Maudite soit la pluie. Je n'avais pas pour habitude de jurer, mais là...
Ce matin, c'est décidé, je ne passerai pas au même endroit que d'habitude pour aller travailler. Marre de recevoir des photos de moi marchant par cet inconnu qui me stalkait.
J'avais bloqué son numéro, ses comptes sur les réseaux. Pourtant, il avait eu un nouveau numéro. De nouveaux comptes. J'avais prévu d'en parler à la police dans la soirée, ça faisait maintenant cinq jours que je recevais ces photos de ma personne marchant. Juste des photos. Mais ça n'en faisait pas moins peur.
Je n'avais pas eu l'impression d'embêter quelqu'un. De draguer quelqu'un. D'avoir bloqué quelqu'un. D'ailleurs, je n'avais jamais donné mon numéro sur les réseaux. Comment avait-il trouvé ? Personne ne le savait. Enfin, je ne le savais pas.
J'avais eu trop peur de regarder une solution sur internet chez moi, de peur qu'il trace mes recherches. Et je n'avais pas le temps de regarder au travail. La police me semblait être la meilleure solution.
Mes bottines, mon parapluie, mon manteau noir. J'étais prête.
Aujourd'hui, je passai par le parc. Il n'y avait personne à cette heure-là. Oh. Si. Un homme, seul, assis sur banc, sous la pluie. Il fixait ses mains. Ne réalisait-il pas que les gouttes le trempaient ? Il allait être malade...
Je m'approchai et lui tendis mon parapluie. De toute façon, je l'avais acheté en grande surface, et il n'avait pas coûté très cher. J'irai en acheter un autre bientôt.
Il releva la tête vers moi, semblant réaliser que la pluie tombait. Il accepta mon présent avec un petit sourire, que je lui rendis. Puis je repartis.
Les gouttes trempaient mes cheveux, mon visage, mes habits. Mon manteau fin ne me protégeait à vrai dire ni de la pluie ni du froid. C'était plutôt un accessoire de mode. Peu pratique.
Mon téléphone vibra dans ma poche. Je fis un soupir.
Oh, tiens, quelle surprise. Une photo de moi-même. Que je suis belle...
Second soupir. Il me stalkait depuis mon domicile, alors ? Probablement.
Je relevai la tête, mes yeux parcouraient les environs. Il n'y avait plus personne. À part un grand-père. Il n'avait pas l'air d'être l'homme que je recherchais. Ou la femme, d'ailleurs.