Il est assez tard lorsque je quitte la bibliothèque. J'étais tellement absorbé par mes révisions que je n'ai pas vu le temps passer. Il est plus de 19h et déjà j'ai huit appels manqués de ma mère ainsi que deux messages de mon père.

J'ai dit à ma mere que je rentrais à cinq heures, mais à la dernière minutes j'ai décidé d'aller réviser et je n'ai pas pensé à le lui dire. La connaissant, elle a du paniquer pour rien.

Ma mère a tendance à trop s'inquiéter pour moi. J'ai beau lui dire que j'ai dix-sept ans et que je suis plus un bébé, elle ne veut rien entendre. Mais bon, je ne peut pas lui en vouloir de trop me materner.

Tout en me dirigeant vers l'arrêt de bus, je lui envoie un message pour lui dire que je serais à la maison dans une vingtaine de minutes.

En cette nuit de décembre, le soleil s'est couché tôt et il fait très sombre.

Au loin, j'appercois une paire d'oeil noir me scruter. Je fixe le propriétaire de ses yeux à mon tour, d'un regard qui se veut menaçant, tout en continuant à marcher. Malgré l'obscurité, je parvient à le reconnaître grâce à sa paire de chaussure blanche. Enfin, je ne sait ni son prénom ni qui il est, mais ça fait déjà trois fois que je le vois aujourd'hui. Ce matin devant mon lycée, ce midi au Mcdo et maintenant quelques pas de la bibliothèque. La première fois je l'avais à peine remarqué, la seconde fois il m'a souris et maintenant il se contente de me regarder.

Je ne suis pas du genre paranoïaque, mais j'avoue que cette histoire commence à me faire cogiter. Voir une personne, que vous n'avez jamais vu auparavant, plusieurs fois dans la même journée c'est plutôt bizarre non?

Pourtant il n'a pas l'air d'un harceleur. Loin de la, il a un visage d'ange contrastant parfaitement avec sa peau très foncée. Grand et plutôt baraqué, il a un physique dans la norme.

En le regardant ainsi, il ne paraît pas dangereux, mais il me fait légèrement peur. Je suis sur qu'il me suit!

Alors que je le fixe toujours, une voiture roulant très vite s'arrête à sa droite. Il cesse immédiatement de me fixer et monte à l'intérieur du véhicule.

Je soupire de soulagement. Je n'aurais pas pu soutenir son regard plus longtemps.

J'attrape mon téléphone ainsi que mes écouteurs et accélère le pas en direction de l'arrêt de bus, musique aux oreilles.

¤

Comme convenue, vingt minutes plus tard, me voilà à la maison.

J'ai à peine fait un pas dans le couloir que ma mère sort de la cuisine en courrant. Elle me prend dans ses bras et soupire de soulagement.

_ La prochaine fois que tu compte rentrer tard, tu nous appelle Syra!

_ Il est seulement dix-neuf heures, c'est pas si tard que ça, lui dis-je.

Elle ne me répond pas mais me sert d'avantage dans ses bras.

Malgré le fait qu'elle soit trop protectrice, l'attitude de ma mère envers moi, me réconforte. Elle se préoccupe de moi comme si j'étais l'enfant qu'elle a porté et non celui qu'elle a adopté.

Les seules choses que je sais sur mon passé sont que ma génitrice et moi avions immigré du Sénégal pour la France et qu'une fois en France, elle m'a abandonné alors que j'étais qu'un petit nourisson.

C'est Julia et Malick, de jeunes mariés dans l'incapacité d'avoir un enfant qui m'ont trouvé. Ils m'ont recueillit quelques temps chez eux, puis ont du se serparer de moi et me laisser au sein d'une pouponnière. Après deux années de démarches et d'acharnement, ils ont pu m'adopter et je ne leur remercierai jamais assez. Ils m'ont offert une belle vie et ont toujours tout fait pour que je soit heureuse.

Plus fort Que toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant