Rose's Academy

L'arrivée (1)

Je sortis ma valise du taxi. Je payai le chauffeur et me retournai pour la première fois vers l'imposant portique voûté devant moi. L'académie De La Rose. pensais-je.

Depuis mes excellents résultats aux examens de cinquième secondaire, passés haut-la-main dans une école privée de Bruxelles, mes professeurs avaient conseillé à mes parents de me placer ici. Dans cette académie mixte.

Lorsque l'on parle de "mixte", c'est souvent filles et garçons. Mais dans ce cas, c'est plutôt humains et vampires. Ce sera la première fois que j'en rencontrerai un.

Depuis cette récente découverte, il y a deux ans, des vampires, certaines écoles ont ouvert leurs portes à cette race. Pour moi, il n'y a aucune différence. Aucune. Et puis, l'humain est déjà trop raciste comme cela! Pas besoin d'en rajouter une couche !

Cette académie encourage le mélange et, au passage, place la barre très haut. L'éducation est réputée pour y être exemplaire, aussi bien avant la mixité que maintenant. Et l'apprentissage, c'est du "high level".

Je fais un pas dans la longue et sombre allée, malgré que l'on soit en plein jour, rentrant dans le territoire de l'école. Je connais déjà un peu les lieux, je les ai visités à la fin des vacances. Et si je ne rentre que maintenant, au début du deuxième trimestre, c'est parce mes parents ont dû déménager car, comme ils allaient vivre tous seuls le temps de l'internat, ils pouvaient louer notre grande maison pour payer en partie l'école, et aussi avoir un moins grand terrain à entretenir. De plus, je suis partie en voyage pour faire un tour de Belgique, ce qui m'a pris trois semaines. J'étais en enseignement à distance pendant ce temps-là.

Je distingue avec un peu de peine les trois grand arcs brisés, éléments caractéristiques de l'architecture gothique. Je sais pertinemment que après cet avancement, qui est en fait le hall de l'école, ce trouve des deux côtés, et d'une symétrie presque parfaite, les deux ailes de l'école. Et derrière, un grand parc s'étirera, avec des allées en croix et des fleurs colorées, du style "French Garden". Puis, de part et d'autre de ces jardins, toujours en gardant l'idée de symétrie, se trouveront deux bâtiments. Le Refuge, internat pour humain, et la Vamphouse, internat pour vampires. Ces noms ne sont pas officiels, mais ce sont des lieux-dits, donc, lors des visites, ils ont été mentionnés.

Ma valise tressaute à chaque pas, cognant, bondissant et atterissant sur les pavés du chemin. Il est environ midi, et nous sommes dimanche. Je sais qu'il ne doit pas il y avoir beaucoup de personnes en ce moment. Soit ils sont chez eux pour le week-end, soit ils mangent. Moi, je ferai désormais partie de la deuxième catégorie; je resterai le week-end, les congés et les jours fériés, sauf Noël, où je rentrerai pour la durée des vacances d'hiver.

J'arrivai enfin devant l'imposante porte de bois écaillé, dans laquelle une plus petite porte, mieux vernie, se cache presque. Je la pousse. Un grand hall, plutôt lumineux, se découvre alors devant moi. Le carrelages, noir et blanc cassé, me rappelle un jeu d'échec géant. Un grand lustre est pendu au plafond et deux imposants escaliers sont placés de part et d'autres de la pièce, menant chacun à l'étage de leur aile respective.

Après cet effet de grandeur, je me reconcentrai sur le petit accueil, un bureau, croulant sous les documents et les papiers, au milieu de la pièce. Cette simple table semble bien dérisoire au milieu du vaste espace. Je m'en approchai lentement.

-Il y a quelqu'un? demandais-je.

Une petite femme se redressa, de derrière une pile de feuilles. Je ne l'avais pas vue!

-Vous êtes la nouvelle arrivante? Bonjour et bienvenue!

Je la saluai d'un rapide signe de tête et sourit. Ils m'attendaient! pensais-je. La femme prit un papier, isolé, à droite de la table. Puis elle me le tendit, ainsi qu'une clé, qu'elle venait de prendre à un trousseau de sa ceinture.

-Voici votre numéro de chambre, votre clé, votre horaire et tous les renseignements nécessaires à votre installation, mademoiselle... hum... Sophie Blackgarden? Si cependant vous manquez de quelque chose, je suis ici! Et vous me trouverez plus facilement, je vais ranger tous ces papiers!

Elle rigola. Je souris assez hypocritement, parce que je ne trouvais rien de drôle à ce qu'elle avait dit.

-Merci, dis-je cependant gentiment.

Je sortis, ma valise toujours derrière moi, par la porte à l'autre bout du hall. Sa taille était normale, elle était en bois, assez usée, avec des clous en losange un peu partout.

Comme dans les châteaux forts...

Je découvris ensuite, mais sans étonnement, les grands jardins à la française, avec les imposants bâtiments de pierre au fond, à deux extrémités. Celui de gauche était le Refuge, donc, mon futur habitat.