Chapitre 1

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— Dis maman, t'aurais pas vu mon bracelet? Tu sais, celui de Gabby?

— Naïg ma puce, je ne sais pas, tu ne l'aurais pas rangé dans ta salle de bain? Regarde mieux, ou peut-être dans ta boîte à bijoux, tu as pensé à y jeter un oeil?

C'est pas vrai, mais elle plaisante ou quoi? Evidemment que j'ai déjà regardé!

— Maman t'es sérieuse ou quoi? Bien-sûr que je suis déjà passée par là, mais c'est pas vrai!

— Annaïg mon bébé, je t'en prie ne te mets pas dans des états pareils, et puis, si tu ne le retrouves pas je pourrai toujours te l'envoyer par la poste.

Non, impossible! Elle sait pourtant l'importance qu'a ce bracelet à mes yeux. Je sais déjà ce que vous vous dites, « s'il est si important à ses yeux que fait-elle sans son bracelet déjà? ». Il se trouve qu'hier pour mon départ des amis ont voulu m'organiser une petite fête. Comme je ne voulais pas risquer de le perdre, je l'ai laissé à la maison. Il ne me quitte jamais car il représente une partie de Gabby à mes yeux, un peu comme si une partie d'elle-même était toujours avec moi, présente à mes cotés. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris de le laisser à la maison mais à la veille de mon départ j'avais si peur de l'égarer et de ne pas l'avoir pour partir, que j'ai préféré le laisser là. Quelle erreur j'ai fait! Maman ne mérite pas que je me mette en colère contre elle mais bon sang, ce bracelet c'est tout ce qu'il me reste. A part les souvenirs. Alors, je sens les larmes me monter aux yeux, je sens le sol tanguer sous mes pieds et je m'assois en glissant le dos contre la penderie. Je m'effondre, je pleure à chaudes larmes. J'entends des pas dans le couloir, la porte s'ouvre à la volée, et maman s'installe en face de moi en m'enlaçant de ses bras chaleureux, encore une fois. Et je verse tout ce qu'il me reste de larmes. Je ne savais pas que notre organisme pouvait contenir autant d'eau. Et je sens bien que je ne suis pas prête de m'arrêter. Je tente un regard dans sa direction, grossière erreur. Je lis de la culpabilité dans ses yeux, alors qu'elle n'a rien à voir avec ce qu'il s'est passé, moi non plus d'ailleurs, c'est ce que tout le monde me répète «ce n'est pas ta faute Naïg, t'aurais rien pu faire». C'est facile à dire ça! Ils ont pourtant raison, j'aurais rien pu.

Où en étais-je? Ah oui! À ces gens, qui se sentent coupables de ces situations dont ils ne sont pour rien. Dans ce genre de contexte les gens ont souvent tendance à se sentir responsable. Je sais pas pourquoi d'ailleurs.

C'est bien simple, prenez cet exemple: «Je me suis fait voler mon téléphone ce matin»,— C'est pas vrai, je suis désolée, mais ça va? Qu'est-ce que je peux faire?... Sans rire! Quoi?! C'est toi qui a plongé la main dans le sac? Ben alors? En voilà un autre tien: «J'ai été violée par une bande de brutes» là encore, qu'est-ce qu'on peut répondre à ça? — Oh ma pauvre je suis tellement désolée! Comment tu le vis? Tu vois quelqu'un? Un psy par exemple? Mais ces personnes s'excusent de quoi à la fin? C'est pas comme si elles étaient sur le lieu à aider ces individus à agir de la sorte. C'est pas comme s'ils étaient sur le lieu de l'accident avec Gabby et moi, et qu'ils auraient pu la sauver! Moi j'y étais...

A ce moment précis, je suis sûre que maman se demande si c'est une bonne ou une mauvaise idée de me laisser partir pour une année entière.

— Ca va aller maman ne t'en fais pas, je te jure. C'est une étape importante pour moi, tu le sais bien, être ici me rappelle trop de souvenirs. Tout ce dont j'ai besoin c'est de découvrir de nouveaux horizons, me faire qui sait, de nouveaux amis. Oublier ne serait-ce que la souffrance? Et ne me rappeler que les bons souvenirs.

— Ma chérie, je suis tellement tellement désolée, je suis si désolée. C'est si dur pour toi, tu as tant de force, ne baisse pas les bras. Un jour tout finira par s'arranger tu verras.

Un nouveau souffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant