Chapitre 2

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Le lendemain, dans le car, je m'assois à côté de Peter. Nous discutons gaiement. Aujourd'hui c'est le premier jour du printemps. Je fais des efforts au lycée. Je parle avec certains de mes camarades et j'écoute les cours. J'y participe même.

Le soir, c'est heureuse que je propose de rentrer à pied. On est Vendredi et on a le week-end pour faire nos devoirs. Ils sont tous d'accord.

Sur le chemin du retour, nous passons par la place du village. Elle est devant l'église gothique de la ville. C'est là que se déroule le marché mais c'est le Samedi matin.

La place est bondée de monde. Nous avons du mal à nous frayer un chemin parmi les enfants qui pleurent, les femmes qui crient et les hommes qui bombardent de question un homme au milieu de la cohue. On ne comprend rien. Rose, Peter et Marjorie continuent d'avancer sans se soucier des gens autour d'eux. Moi, j'essaie de voir l'homme. Je m'arrête.

L'homme qui est au milieu porte un uniforme militaire. Son uniforme est couvert de terre. Ses yeux gris sont cernés. Son visage est cireux et émacié par la fatigue. Sa touffe de cheveux noir est éparpillé et n'ont plus de coupe. Sous sa peau on devine tous ses os. Il est musclé. Une barbe de plusieurs jours a eu le temps de pousser. Il a l'air las de tous ces cris. Son regard croise le mien. Dans son regarde, il y a de la honte et de la colère. J'ignore combien de temps je l'ai regardé mais c'est la voix de Peter qui m'arrache à ma contemplation.

-Lucie, tu viens

Je le regarde :

-Il faut que je parle à cet homme

Il soupire :

-Tout le monde veut lui parler

-Tu ne comprends pas. Que fait un soldat ici si ne n'est pas pour nous donner des informations sur la guerre ?

Il est septique :

-Oui, possible

Je me retourne mais il m'attrape le poignet :

-Je viens avec toi

-D'accord

J'étais ravi que Peter vienne avec moi. Je n'affronterais pas le soldat seul.

On se fraie un chemin dans la foule. Au premier rang, on essaie attirer le regard du soldat mais il ne nous voie pas. Il prend une grande respiration et dit d'une voix pleine d'autorité :

-Mesdames, Messieurs et enfants. Bonjour, je me présente : Je suis le soldat charger de vous informer sur la progression de la guerre, il n'y a plus un bruit, La guerre est fini et les survivant retournerons chez eux. Nous nous sommes rendu compte que cette guerre ne servait à rien et qu'elle était ridicule. En revanche, nous avons tué de nombreuses personnes et détruit de nombreuses familles...

-Comment vous vous êtes aperçu ? crie une femme

Le soldat ferme les yeux :

-Ce sont des enfants qui nous ont ouvert les yeux. Nous avons tué leur père à la guerre et on a bombardé leur village. Dans ce bombardement, on a tué leur mère, tante et grand-mère...

-Que sont devenus les enfants ? coupe un homme

-Ils se sont enfuie, ont traversé la forêt et sont venus vivre ici, dans votre pays.

C'est sur ces phrases que l'homme se retire ignorant les questions, les cris et les insultes de la foule. Nous nous sommes trop surpris pour bouger. Grace à nous la guerre est finie. Ils s'en veulent d'avoir détruit nos familles. Pourtant cela ne les fera pas revenir. Peter me tire doucement. Une larme roule le long de ma joue. Il aura fallu la mort de la moitié de notre village pour leur faire comprendre.

Les Rescapés  2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant