Nous sommes sur la route, cela fait déjà plus d'une heure que maman roule, l'horloge indique quatorze heure trente-quatre.
Les vitres sont baissées, on ne supporte pas l'air conditionné dans la voiture. Il faut dire aussi qu'à peine on l'installe, ça fini systématiquement par un bon gros rhume! Quelle petite nature je fais n'est-ce pas? Je tente de m'occuper l'esprit, j'ai répondu à quelques messages d'amis sur Facebook. J'envoie un mail aux Crawford, la famille qui m'accueille, pour dire que nous sommes sur le chemin de l'aéroport. Je me retrouve à parcourir mes photos et je remarque que cette dernière année j'en ai publié très peu. Il faut dire que je n'ai pas vu grand monde; je n'avais pas la tête à cela contrairement à l'année dernière où il y en a des centaines et des centaines, avec Gabby. Ma Gabby... Mon rayon de soleil. Je laisse mon doigt parcourir son si beau visage, ses cheveux blonds dorés qui lui tombent en cascade jusqu'aux reins. Avec ses petites ondulations qui lui donnent cet air sauvage. Ses yeux sont d'un bleu éclatant, ils vous hypnotisent jusqu'au plus profond de votre être. Elle a ce regard vous savez, qui vous intimide. Gabby était unique en son genre, la plus belle personne que j'aie jamais rencontrée. Dans les deux sens du terme, son âme était aussi pure que son physique était angélique. C'était la première à s'arrêter pour aider une dame âgée à traverser, à acheter un petit déjeuner pour un sans abri qu'elle voyait dans la rue, elle était comme ça ma Gabby, le coeur sur la main.
Sur la photo que je parcours, elle me tient par les épaules tandis que nous éclatons de rire un verre de mojito porté à la bouche. Notre boisson favorite, ma boisson favorite à présent. Eliaz venait de nous faire une de ses blagues comme il savait si bien le faire, et nous avions manqué recracher notre boisson tellement nous étions hilares.
Cette nuit là de juin deux mille-huit, Gabby était restée dormir à la maison, pour ne pas changer. Je me souviens encore de notre conversation sur les choses de la vie qui avait duré presque toute la nuit. Quelle drôle de discussion quand j'y repense pour des filles de 17 ans.
— Naïg?
— Oui Gabby?
— Tu te souviens de notre serment? Je vois déjà de quel serment elle veut parler, celui de nos 6 ans. Celui de nos 6 ans?
— Oui Gabby, je m'en souviens, comment pourrais-je oublier ce jour? Il sera à jamais gravé dans ma mémoire.
En réalité ce jour-là j'avais laissé Gabby un peu de côté car une nouvelle élève était arrivée en classe, la pauvre petite fille restait seule dans la cour de récré c'est pourquoi je lui ai demandé si elle voulait jouer avec nous. Mais Gabby ne l'entendais pas de cette oreille, elle a préféré jouer avec les autres filles de la classe. En réalité elle était jalouse, elle me voulait pour elle toute seule. Je ne l'ai pas forcée et je l'ai ignorée pour m'occuper de la nouvelle venue.
Le soir même après l'école Gabby est arrivée à la maison, elle habitait une grande bâtisse du même style que la nôtre, juste à coté de chez nous. Nos parents s'entendaient très bien, c'est toujours le cas d'ailleurs, bref. J'ai bien vu à ses yeux qu'elle avait pleuré, les larmes avaient laissé de petites trainées sur ses petites joues toutes roses, et ses yeux étaient humides et rougis. Ma meilleure amie avait de la peine.
J'ai entendu maman d'en bas lui parler.
— Ma chérie, Gabrielle, que se passe-t-il? Tes parents savent-ils que tu es là?
— Oui madame, je leur ai dit que je venais voir Annaïg, je dois lui parler, c'est très important vous savez... Une histoire d'amitié.
— Bien-sûr ma puce, monte, Naïg est à l'étage surement dans sa chambre ou dans la tourelle. J'appelle immédiatement tes parents pour m'assurer qu'ils savent que tu es ici.
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Un nouveau souffle
Teen FictionA 18 ans Annaïg s'apprête à quitter sa région natale la Bretagne, pour vivre une année en Californie à Los Angeles. Tout était prévu depuis plus d'une année déjà, mais ce qui ne l'était pas en revanche, c'est le drame qui s'est passé l'été dernier. ...