Kidnappeur masqué

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Les pieds lourds de Miłau tombèrent sur le sol après avoir volé sans aucune grâce au-dessus du lit couvert de gadgets et d'objets électriques. Il sentit le plancher vibrer sous ses pieds chaussés de chaussons bleu ciel. Le polonais souleva son corps du moelleux matelas et s'avança vers la porte de sa chambre pour aller prendre son petit-déjeuner. Les marches craquèrent sous son poids, pourtant léger et sans aucune graisse. Il s'assit à la table et n'adressa pas la parole, ni à sa mère, ni à son père, malgré qu'il les ait croisés en descendant de sa chambre. Hier, ils lui avaient avoués qu'il avait un jumeau : Larry, et qu'il avait 27 ans, il lui avait même montré des photos, ils le voyaient toutes les semaines, à la place d'aller jouer au Bridge. Il se servit en pain et en confiture, et après s'être rempli correctement l'estomac, rejoignit la seule douche de la maison, puis Antoine, le cadet de ses frères, avec sept ans d'écart avec lui. Il prit les clés situées sur le buffet de bois, et sans dire où il allait, claqua violemment la porte en direction du parc Planty entourant la vieille ville de Cracovie, la ville natale de Miłau. Il le vit alors sur un banc, assis, emmitouflé dans une écharpe et un coupe-vent chaud. Malgré la chaleur chaude pour un mois de janvier, il ne faisait tout de même pas plus de 12°C. Il s'approcha de lui et lui dit en le prenant par surprise par l'arrière :

"Bon anniversaire frérot !

Antoine, grand blond encore plus blond que le polonais et aux yeux plus bleus que son aîné leva la tête vers ce dernier en sursautant. Il lui dit :

-Merci Miłau ! Mais bravo à toi pour ton nouvel emploi ! Directeur marketing dans une entreprise de commerce de jeans, la classe ! Mon frère va se balader à la Défense en costard-cravate, pendant que nous, on va pourrir au fond de notre trou paumé...

-Merci sur le fond, mais arrête, je vais vous envoyer de l'argent, et Cracovie est quand même connue, c'est la deuxième et ancienne capitale de l'histoire de la Pologne ! Donc arrête de te lamenter...

-D'accord, j'arrête de me lamenter, ça te dit un café ?

-Je te suis dans ton appartement !

-Je pensais plutôt au café L'As, je dois te présenter quelqu'un, chuchota mystérieusement Antoine.

-Oh, tu énerves le monde avec tes énigmes. Je te suis, mais ça a pas intérêt à être long, j'ai rendez-vous avec Manorie après !

-Ça sent l'amour dans l'air... Mon frère va bientôt plus être puceau...

-Oh arrête, je le suis déjà pus je te signale !

-Bon, tu me suis ?

Il avait déjà avancé de quelques mètres vers l'intersection entre le magasin de thé et le Mac Do. Son aîné l'y suivit et ils se dirigèrent vers L'As. Son frère, sans demander l'avis de son aîné, s'assit près du bar, où une belle brune astiquait une assiette blanche en porcelaine. Elle et le cadet s'échangeaient des regards discrets et complices à la dérobée. Miłau posa son manteau ainsi que ses fesses sur la chaise. La serveuse, qui astiquait l'assiette, la finit, et se dirigea vers eux, un carnet et un stylo orange à la main. Elle demanda langoureusement à Antoine quelle boisson il voulait, et il lui répondit sur le même ton qu'il voulait un Coca Cola. Elle changea alors subitement de ton pour poser la même question à Miłau.

-Idem, s'il vous plaît !

-Je reviens de suite avec votre commande messieurs.

La serveuse se retourna et Antoine et Miłau louchèrent sur son postérieur lorsqu'elle répartit vers le bar. Voyant que son frère louchait sur les fessiers de la dame, Antoine le taquina en disant :

-Frérot, mate pas, elle est déjà prise, et toi aussi d'ailleurs !

-Ta gueule, man.

-Tu veux savoir avec qui elle est prise, sourit-t-il à pleine dents et en me faisant un clin d'œil.

-Non, c'est pas possible ! Vous...vous deux...

-Eh ouais ! Quand je dis que y'a pas que toi qui a bon goût ! Tu la trouves comment ?

-Elle est...

-Tu peux le dire, tu es mon frère !

-Elle est magnifiquement magnifique

-Merci, elle s'appelle Jade.

-Eh ben tu as décroché le gros lot mon frère !

Ce moment de complicité entre frères dura pendant plus de deux heures, et durant ces deux heures, ils parlaient, riaient, discutaient... Miłau avait rencontré Jade, mais il était temps pour lui de dire au revoir au café et de se rendre au rendez-vous fourni par sa bien-aimée. Il se leva, embrassa son frère et sa belle-sœur. Puis se dirigea vers la porte vitrée et la franchit avec l'exaltation de retrouver sa chérie : Manorie. Il se dirigea vers le parc et vit s'assoir à côté d'un homme assez grand muni d'une paire de lunettes de soleil. Le polonais vit alors sa bien-aimée au loin, vêtue d'une robe, les cheveux au vent, son chien Médor en laisse à la main. Il se leva pour la rejoindre, mais il fut rassis violemment par une force surhumaine. Quand Manorie se rapprocha, elle ne vit personne sur banc, juste une paire de lunettes de soleil. Et elle eut beau faire le tour plusieurs fois du parc et appeler sur le téléphone de Miłau, aucune réponse et aucun signe de vie, il avait disparu !

IdentitésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant