Rose's Academy

Le mal (14)

-Jordan, qu'est-ce qu'il y a?

Mon compagnon releva lentement la tête, la main en-dessous de son menton pour éviter de tacher la moquette. Je l'aidai à se relever et je lui tendis un mouchoir. Il s'essuya rapidement afin de retirer tout le sang.

- Je ne sais pas. J'ai eu une horrible douleur au ventre.

-Une indigestion? Mais juste après le repas...

-Non, je ne peux pas avoir une indigestion, c'est impossible. Mon corps est plus résistant, et une simple indigestion ne me ferait pas aussi mal. Et puis on ne saigne pas du nez avec cela!

-Mais qu'est-ce que c'était alors?

- Si seulement je le savais... Mais ce n'est pas le cas...

Il soupira.

-Mais je vais mieux, ne t'inquiète pas.

J'hochai la tête, peu convaincue. Il fallait que nous allâmes dormir, donc nous nous mîmes dans le lit.

-Sophie, tu n'es pas obligée de te tenir à deux mètres de moi. Sauf si tu voulais dormir sur le sol?

J'étais dos à lui, à l'opposé du lit, alors je me retournai pour le regarder. Il avait sa tête posée sur sa main et me scrutait de ses yeux dorés, qui brillaient dans l'obscurité de la chambre.

-Tes yeux.

-Quoi mes yeux?

-Dan, tes yeux sont dorés.

Il rigola en laissant sa tête retomber sur son oreiller, en arrière.

-Quelle perspicacité ! pouffa-t-il en se redressant.

Je le regardai d'un air blasé. Il me sourit puis tendit son bras. Sa main tenta d'attraper la mienne mais elle était trop loin. Il fit une petite moue avant de me regarder.

-Ils brillent... cotinuais-je.

Il me sourit tendrement et lâcha en chuchotant:

-Comme des étoiles, pour toi...

Attendez, pause. Jordan a dit une phrase niaise pour moi? Je le regardai en plissant des yeux.

-Jordan, tu es sûr que ça va? Parce que je ne t'ai jamais entendu dire une phrase attendrissante à personne!

-Tu n'es pas personne, voilà tout.

Je le regardai les yeux ronds. Il me souriait timidement. Puis il ouvrit ses bras.

-Calin?

J'haussai les épaules et me blottis dans ses bras. Il prit une de mes mèches de cheveux en main et joua avec.

 -So, comment est-ce possible?

 -Quoi?

Nous chuchotions, comme si une bulle de verre nous entourait et qu'il ne fallait pas la briser.

 -Il y a tellement d'humains sur cette planète. Comment ais-je fais pour te trouver? Nous avons plus ou moins le même âge, cela paraît incroyable, non? 

Je redressai ma tête pour lui sourire. 

 -C'est vrai que c'est improbable. Mais il faut bien que cela arrive à quelqu'un, tu sais. On dit que ce n'est jamais nous, mais dans ce cas-ci, je crois bien que nos anges gardiens respectifs nous ont offert un cadeau.

 -Nos anges gardiens respectifs? pouffa-t-il.

Je lui donnai une petite tape sur le torse. Dans tout ce que j'avais dit, il n'avait retenu que cela?

 -C'est ce que ma maman me disait, quand j'étais plus petite! me vexais-je.

Son sourire s'agrandit et il passa ses bras autour de moi. Je reposai ma tête à l'emplacement de son cœur et je sentis mon corps rejoindre Morphée et son chaleureux paradis: le sommeil. 

***********

Je me réveillai dans un lit vide, avec le bruit de l'eau qui coule pas loin. J'avais été délicatement posée sur un oreiller, encore chaud, signe que Jordan n'était pas parti depuis longtemps. Il m'avait recouverte de draps et avait déposé un habit au bord du lit. Je me penchai pour voir ce que c'était et me rendit compte que la chemise, le polo et le pantalon lui appartenaient. Il y avait d'ailleurs, cousu en lettres d'or, le nom de sa famille: Deluxury. Je supposai qu'il était parti prendre sa douche, alors j'attendis que l'eau se coupe pour rejoindre la salle de bain à côté de la chambre. J'enfilai vite un peignoir au-dessus de mon pyjama et passai par le couloir pour rejoindre la salle d'eau.  Je frappai à la porte mais n'attendis pas de réponse, convaincue que Dan se trouvait à l'intérieur et qu'il m'avait sentie. Mais telle ne fus pas ma surprise lorsque je croisai le regard... de son frère? 

Je refermai la porte à la volée et murmurai un "désolée", encore choquée. Mon visage devait être cramoisi. J'entendis un bruit de tissu, puis la porte se rouvrit sur le cadet, amusé. Je reculai d'un pas, pour le laisser passer, mais il déclara, au bord du fou rire:

 -Si tu rentres comme cela chez mon frère, je comprends qu'il soit fou de toi! 

Quoi? Oh non! je vais me faire passer pour une perverse! Comment oserais-je encore regarder Jordan quand toute sa famille sera au courant de cet incident? Sur le moment même, je voudrais que l'on me passe une pelle. Vous savez, pour que je puisse creuser un trou et me mettre dedans... mais il faudra m'aider à le rebouchr, par contre. S'il-vous plaît! Je veux disparaître! 

 -Je... non... ce n'est pas ce que tu crois... je... bégayais-je. Je suis désolée!!!!! 

Au même moment, une voix reconnaissante résonna dans le couloir. 

 -Sophie? 

Je me retorunai vers mon vampire. Il s'approchait de nous d'un pas assuré et fier. Lorsqu'il arriva à mes côtés, je baissai la tête, le joues encore toutes rouges. 

 -Que ce passe-t-il? Je t'ai sentie perturbée. 

Je relevai un peu la tête et regardai en coin le cadet. Il avait la larme à l'oeil tellement il se retenait de rire. 

 -J'ai eu un, comme qui dirait, petit probème. 

Jordan fronça les sourcils et Kalavin, n'en pouvant plus, s'appuya sur le chambranle de la porte, tordu de rire. Dan semblait perdu et il fronça encore plus les sourcils, si c'était possible. Il m'incita à continuer d'un regard.

 -Quand je me suis réveillée, j'ai cru que tu étais à la douche, donc j'ai voulu te voir. J'ai frappé avant d'entrer mais, comme je croyais que tu m'avais sentie arriver, j'ai ouvert la porte et... 

Je détournai le regarde encore une fois, morte de honte. Je pense que même les pivoines sont jalouses de ma couleur, actuellement. 

 -Ne t'inquiète pas, mon frère, j'avais déjà des sous-vêtements! assura le plus jeune, s'étant un peu calmé. 

J'attendis la réaction de Jordan, qui finit par me prendre dans ses bras. 

 -Cet incident restera entre nous. déclara-t-il. 

Et je le sentis ricaner aussi. Je me reculai. Les deux frères étaient morts de rire. C'est une blague, ou quoi? Je croisai les bras sur ma poitrine.

 -Vous avez fini? 

Ils ne répondirent pas. Je décidai donc de les contourner pour aller me laver. J'entrai dans la salle de bain. Mais alors que je passai le pas de la porte, je pus juste entendre Kalavin crier. 

 -Attends! Il y a encore mes vêtements de la veille! 

Au plein milieu de la salle, il y avait un tas d'habits. Et tout au-dessus, un caleçon. 

Tuez-moi.

[Tu n'es pas personne, voilà tout.]

Voilà le chapitre de la semaine, une peu plus orienté vers l'humour. Je pense que cela fait parfois du bien. Non? 

Je vous souhaite une excellente semaine! Merci à tous mes lecteurs-stick!

Sofiestik