Mise en garde

11 2 0
                                    


-Cette enquête doit cesser , je suis très inquiet pour toi.

Ce fut avec ces mots qu'Hippolyte David l'accueillit à la bibliothèque le vendredi suivant.

-Même toi tu essayes de me décourager ?! Répliqua Marco sidéré.

L'entrevue avec Shelby Richards l'avait laissé sur sa faim. Il avait l'intuition que l'affaire de la disparition de la petite Katie avait un lien avec le meurtre de James Kimball. Il le sentait. Mais il en revenait toujours à son point de départ. Il n'avait aucune preuve, de ce point de vue là, son enquête piétinait. Et voilà que son seul soutient l'abandonnait , fulmina-t-il intérieurement.

-Écoute... Tu ne te rends pas compte des risques que tu prends... Crois-en mon expérience, on ne sait jamais de quoi les gens sont capables. Et puis jusque là tes investigations n'ont mené à rien. Tu sais ce que tu devrais faire ? Le mieux ce serait que tu oublies toute cette histoire, que tu partes ailleurs,que tu te construises une nouvelle vie.

-Qu'essayes- tu de me dire exactement ?... Fuir ? Jamais.

Le bibliothécaire haussa les épaules.

-Hippolyte. Je veux savoir ce que tu me caches, tonna Marco.

-Je... Je ne...

Il hésita à poursuivre visiblement mal à l'aise.

-J'ai peur. Depuis que j'ai accepté de t'aider dans ton enquête je suis épié. On me suit. On me veut du mal. Et tout ça à cause de toi, Marco !

Il jeta une petite enveloppe de correspondance en papier bleu sur la table qui les séparait.

-Tiens, lis !

***

Il était presque minuit et un camion blanc, tous feux éteints, roulait silencieusement dans la nuit. Des flocons tombaient régulièrement sur le pare-brise et la conductrice frissonna sous sa cape doublée. Elle était gelée. Cela faisait maintenant bien longtemps que l'hiver n'avait pas été aussi rude, songea-t-elle. La visibilité était mauvaise et d'épaisses nappes de brouillard masquaient la route étroite, rendant sa progression encore plus difficile. Bientôt, elle aperçut une enseigne qui luisait insolemment affichant en lettres rouges: Café. Elle était presque arrivée à destination. Elle eut un sourire malsain. Une bourrasque glaciale l'accueillit au moment où elle s'arrêta devant la maison et elle s'enveloppa plus étroitement dans sa cape. La neige avait cessé de tomber et le brouillard avait disparu. La tête levée vers le ciel, elle remarqua que la Grande Ourse était bien visible, presque posée sur l'horizon. Avec un peu de chance, elle pourrait peut-être apercevoir Véga, l'étoile la plus brillante de la constellation de la Lyre. Une seconde bourrasque la ramena à la réalité. Elle était venue ici dans un but bien précis et elle ne devait pas se laisser distraire.


Quatre chiens et un manteau de fourrureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant