Chapitre 1 : Lâché prise

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Allongée sur le sol, je me noie dans ce ciel plein d'espoirs et de lumières. L'épaisse fumée qui s'échappe amplifie le son de ma respiration, et rend difficile le travail de mes poumons. Je suffoque.

Je me réveil en pleurant, je peine à respirer. Je suis dans mon lit, situé au milieu de dizaines d'autres. Tous les autres enfants dorment à points fermé. 

Ma respiration accélère, mes membres tremblent, des perlent tombent de mon front, je suis sale les restes de mon frère, de ma maison sont collés à ma peau. Je ne peux rester ici, il faut que je sorte de cet enfer.

Je suis en pyjama. Une longue chemise rayée blanc et bleu recouvre mon corps frêle et tremblant. Je cours, je pleurs, je tremble, j'ai peur. Quelques instant plus tard, me voilà dehors. Le vent frais de Chicago me fouette les jambe et me lave de la culpabilité encrée en moi. Je n'en peux plus. Je n'en peux plus de cette vie, complexe et invivable, qui s'est transformée en un véritable enfer. 

Je glisse ma main dans ma poche, et extirpe une cigarette. "Si un jour tu as besoin de te sentir invincible, allume la.", Mickaël me l'avait donnée le jour de mon dix septième anniversaire. Il est l'un des seul à savoir le calvaire que j'ai vécu avant d'arriver ici.Je l'allume. La flamme illumine les souvenirs de mon passé. Ma vie défile. 

Je vois d'abord ces moments partagés entre ma mère, Charlie, et moi. Ces dîners somptueux qu'elle nous préparait  lors des fêtes familiales et chaleureuses. Ces fous rire que nous partagions, et les pleurs qui nous soudaient et faisaient de nous ce que nous étions: une famille. Ma mère nous a élevé seule mon frère et moi. Je n'ai jamais connu mon père, même pas son prénom. Maman n'a jamais voulu nous le dire. Je sais que cela lui faisait trop de peine et rouvrait, dans son cœur, une plaie qui n'a jamais réellement été refermée. Nous vivions parfaitement bien sans lui et nous étions heureux. Nous étions heureux jusqu'à ce jour, le huit avril deux mille quatorze. Cette date est simple de mémorisation, c'est le jour du mariage du président Georges Fitzgerald Hamilton, un homme que j'admire, avec sa femme Scarlett Daves. Ma mère pleurait devant cette union prestigieuse, faisant certainement remonter des souvenirs heureux passés avec mon géniteur.

 A partir de cette journée qui avait pourtant réjouit la famille, tout devint plus sombre. Maman ne rentrait plus le soir. Il lui arrivait de disparaître plusieurs jours et elle titubait en passant la porte. Elle jonglait entre drogue et alcool. Je me retrouvait alors maîtresse de maison et mère de substitution pour Charlie, mon frère. Maman pleurait beaucoup. L'enfer venait de commencer.  Je travaillais, en tant que serveuse. Ce poste était sous payé et dégradant au vu de l'attitude des clients. Mais je nourrissais l'espoir que tout redevienne comme avant. C'était mon rêve. La dépression prit le dessus plusieurs mois, mais je voyais au fond de ses yeux qu'elle remontait la pente, j'étais la pour elle, pour Charlie aussi, je faisais ce que je pouvais pour l'aider à vaincre ce nuage noir. 

Petit à petit, elle reprenait goût à la vie, elle s'amusait parfois avec son fils et nous faisions des essayage avec ses vêtements. Maman avait beaucoup de rendez-vous, elle recevait beaucoup de coups de téléphone, et paraissait parfois anxieuse. Le vingt octobre deux mille quatorze, tout bascula. La maison prit feu. Charlie, cet incroyable enfant de huit ans, mon frère que j'ai aimé plus que tout, celui pour qui j'ai donné tant d'énergie mourut dans l'incendie. Quant à ma mère, elle fut emprisonnée pour vente et consommation de stupéfiant, sans oublier sa deuxième inculpation pour incendie volontaire ayant engendré un homicide involontaire. Des larmes montaient dans ma gorge et venaient s'échappées par mes yeux. Charlie, mon amour, mon bébé je t'aime et penser à toi m'arrache cette partie de moi que tu as emportée quand tu es parti rejoindre les anges. Les larmes coulent, je continue d'aspirer cette fumée qui assèche mes poumons mais qui me donne la courte impression de réchauffer mon cœur. Je ne suis jamais allée voir ma mère en prison. Elle a tué mon frère. Je n'ai même pas ouvert ce carton qui referme ces babioles qui ont échappées au feu. Je veux juste oublier. 

La période la plus sombre de ma vie débuta après le procès de ma mère qui à prit vingt ans de prison. Commença le calvaire des familles d'accueil... Un an et six mois passée à errer entre les maisons et les foyers... Je ne veux pas me remémorer cette période, cette année et ses six mois. Je ne peux pas. Mes larmes ne se sont pas arrêtés de coulées, elles tombent silencieusement et gracieusement de mes yeux marrons. ma cigarette se finit. Il m'en faut une autre. 

Je me faufile dans la salle de pause des éducateurs à la recherche du casier de Rick. Je sais qu'il fume et je prie pour qu'il garde un paquet dans son casier? Le connaissant un petit peu pour avoir longuement parler avec lui, je me doute que l'objet convoité sera à sa place, dans ce casier. Je l'ouvre et entrevoit un paquet de MALBORO qui attend bien sagement que quelqu'un vienne le prendre. Ce quelqu'un est arrivé, me dis-je en attrapant le paquet. Je referme le casier et m'apprête à sortir, quand je vois sur la table centrale une pile de dossiers. Ma curiosité l'emporte. J'étale rapidement les pochettes sur le bois et regarde si mon nom s'y trouve. JADE MCLAURENS. Je l'ai. Je prends les quelques feuilles qui composent ce dossiers, les plie et les fourre dans ma poche avant de reconstituer la tour.

Je rallume une deuxième cigarette, et commence à lire. MCLaurence, Jade née le 20/05/99 à Charleston, caroline du Sud, fille de Silvia McLaurens et de "inconnu", frère: Charlie McLaurens, décédé. Mes larmes reprennent de plus belle. Ils dressent ensuite brièvement mon portrait physique avant de passé à ma "santé psychologique". Ce que je lis me blesse au plus au point "Jeune femme en état de stress post traumatique (STP) causant des comportements violents et une tendance à un état de démence... doute quant à une éventuelle consommation de stupéfiants". En lisant cela, je jette ma cigarette, et cours sur le pont à quelques mètres du trottoir où j'étais assise. Je m'y arrête et hurle.

- Vous ne me connaissez pas, vous ne savez pas qui je suis, ni le dixième de ce que j'ai vécu! Vous vous permettez de dire des horreurs sur moi comme celles-ci! Je vous HAIS! JE VOUS HAIS TOUS! Je fonds en larmes et ma respiration se coupe.Je chuchote. Je n'en peux plus je veux partir, Charlie mon ange, j'arrive.

J'enjambe le pont et me retrouve face à un torrent déchaîner, dans lequel je me reconnaît moi et ma vie. Je ne veux qu'une seule je unique chose, sauter. Je ferme les yeux, mes bras lâchent la barrière, j'attends ma chute avec angoisse et joie. C'est la fin.

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