Un nouveau souffle

Chapitre 3

Le vol a duré douze heures. Il est vingt-trois heures ici à Los Angeles. Mon voisin sur le vol était un homme dans la trentaine, qui s'appelait Juan, très beau garçon au regard ténébreux. Je me suis prise à plusieurs moments à regarder dans sa direction. Lui aussi m'observait de ses yeux charmeurs. Je pense que si je m'étais laissée emporter, on aurait pu finir dans les toilettes ensemble à faire des choses peu recommandables. Mais je ne suis pas ce genre de personne, non. Je suis de celles qui aiment passionnément, sans compter, et qui ne couchent pas avec le premier venu. Eliaz était mon premier véritable petit copain et le prochain avec qui je passerai à l'acte sera un garçon que j'aimerai de tout mon être. Ce qui m'a le plus frappé chez Juan ce sont ses cheveux noir jais, dans lesquels j'aurais pu glisser mes doigts pendant des heures, typiquement le genre de gars qui aurait pu m'intéresser, mais finalement trop vieux pour moi. Nous avons discutés de tout et de rien, plaisanté ensemble... Et bien-sûr j'ai dormi, beaucoup dormi.

Je vais chercher mes bagages, je mets un certain temps à les trouver car beaucoup d'entre-elles sont similaires. Lorsqu'enfin je les aperçois, je me jette dessus pour vite aller retrouver la famille Crawford qui va m'accueillir durant cette année.

J'arrive dans le hall principal, sauf, qu'une main m'attrape avec force tandis que de l'autre elle agrippe ma valise. Je me retourne d'un bond tendue et frustrée, reconnaissant mon voisin de voyage. Mais ce n'est que lorsqu'il tourne son visage vers moi, que je me rends compte qu'il s'agit d'une toute autre personne. Un très beau garçon cependant, au moins une tête de plus que moi, vraiment pas mal dans son genre avec ses yeux d'un vert profond, ses cheveux bruns en bataille avec un bonnet vissé sur la tête... Un bonnet en plein mois de juillet, mais qui porte ce genre de truc à cette période de l'année?

— Non mais ça ne va pas? Pour qui vous prenez vous? Veuillez me lâcher tout de suite et me rendre ma valise! Je lui crie comme une hystérique car après douze heures de vol mes nerfs sont à vif!

— Votre valise? me dit-il d'un air narquois. Je pense que tu faits erreur ma belle. Ma belle? Pour qui me prend-t-il? Cette valise est celle de ma soeur, elle a vu quelqu'un lui prendre et m'a demandé de venir lui récupérer.

— C'est pas vrai, je rêve! Puisque je te dis que cette valise est la mienne, tu ne vois pas qu'elle porte une étiquette bon sang? Annaïg Jezequel. Ouvre grand tes yeux la prochaine fois! Ah, et aussi, ne touche plus une femme comme ça pour une valise! Macho!

— Je... Pardon... Toutes mes excuses, c'est vrai j'ai été un peu brutal, j'aurais du faire un peu plus attention à ce détail, il faut dire que les valises se ressemblent tellement. Et pardon de t'avoir brutalisé, ce n'était pas mon intention, promis. Et là, il me fait un clin d'oeil, un clin d'oeil! Mon Dieu ces yeux! Je n'ai jamais vu pareil regard de toute ma vie, ses yeux sont d'un vert doré miroitant, et je m'y noie quelques secondes. Autant vous dire, rien à voir avec mon compagnon de voyage.

— C'est bon, c'est bon, ça va! Mais tu aurais tout de même pu faire attention.

Et là je m'écarte reprenant ma deuxième valise au vol, lui tournant les talons. Bon débarras! Il n'empêche, que j'ai ce besoin de me retourner, ce garçon m'a vraiment troublé, et au moment où je tourne la tête vers lui, il me regarde d'un air amusé. Je reste bouche bée.

Je pars à la recherche des Crawford, Allison m'a dit qu'elle serait avec Alec et les jumeaux: Aaron et Amber. Je me réjouis déjà de m'occuper de ces petites têtes brunes. J'ai tellement entendu parler d'eux, Allison m'a parlé de leur joie à l'idée que je passe un an avec eux. Je vois au loin une famille qui fait des signes dans ma direction. La femme est rayonnante, ses cheveux blonds platine sont relevés en chignon sur le sommet de sa tête, elle est vêtue d'une robe blanche à motifs floraux, et porte des talons compensés noirs. Son mari est en costume cravate, il a un côté très sérieux, il inspire la maturité et dégage une telle virilité! Ils sentent la richesse à plein nez... Cela n'enlève rien à leur charme. Les enfants accourent vers moi, je m'accroupis et les accueille à bras ouvert!

— Annayiiiik! Les enfants me reconnaissent facilement grâce à nos conversation skype.

— Coucou les enfants! Ils sont adorables, Aaron est légèrement plus grand que sa soeur Amber. Ils ont les cheveux bouclés qu'ils doivent tenir de leur papa. Comme les siens sont coupés courts je ne parviens pas à bien distinguer, surtout à cette distance. Je les vois justement avancer vers moi.

— Mes poussins laissez Annaïg respirer, je vous en prie, elle a fait un long voyage.

— Ce n'est rien, je vous assure! Enchantée, Annaïg Jezequel.

— Enchantée Annaïg! Allison, et voici Alec mon mari. Elle m'a étreint dans ses bras, pendant qu'Alec m'a serré la main. Oh et s'il te plait, on met directement les choses au clair, avec nous c'est tu! Bienvenue dans la famille Annaïg, nous sommes ravis de t'avoir parmi nous.

— C'est un plaisir pour moi d'être là. Nous allons bien nous amuser avec les enfants.

Nous marchons jusqu'à la voiture, c'est un gros 4x4 mercedes classe G. Ce modèle vaut au moins trois-cent-mille euro. Je le sais car Edouard, le père de Gabby possède le même. Je me glisse à l'arrière avec les enfants, ils me parlent des choses qu'ils aimeraient faire avec moi durant les vacances. Je garde leurs idées en mémoire. Vu que mon horaire a déjà été établi, Allison me dit que je n'ai aucune obligation à m'occuper des petits. Mon travail commencera réellement à la rentrée des classes et nous ne sommes que début juillet. Elle aimerait passer les vacances à s'occuper des petits, et pouvoir de ce fait, profité d'eux. Je pourrai donc faire du repérage pour ne pas me perdre dès ma première sortie, me balader... enfin, vaquer à mes occupations.

Alec gare la voiture dans l'allée, je vois d'autres véhicules et me dit qu'ils doivent également lui appartenir. Waw... Je le vois qui suit mon regard.

— Annaïg, Allison t'a-t-elle dit que tu auras une voiture à ta disposition? Non... Une voiture? Je crois rêver!

— Tout est déjà arrangé avec ton père et les assurances nous en avons discuté ensemble. On souhaite que tu aies ta liberté. Ce ne sera pas n'importe quel modèle évidemment car je tiens à la sécurité des enfants. Alors c'est de ça que voulait me parler papa? Bon sang je l'adore! Il faudra que je l'appel le pour le remercier.

— Bien entendu Alec, et pour répondre à ta question non je ne savais pas. Papa m'avait parlé de quelque chose mais sans me dire de quoi il s'agissait évidement. Merci beaucoup, vous n'imaginez pas à quel point ça me fait plaisir.

— Ne nous remercie pas me dit Allison, c'est tout naturel appelle plutôt ton père pour avoir eu cette merveilleuse idée.

Nous passons la porte de la maison, les lumières s'éclairent toutes seules. La maison doit être entièrement sous domotique. Alec porte mes bagages dans l'entrée. Allison m'appelle.

— Annaïg ma belle, veux-tu voir ta chambre tout de suite ou préfères-tu manger quelque chose?

— J'avoue que j'ai assez faim, qu'est-ce que tu as à me mettre sous la dent?

— Oh on ne manque de rien! Je peux te cuisiner des pancakes, des oeufs avec du bacon, ou un hot-dog, que préfères-tu?

— Les pancakes m'iront très bien, est-ce que vous avez du sirop d'érable? Allison se met à rire.

— Chérie... Evidemment que nous avons du sirop, tout américain se doit d'en avoir à la maison.

Pendant qu'Allison s'affaire en cuisine, je fais le tour de la maison, tout est absolument magnifique, les murs sont d'un blanc éclatant, la décoration est minimaliste. On pourrait décrire ce genre d'habitat comme froid et impersonnel, mais les jouets des enfants qui trainent par ci par là, les dessins accrochés sur le frigo ainsi que tout le reste en disent long sur cette famille. Ce cocon est rempli d'amour, et cela m'empli le coeur de joie.