le puits magique

CHAPITRE 6: Comment?

Rowan restait là, assis en tailleur devant l'immense manoir qui lui faisait face. Il ne bougeait pas. Et son frère l'observait, toujours plus intrigué par son comportement. Il s'était posté en haut d'un arbre, et attendait. Attendait que le temps passe. Mais le temps ne passait pas. Il restait figé, comme eux et comme, semblait-il, tout le monde autour d'eux. Aucun mouvements des branches des arbres , aucun écureuil sortant de son nid dans l'espoir de trouver une proie ni aucun un oiseau chantant. Aucune brise ne venait caresser leurs visages, aucune feuille ne volait. Non, rien, vraiment rien, ne venait déranger ce calme olympien. Et personne n'avait envie de bouger. Après tout, si on ne bouge pas, il ne peut rien nous arriver?!

L'ombre de cette personne assise là sembla esquisser un geste, avant de reprendre la même position. Sur le visage tourmenté de Rowan se lisait autre chose, comme une profonde réflexion que rien, même un tremblement de terre ne pourrait perturber. Comme une transe indéfectible que rien ne pourrait ébranler.

Des pierres... toujours les mêmes. Sans aucune faille, aucun trou. Parfaitement alignées. Parfaitement posées. Un toit. Pointu. Inaccessible. Surmonté d'un pic frôlant les nuages. Des fenêtres. Teintées. Non, elles n'étaient pas teintées. Rowan distinguait ses traits anguleux, vieillis par la fatigue, l'angoisse et la peur. Non, ce n'est pas la même chose. Il en avait fait l'expérience. D'abord l'angoisse. Puis la peur. Les fenêtres étaient faites d'un matériau particulier, ressemblant à un miroir. De sa main tremblante, mais assez vigoureusement, il avait essayer de la casser, avec une pierre. Elle avait rebondit mollement contre le carreau, avant qu'un "plouf", suivit d'un léger bruissement accompagne sa chute au fond des douves, remplies d'il ne savait quel liquide. "Encore un truc de magie" se répétait-il. Une porte. Très grande. Trèees très grande. Noir ébène. Comme les fenêtres. Comme le toit. Comme les briques, qui n'en étaient pas vraiment. Apparence. Et illusion. Toujours de l'illusion. De la magie. Rowan détestait la magie, depuis que son frère lui avait volé son jouet favori avec un de ses tours pourris. On se demande pourquoi il était aussi réservé, et paraissait craintif.  A cause de son frère. Et des autres. Ce n'étaient fait que d'illusions, c'était bête. Bête, mais époustouflant. Enfin bref. Ils préféraient quand même ces tours là que ce qu'il contemplait depuis déjà... il ne savait plus depuis combien de temps. 2 minutes? 2 heures? 2 jours? Il opta pour la dernière option. Il commençait à avoir faim. Non, non, reste là, continue à chercher. Tu n'as pas besoin de manger... N'oublie pas ta mission, petit, n'oublies pas... La porte. Blindée. Et comme le reste, impénétrable. Il se pencha par dessus les douves, surmontant son mal de tête, qui le suivait désormais partout. Il avait fini par s'en accommoder. Par faire avec. Il faisait partie de lui. Dans les douves, l'eau qui n'en était pas, noir d'encre, qui bouillonnait, bien qu'il n'y ait pas de bulles, comme une chute d'eau, en ajoutant ce glou-glou perpétuel, qui ne faisait qu'accentuer son mal de tête. D'abord, il fallait passer par dessus. Rowan avait une petite idée pour cela. Mais après... que faire? Ils n'allaient pas restés collés contre la paroi du bâtiment jusqu'à qu'on se rende compte de leur présence et qu'on les chasse! Il savait qu'on les avait déjà repérés, mais ce n'était pas la peine de se jeter dans la gueule du loup. Utiliser l'effet de surprise. Rowan prenait presque plaisir à imaginer une stratégie. Mais cette stratégie ne prenait pas forme. Calme  toi, petit, réfléchis, réfléchis, bon sang! Tu es intelligent petit, intelligent... Il se prit la tête entre ses mains. Cette voix. "Faites la taire!" suppliait-il en vain, en serrant ses mains de plus en plus fort sur son crâne. Il fut contraint de continuer. Son regard fut diriger de part et d'autre du manoir, puis il fut enfin libre de ses mouvements, quand il fut de nouveau plongé dans sa tâche, sans plus aucun espoir de rebellement. Il se concentra. Il n'y avait plus personne dans son esprit. Il était maître de son corps. Mais ça n'allait pas durer... autant en profiter... Il fit le vide... Dans un manoir il y a le rez-de-chaussée, le premier étage, le second... y en avait-il un troisième? Oui, sans doute. Donc, mettons trois étages. Et peut-être un grenier? Mettons un grenier, pourquoi pas? Mais, il y avait forcément quelque chose en bas. Une cave? Oui, peut-être. Aide moi, aide moi! Cette voix qui l'appelleait. Il ne devait plus être loin. Il se leva, retira les feuilles qui s'était attachée à son pantalon. Il fit le tour du château, en procédant minutieusement comme il avait l'habitude de le faire. Puis, il s'assit à nouveau, là où il n'avait pas encore examiné. Il réitéra ses gestes jusqu'à être revenu à son point de départ. Rien, rien et toujours rien. Comment allait-il le sauver? Et, d'abord, qui était-il? Et pourquoi était-il persuadé qu'il devait agir au plus vite? Pourquoi avait-il décidé de faire ça? On ne décide de rien. Tout nous est infligé. Ce n'est ni toi ni moi qui décidons. Ah bon? Et si lui, Rowan, décidait de prendre son destin en main? Il était persuadé, maintenant, que rien ne l'empêchait de rester là. Il ouvrit la bouche pour appeller son frère, mais... Tu ne partiras pas. Tu dois trouver une issue.  Il avait un but, et peut importait qui le lui avait donné, pourquoi il lui avait  donné, et concrétement, que devait-il faire, il avait un but. Qu'aurait-il fait sans? Rien. Heuresement que cette personne était là. Il devait faire appel à ses connaissances, à son esprit logique. Il devait trouver comment rentrer. Comment... Comment?