Oiseau

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Une heure plus tard, Miłau fut une nouvelle fois réveillé, mais cette fois-ci ce ne fut pas par les deux autres tourtereaux. Mais à cause de la porte de la cellule ouverte en claquant bruyamment.

"Miłau ! chuchota Rita nerveusement comme s'il ne fallait pas que quelqu'un entende qu'elle l'appelait.

-Quoi encore, râla-t-il d'une voix encore endormie et cotonneuse.

-Miłau, dépêche-toi, y'a une femme ! le pressa la jeune américaine toujours aussi agitée.

Ça fit tilt au jeune homme, comme un électrochoc. Il se redressa et scruta la cellule dans ses moindres recoins jusqu'à apercevoir une vieille femme aux cheveux blancs assise sur le sol de pierre. Elle fixait Miłau, qui soutint son regard avant de flancher en apercevant une lueur ans le regard triste et terne de l'étrange dame. Elle était toute vêtue de haillons qui avait dû autrefois être de magnifiques habits resplendissants et à la mode. On l'aurait dit sortie d'un film sur la révolution ouvrière du XIX° siècle. Si on reconstruisait ses vieux vêtements déchirés, on aurait pu voir une robe de patchwork et un beau chemisier dentelé blanc. Ses cheveux étaient attachés en sévèrement noué d'un diadème aussi gris que ses cheveux. Ses petits pieds étaient chaussés de ballerines noires tombant en lambeaux de plastiques. Son expression corporelle attira l'attention des trois jeunes adultes, toujours immobiles, qui la dévisageaient sans pour autant vouloir la brusquer Plusieurs secondes s'égrenèrent Alors, Lorys prit son courage à deux mains et essaya d'attirer l'attention de la dame du troisième âge afin de pouvoir lui demander ce qu'elle faisait là, dans leur cellule.

-Bonjour Madame, tenta-t-il.

-...

Aucune réponse de la part de la mystérieuse femme, toujours le regard posé sur le trio.

-Madame ? demanda Miłau, de plus en plus incertain.

-...

Toujours rien.

-Excusez-moi ? Je m'appelle Rita James, et vous ? Qui êtes-vous Madame ? Que faites-vous là ?

La femme regarda Rita et lui répondit faiblement, même elle ne l'entendit pas. Elle s'approcha et la femme répéta d'une voix tremblante et encore plus incertaine que celle de Miłau :

-Je m'appelle Fiona Faucon, et je suis venue vous aider.

-Excusez-moi Madame Faucon, mais nous aidez à quoi ? De quoi parlez-vous ? Je ne comprends pas...

-...

Pour toute réponse, la femme siffla et un rapace noir au plumage froissé entra par la porte encore grande ouverte après l'entrée de Fiona Faucon. Il se posa sur l'épaule de la femme et fixa l'intérieur de la cellule comme l'avait fait sa maitresse une seconde auparavant, puis sur les trois jeunes garçons et leurs lits respectifs. Dans leurs regards se lisait leur inquiétude et leur profonde interrogation. La femme siffla une deuxième fois et son faucon, car c'en était un, vint voler au centre de la pièce.

-Qu'est-ce qu'il fait ?

-Je sais pas, je comprends pas encore le faucon, ironisa Lorys, qui n'avait pas prononcé un seul mot depuis que la mystérieuse dame était entrée dans la cellule dans laquelle ils étaient depuis déjà une semaine.

-Pff... T'as avalé un clown ce matin ou quoi !

Il ne répondit pas, trop occupé à fixer le moindre battement d'aile de 'oiseau. Ce dernier plongea vers le sol jonché de détritus provenant des différents repas. Ses ailes s'allongèrent anormalement de sorte que personne à part la vieille femme ne pouvait voir le sol. Quand l'oiseau eut survolé la totalité de la surface au sol et qu'il revint vers sa dame, Rita, Lorys et Miłau furent stupéfaits de trouver un sol propre qui brillait comme un sou neuf. Lorys ouvrit la bouche à 'en décrocher la mâchoire tandis que les deux autres se frottaient les yeux voir vérifier si ce qu'ils voyaient n'était pas le fruit de leurs imaginations. Et pour la première fois depuis son arrivée, la femme sourit et on put découvrir des dents bien entretenues, bien qu'elles soient légèrement jaunies et sales.

-Mais, je rêve ou vous paraissez...

-Plus, jeune, oui, acheva Lorys.

Quelques rides avaient disparu de son visage et ses haillons s'étaient recousus par endroits, comme par magie, sans aucune intervention de la part de personne, ni de la vielle femme ni des trois jeunes adultes. Le faucon fit la même chose avec les murs, le plafond et la salle d'eau.

-Ouah, vous rajeunissez avec la poussière et la saleté ou quoi ?

-C'est ça, murmura-t-elle dans sa barbe de façon inaudible pour le trio pourtant présent à moins de trois mètres du faucon été de l'étrange femme.

Ce fut alors la femme de se déplacer. Elle se dirigea d'abord vers Rita puis elle siffla au faucon, qui s'envola de suite.

-Qu'est-ce qu'elle va me faire, s'affola Rita, autour de qui elle tournait.

-Je sais pas, bouge pas, je vais l'assommer ! cria Lorys.

-Nan ! Surtout pas, elle peut nous apporter des réponses, elle a pas l'air trop dangereuse !

-Faut savoir !

-...

-Mais comme tu veux !

La jeune fille, car elle avait très fortement rajeuni, portait maintenant des habits propres et jolis. On aurait pu la croire parfaite, mais la seule chose qui clochait était encore ses cheveux. Encore légèrement blancs et emmêlés. Elle approcha sa main du visage de la jeune américaine et passa sa main sur ses cheveux, quand elle la retira, ils étaient aussi parfaits que pouvait l'être des cheveux, brossés et parfaitement coiffés.

-Oh punaise, souffla Lorys, tu es encore plus magnifique qu'avant !

-Je suis d'accord avec toi !

-Merci les gars, les remercia Rita en rougissant.

L'oiseau noir revint dans la pièce avec un sac de toile dans le bec. Il le laissa tombait sur le lit, il s'ouvrit et la femme donna son contenu – des habits – aux jeunes adultes, une fois de plus ébahis.

-Elle est magicienne ! Je l'adore !

-Oh ! Du linge propre !

-Plus besoin de se coltiner cette robe de mariée arrachée !

Lorys piocha dans le tas et en sortit un jean et un maillot noir, simple, propres ainsi que des converses couleur jean. Miłau, quant à lui, eut droit à un maillot bleu et à un pantalon de toile marron. Ses chaussures étaient identiques à celles de Lorys.

-Du linge propre, on est au paradis !

Pour Rita, il restait une paire de baskets et un jean moulant assorti avec un haut kaki. Elle observa les garçons et leur dit :

-C'est pas tout ça, mais retournez-vous pour que je me change !

-Même moi ?

-Oui Lorys, je veux pas te voir baver sur moi, alors s'il te plait, tu te retournes comme Miłau !

Miłau fut pris d'un fou rire. Les trois jeunes adultes se tournèrent le dos et purent enfin se changer. Quand Rita eut fini de se changer, elle se retourna, croyant que ses camarades avaient fini, et vit que Miłau était toujours en caleçon, elle laissa échapper un petit cri aigu et se retourna vivement tandis que le rouge lui montait aux joues. Quand ils eurent tous fini et que les autres en furent certains, Lorys demanda à Rita :

-Pourquoi t'as gueulé pendant qu'on se changeait ?

Pour toute réponse, elle regarda Miłau et lui dit :

-Très beau caleçon !

Miłau, embarrassé, changea de sujet pendant que Rita et Lorys rigolait en se regardant.

-On les mets où nos habits ?

-Je sais pas, mettez-les dans le sac de toile !"

Ils s'exécutèrent et se tournèrent vers la magicienne au faucon. Elle ne broncha pas. D'un coup, ses yeux devinrent vitreux. Sa bouche s'ouvrait et se refermait comme machinalement, le faucon, qui s'était posé sur l'épaule de sa maitresse, s'envole précipitamment et partit de la cellule, affolé.


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