CH18: Echo

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Notre gouvernante ouvre enfin la porte, alors que je suis dans un état second, Brianna avait raison, il faut que je me batte pour obtenir ce que je veux en l'occurence: voir Georges sans avoir ma mère sur le dos ! Je hurle :

- Descends, fais moi face ou tu as peur ? Misérable !

Ma mère descends les escaliers en courant, Dylan et Lauren à ses trousses :

- La ferme ! Comment oses-tu venir ici après tout ce que tu as fait ? Tout ça est de ta faute, elle me pousse contre le mur si violemment que je sens du sang couler de l'arrière de ma tête.

Ni Dylan, ni Lauren ne bougent d'un poil. Je me relève de terre, passe ma main sous mes cheveux et la ramène à ma vue, il y a du sang sur mes doigts, ma mère me donne des coups de pieds dans le ventre alors que je pousse de petits cris:

- Sors, sors, me crie-t-elle incontrôlable.

Je m'exécute, horrifiée par ma propre mère. Je retourne à l'hôpital mais la porte de la chambre de mon père est fermée, une infirmière s'approche de moi :

- Qui êtes-vous ?

- Je suis Zoé sa fille.

- Il nous a demandé de ne pas vous ouvrir.

Je frappe à la porte, plusieurs fois, pleure, crie, hurle, pendant plus d'une heure le personnel de santé suit les inscriptions de mon père qui est un des plus gros donateurs de l'hôpital et me laissent pleurer et hurler. Je tente même de défoncer la porte mais le personnel me retient alors que je me débats sans relâche. Prise de fatigue je finis par m'écrouler par terre, en pleurant de la bave déborde de ma bouche et je l'essuie d'un revers de la main. J'ai les mains sur le ventre tant la douleur mentale s'est transformée en douleur physique, je me sens seule et délaissée, personne ne me parle, personne ne passe dans ce couloir qui est désert, je me sens seule à jamais. Pourquoi fait-il cela ? Pourquoi me laisse-t-il hurler et crier sans rien répondre ? Pourquoi m'ignore-t-il ? Qu'ai-je fait pour mériter tant de mépris ? Est-ce que j'en mérite tant ? Je préférais qu'il ouvre cette porte et qu'il me crache au visage tout plutôt que ce silence, tout plutôt que cette blessure qui s'élargit de minute en minute. Je hurle tant mon ventre me fait mal, me prends la tête entre les mains puis finis par fixer un point droit devant moi, le regard vide et sans expression. Quelques heures plus tard, gagnée par la fatigue, mes yeux se ferment mais ils s'ouvrent très rapidement: impossible de dormir. Je me lève d'un bond, sans un regard derrière moi et me mets à courir avec ma valise vers les bois les plus proches. Pendant ma course je perds une de mes chaussures. Arrivée à destination, j'y hurle en m'en époumoner. Je m'assois par terre, au milieu d'un tas de feuilles et les ravage dans une excès de violence. Une fois que j'en ai fini avec les filles, j'ouvre ma valise très rapidement, en sors mes vêtements, les déchire et les jette par terre en hurlant. Je fixe à nouveau, une feuille par terre et je ne bouge plus alors que mes larmes ne s'arrêtent plus. Je ne sens même plus le froid. Reprenant peu à peu mes esprits après le choc, je me mets à crier mon prénom comme si je me cherchais à travers cette forêt, le vrai moi. Je tourne la tête pour observer mon ombre, comme ma seule amie. Mes larmes s'arrêtent et je les sèche d'un revers de main. C'est déjà l'heure du coucher de soleil, je ne m'étais pas rendue compte du temps passé ici. Je me saisis d'une chemise déchirée, la place sur mes épaules. Je plie mes jambes, les entoure avec mes bras et les ramène vers ma poitrine pour me réchauffer. Je me balance d'avant en arrière comme pour me réconforter. Je ferme les yeux pour essayer de dormir, submergée par la fatigue mais des images de Georges malade prennent le contrôle de mon esprit et je les ouvre aussitôt pour les fuir. Je ne ferme pas l'oeil de toute la nuit, mais commence à ressentir la faim, le froid et j'en suis rassurée: ça veut dire que j'ai encore envie de vivre.

Deux semaines ont passé, je suis toujours dans les bois, je me suis perdue, en voulant retrouver mon chemin et ai débouché dans une autre grande forêt près de Nice je crois. En plus je n'ai plus de réseau et pour couronner plus de la moitié de mes vêtements étaient inutilisables après ma crise et je n'avais plus de nourriture, j'ai dû manger des baies très mauvaises. Je marche au bord d'une falaise surplombant un magnifique fleuve bleu. Je marche, en essayant de ne pas penser à ma situation: me demandant encore comment j'ai fait pour aligner deux pas, et réussir à avoir envie de survivre ces jours-ci. Et si j'étais une battante après tout ? J'ai grelotté dans le froid nichée dans ma chemise déchirée pendant longtemps, des heures peut-être même des jours puis à un moment je me suis levée et je me suis prise en main, je ne sais pas quel a été le déclic mais il s'est juste pro... Je me sens propulsée en avant, fais un bond dans le vide, je pousse un cri et finit par plonger dans l'eau. Je remonte à la surface rapidement et constate que le fleuve est profond, heureusement je sais nager. Je jette un coup d'oeil autour de moi, me rendant compte qu'on m'a probablement poussée or j'entends un rire. Je sors rapidement de l'eau mais dès que mon pied droit foule le sol, je sens une douleur vive me saisir et je m'écroule par terre. Le rire s'arrête et un beau brun aux yeux marrons s'approche de moi:

- Joli coup, j'ai bien visé.

Il semble heureux de son coup mais je suis furieuse !

- Mon pied est bleu, je lance sur la défensive.

- Oui ça s'appelle une entorse ce n'est rien, il me laisse échouée au bord du fleuve et revient quelques minutes plus tard avec une bouteille d'eau froide, qu'il pose sur mon pied alors que je pousse un léger cri.

Je remarque alors sa moto- j'ai horreur des motos !

- Tu m'as bousculé avec ta moto, je l'accuse.

- C'est possible, ceci dit ça t'a pris de prendre un bain, tu sentais mauvais la vieille.

Je frappe sa main:

- Ne me touche pas !

Il lève les mains en l'air tel un voleur:

- Ok d'accord, on se détend. Ce que tu es coincée, je t'ai à peine frôlée.

- C'est déjà beaucoup trop, je réplique franchement en colère.

- Tu devrais te calmer, je t'ai rendue service tu faisais peur à voir avec ta mine de déterrée on aurait dit une vieille de 30 ans.

- Tu viens de dire que je suis vieille et que j'ai 30 ans ? Non mais je rêve ! Je lui balance sa bouteille dans la tête. Et toi tu es...

Evidemment aucune insulte ou aucun défaut ne me vient: il est jeune et superbe avec son teint un peu bronzé.Il est grand et porte un t-shirt et un short noir et blanc. Il me lance un regard qui semble dire "vas y je t'écoute". Je soupire frustrée, décide de l'ignorer et de me relever cependant je retombe sur mes fesses immédiatement après: génial ! Il me tend sa main avec un sourire charmeur, je le fusille du regard mais étant donné que je n'ai pas le choix j'agrippe sa main. Je frisonne au contact de sa main. Ayant très envie de me frapper pour ce manque flagrant de discernement, je me retiens. Il passe mon bras au dessus de ses larges épaules et m'aide à marcher : nous nous dirigeons vers sa moto.

- Tu ne vas pas me faire monter là-dessus j'espère ?

- Si pourquoi ?

- Parce que les motos sont dangereuses.

Il soupire agacé par mon comportement:

- Je pourrais aussi te laisser ici.

Je le défie du regard:

- Tu n'oserais pas,...

Il me fait un sourire mauvais :

- C'est ce qu'on verra...

Sur ce il prend sa moto et me laisse plantée là...

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Hey,

Et oui enfin Shawn ! Que pensez-vous de leur rencontre ? Va-t-il vraiment la laisser là ?

A demain ;)

NocturneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant