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Ce matin, je m'étais préparé, un peu trop en vitesse. Évidemment, j'avais passé plusieurs minutes devant la glace afin de me coiffer, mais j'avais oublié de prendre une veste à capuche. Et j'étais parti seulement avec mon sweat gris. Super.

J'avais deux solutions pour sauver ma coupe devant cette pluie : soit mettre mon sac au-dessus de ma tête, soit m'abriter et attendre. Au bout de quelques secondes, le choix fut vite fait ; j'allais m'abriter sous mon sac.

Impossible d'arriver en retard encore une fois, mon professeur m'avait bien prévenu. « Tu arrives encore une seule fois en retard à mon cours, je te colle jusqu'à la fin de l'année. » Ce professeur étant connu pour sa patience légendaire, je n'avais pas cherché à le provoquer et j'avais acquiescé en allant m'asseoir. Et cela faisait déjà 5 semaines que le mardi, je me dépêchais pour arriver à l'heure.

Je devais paraître pour un con avec mon sac au-dessus de ma tête. Mais je devais bien protéger ma coupe... Quoique. Qu'est-ce qui comptait le plus ? L'image presque parfaite et attirante que je me forçais d'entretenir au lycée avec tous les élèves ou l'image que ma voisine avait de moi ?

Cette fille avait complètement l'air de se foutre de tout. Au début, elle m'avait vraiment fait bonne impression, alors j'avais décidé d'aller lui parler. Mais le regard noir qu'elle avait posé sur ma personne m'avait fortement découragé. Maintenant, je ne connaissais même pas son prénom, alors que j'avais voulu faire plus ample connaissance avec elle.

Bien. Tout ça pour dire : gardons notre sac au-dessus de notre tête et balec' de ce qu'en pense l'autre.

Oui, je devrais la respecter, d'autant plus que je ne la connais pas. Mais je ne faisais pas partie de ces gamins modèles élevés dans un respect le plus total. Oui, je manquais souvent de respect aux gens, et oui, je m'en foutais, mais jamais je ne dépassais les limites. Tout comme avec mon professeur. J'avais fini par le respecter. Avant de dépasser les limites.

Mes parents n'étaient pas fiers de ma personne, et ils me le reprochaient beaucoup. Souvent. Peut-être trop souvent. Entre les privations de sorties, de téléphone, de dîners... dur dur d'entretenir mon image de gars populaire.

Oui, j'y tenais beaucoup, à mon image. Énormément. Ça pourrait paraître con, ça... mais bordel, ça faisait des années que je me forçais à être comme eux. J'avais eu quelques problèmes avec ma réputation et mon image au collège. J'avais ensuite déménagé et j'en avais profité pour tout recommencer. Ça m'avait fait un bien fou.

Malgré ça, quelqu'un avait forcément dû me suivre. Et oui. Cette fille, blonde, mince, petite, timide. Riche. Très riche. Son père avait été muté. Au même endroit que le mien. Au même moment. Coïncidence, quand tu nous tiens... Mais heureusement, en gentille petite timide qu'elle était, elle n'avait rien dit. Gentille fille.

Et c'est exactement à ce moment que sa grosse voiture noire débarqua. Son père au volant. Voiture. Route. Pluie. Flaque. Merde.

jour de pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant