne vers moi. Elle a son visage sérieux. Trop sérieux pour Melly.

« Je t'aime, Luke. Quoique tu dises, quoi que tu fasses mais tu fais une erreur. On a tous besoin de quelqu'un à nos côtés. »

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Hey ! Tout d'abord merci d'avoir lu ce premier chapitre. J'espère qu'il vous aura plu.
Je me suis lancée, la semaine dernière, tête la première dans une nouvelle aventure. J'étais bloquée sur "for him." et vu que j'avais envie d'écrire, je me suis dit "écris ce qui te passe par la tête". C'est comme ça que "Kissing Strangers" est née. Puis je voulais surtout me lancer un défi... faire court ! J'ai tendance à écrire des longs chapitres, des longues histoires. Il était temps que j'essaie autre chose. Je peux déjà vous dire que KS ne fera que 6 petits chapitres.
Dans les cas, j'espère que ça vous plaira autant que ça m'a plu de l'écrire.
A très vite 😉