Les Rescapés 2

Chapitre 10

Nous marchons trois jours en nous arrêtant justes pour la nuit. J'évite de penser à Peter pour ne pas pleurer. Je n'ai pas revu le loup non plus. Marjorie à un peu peur de moi depuis que j'ai tué Sophie. Je m'en fiche. Rose et Juliette me réveillent toujours à l'aube pour que je leur raconte des histoires toute la journée. Elle court partout ce qui fait rire Claude. Je sais qu'on est bientôt arrivé. Pourtant j'ai peur de ce qu'on va découvrir en arrivant...

-Lucie, tu viens jouer avec nous ? me supplie Juliette

-Oui, tu viens jouer aux loups ? continue Rose

-Euh...Je n'ai pas très envie

-Allez, disent-elles en cœur

-Ok

Je leur cours après en poussant des grognements terrifiants. J'attrape Juliette et je fais mine de la dévorer. Elle rigole et nous tombons par terre. Rose arrive me donne de petits coups de bâton. J'imite un loup qui gémit. Rose s'arrête puis me regarde. Son regard est très sérieux.

-Est-ce qu'on va aller les chercher ?

-De qui ? je demande perdue

-Ceux qui sont resté au village ?

- Quel village ? je m'étonne

-Les plus jeunes, tu sais dans le village où Arthur a laissé son frère et sa sœur.

-Je ne sais pas

-Mais ceux qui veulent revenir ?

-Ecoute Rose, personne ne veut revenir

-Si nous !

Je soupire :

-Tu ne peux pas comprendre

-Non, c'est toi qui ne comprends pas ! se fâche-t-elle

-Rose, ça suffit maintenant ! je la gronde

-Tu ne comprends rien ! Tu n'as jamais rien compris ! Tu ignores les autres !

-Rose ! dis-je agacé

-Si tu avais compris, jamais Peter ne serait mort ! Tu ne sais que pleurer ! Tu es comme Sophie !

Elle me tourne le dos et disparait d'un pas déterminé dans la forêt suivi par Juliette. Je reste là, immobile. Je ne m'étais encore jamais disputé avec ma sœur. Je ne pensais pas que cela nous arriverait un jour. Peut-être qu'elle a raison ? Peut-être que je suis comme Sophie ? Je lui ressemble, je le sais mais Peter m'avait convaincu maintenant qu'il n'ait plus là, tout s'embrouille. J'évite de penser à lui. Je rejoins les autres comme je m'y attendais, Rose me fais la tête. Nous nous arrêtons et pendant le repas, rien ne vient troubler le silence profond qui c'est abattu sur notre groupe. A la fin du repas, on se remet en marche. Marjorie vient me voir. Je très surprise mais je lui souris.

-Lucie, comment-tu fais ?

Je la regarde interloqué. J'ai dû louper un passage.

-Faire quoi ?

-Perdre tes amis, ta famille, tuer des gens et continuer à avancer ? Pour t'en remettre si vite, te relever, et continuer ton but sans savoir à quel prix tu les as perdus, si ça valait vraiment le coup ?

Comment lui expliquer que c'est ce que je ressens à longueur de journée ?

-Euh...Je ne le fais pas

-Si tu es tellement forte, dit-elle admiratrice

J'explose de rire. Elle me regarde choqué.

-Je suis tout sauf forte.