Chapitre 13

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"-Karin ! Dépêche toi !"

Je suis dans la salle de bain. Yuzu s'impatiente mais je m'en moque. Je ne suis pas prête, je ne me sens pas prête. Mais quand il faut y aller, il faut y aller non ? Je tiens fermement le lavabo, comme si ma vie en dépendait. Je m'observe dans le miroir et le verdict est (presque) le même que d'habitude.

Je suis banale, et aujourd'hui particulièrement laide. Le teint pâle, une tignasse indomptable, et deux grosses cernes.

Je fais couler un peu d'eau froide et je rafraîchis mon visage dans l'espoir de faire de même avec mes pensées. Ça faisait longtemps que je n'avais pas ressentis un tel... stress ?

Le stress, l'appréhension, le désir, la peur ? Rien de bon dans tout les cas.

"-Karin !"

Note à moi même : ne pas ralentir Yuzu lorsqu'elle veut se rendre au marché.

"-J'arrive !"

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J'aperçois le marché au loin. Mes pas se font plus lent. Je retarde le plus possible nos retrouvailles, je suis vraiment pathétique. Ou une trouillarde, ouais c'est plutôt ça mon problème. Je n'ai jamais eu à affronter une situation comme ça.

Et si il m'en voulait ? Je veux dire vraiment ? Est-ce qu'à présent il me déteste ? Après tout je l'ai giflée, plutôt violemment...

Je secoue de la tête énergiquement pour me reprendre. Je souffle un bon coup et je reprend une marche plus rapide. Si je ne crève pas l'abcès maintenant cette histoire va me rendre folle !

On entre doucement dans le marché, et peu à peu, ma coeur s'emballe. Mais contrairement à tout à l'heure, mes pas se font de moins en moins hésitant, j'avance en regardant droit devant moi je ne pense à rien d'autre qu'avancer, enfin presque à rien d'autre...

"-Détends toi Karin, tu vas nous faire une syncope.

-Oui je sais, j'essaye figure toi.

-Respire un bon coup. Regarde autour de toi, intéresse toi à tout sauf à lui. Reste naturelle, toi même. Dis toi que dans tout les cas, si il s'avère être un idiot tu le laisse tomber. Tu n'as rien à perdre.

Je murmure dans ma barbe un :
"C'est plus facile à dire qu'à faire" que Yuzu ne relève pas. Je décide de suivre son conseil. Je prend de grandes inspirations puis j'observe ce qui m'entoure. Je reconnais facilement et rapidement, le stand de la dernière fois, celui de cette vieille femme. Je m'approche puis observe une nouvelle fois la marchandise proposée.

Je suis étonnée de retrouver les mêmes bijoux que la dernière fois. En une semaine elle n'a pratiquement rien vendu. Hormis une paire de boucles d'oreilles et un bracelet mais aussi, et surtout, le collier au pendentif en forme de lune.

"-Encore vous jeune fille ?

Je la dévisage, comment ça encore vous ?

-Vous devez faire une erreur, cela fait une semaine que je ne suis pas revenu ici.

-Malheureusement je ne me trompe pas. Vous savez, très peu de gens s'arrête pour voir mes œuvres. Je me souviens de vous.

-Pourtant, je ne suis pas une grande amatrice mais je trouve vos bijoux magnifiques.

-C'est gentil de votre part. Il est vrai que vous ne portez aucun bijoux. C'est bien dommage, une jolie jeune fille comme vous.

Je me sens rougir

-C'est vrai que me parer n'est pas dans mes habitudes. Mais j'aimais bien votre collier avec...

-Un pendentif en forme de lune ? Elle sourie discrètement. Je l'ai vendu à un jeune homme, il...

-Karin ?!"

Je me fige instantanément à mon nom. Je n'entends rien. Plus rien. Hormis mon cœur qui bat à plus de cent à l'heure. Il tambourine tellement fort dans mes oreilles.
La vieille femme voyant mon malaise, essaye de me ramener à la réalité en touchant avec délicatesse ma main.

"-Karin ?"

Sa voix est plus inquiète, plus hésitante. J'expire un bon coup. Je sourie à cette bonne femme qui retourne à ses occupations. Je me tourne vers la voix, cette voix qui m'avait tellement manqué.

Je me tourne mais je ne vois rien. Je cherche un peu parmis la foule, et je le vois. Enfin. Il ne bouge pas d'un pouce. J'en profite pour l'observer. Il est vêtu de son uniforme. Ses cheveux blanc sont en bataille, ses yeux turquoise ont l'air fatigué et il m'adresse un faible sourire.

Toute ma peur, toutes mes appréhensions s'envolent d'un coup. Je meures d'envie de lui parler, de me jeter dans ses bras (je ne sais pas pourquoi, j'ai envie d'un contact physique). J'avance d'un pas. Il fait de même. J'esquisse un sourire amusé, lui aussi. Notre petit jeu continue quelques minute mais nous sommes interrompu par une bagarre entre marchands.

Toshiro intervient tandis que j'attend patiemment le calme dans mon coin. Histoire de ne pas rajouter mon grain de sel. Je sens quelqu'un tirer la manche de mon kimono avec insistance. Je me retourne vers la personne en question : Yuzu.

"-Alors ? Me demande t-elle d'un geste de la tête vers Toshiro. Où vous en êtes ?

-Euh... On a pas encore eu l'occasion de  discuter...

-Prends ton temps, je te couvre ! "

Me dit elle avec un clin d'œil. J'ai à peine le temps de lui glisser un merci que Toshiro revient vers nous. Yuzu et lui échangent de banales formalité comme "bonjour" et "comment vas-tu".
Après ça, Yuzu nous laisse sans demander son reste.

Toshiro est là, à côté de moi. Je ne sais pas quoi dire ni quoi faire.
J'essaye de prendre la parole, lui aussi :
"-Karin
-Toshiro"
On se tait tout les deux, pour laisser l'autre s'exprimer
"-Je...
-Je..."
On est tout les deux maladroit mais au moins ça détend l'atmosphère. On échange tout les deux un sourire gêné, et il m'invite, d'un geste de la main, à marcher.

Je me remémore notre soirée. Celle où tout aller encore bien entre lui et moi. Nous marchions comme à présent dans un silence.

Nous sortons du marché et petit à petit les rues me sont familières. C'est après avoir tourné à gauche un dernière fois que je compris ou il comptait m'emmener.

Chapitre 13 ✔️
Désolé pour l'attente, donnez moi vos avis quand même !

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