Chapitre 6: Rencontre

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Je me perd pour la dixième fois dans les rues bondées de Charleston avant de découvrir enfin la façade de l'hôpital. Ma voiture garée, je descends, ferme la portière et me dirige vers l'entrée du bâtiment. Un nœud se forme dans mon estomac, je sens les battements de mon cœur s'accélérer et pendant ces quelques instants, le temps ne s'écoule plus, le bruits du monde s'arrête, les mouvements rapides des passants, de la vie ne sont plus que de lents soupirs. Un élan d'espoir traverse mon corps, mon être et emplis mon âme d'une joie mêlée à de la peur. Mes questions se bousculent dans ma tête. La vie reprend son court et je pousse la porte, porte derrière laquelle je découvre un univers parallèle à l'ambiance extérieure. Le blanc peuple les murs, le personnel, cela est fascinant. Je ne suis jamais réellement rentrée dans un hôpital et cet univers m'intrigue et me fais peur autant qu'il m'émerveille. Je trouve cet endroit bourré de paradoxe, le blanc, représentant la pureté, l'innocence, la paix, cette couleur mêlée au rouge du sang versé par ces étrangers coupable de milles et uns crimes. Cet idée me fait peur et plaisir. 

Je me dirige vers le bureau de l'accueil, où une infirmière plutôt jolie est postée, le regard dans le vide en attendant que quelqu'un ne daigne se présenter. Elle a le visage fin et creusé, sa peau est pâle et contraste merveilleusement avec ses longs et épais cheveux bruns. Son nez semble grossier comparé  ses grands yeux noirs ridés par les années passées à rire et à pleurer. Quant à sa bouche elle est fine et naturellement rosée. Je m'approche et reste figée sans réellement savoir quoi dire. 

-Bonjour, sa voie est douce et chaleureuse, je peux vous aider?

-Bonjour, je suis hésitante, je voudrais consulté mon dossier, j'ai lu qu'il était possible de venir ici pour avoir accès à des papiers se trouvant à l'intérieur. 

Son sourire timide me parait triste.

-Quel type de renseignement recherchez-vous? 

-Je voudrais voir mon acte de naissance.

-Très bien j'aurai besoin de votre nom, de celui de votre mère, et enfin de votre date de naissance s'il vous plaît. Ses yeux sont rivés sur l'écran et ses mains attendent mes informations pour les rentrer dans la base de recherche.

-Oui, alors je m'appelle Jade McLauens, je suis née le vingt mai mille neuf cents quatre-vingt dix neuf, et ma mère se nomme Silvia McLaurens.

Jusque la ses mains tapaient machinalement les mots entendus, mais à la compréhension du nom de ma mère, celles-ci s'arrêtèrent de fonctionner. L'infirmière était comme paralysée. J'arrive à lire sur ses lèvres le prénom de ma mère. Elle lève les yeux vers moi, ils sont pleins de tristesse et d'émotions, je vois cependant, sur son visage un léger sourire se dessiné.

-Tu es la fille de Silvia, Jade? Son sourire est scotché à son visage, je hoche la tête. 

Après cette question, je me sens comme déconnectée, je n'arrive plus à suivre le flux d'interrogations que forment ses lèvres. Elle contourne le bureau d'accueil et se positionne à ma gauche, de là, elle passe son bras autour de mes épaules et me conduit m'asseoir sur une des chaise destinée à l'attente des patients. Elle me regarde et sourit, ses yeux pleins de larmes, elle me prend dans ses bras et  me serre contre elle. Durant ces quelques instants je sens de nouveau comme la présence d'une mère. Elle s'éloigne de moi et m'observe avant de se présenter.

-Excuse moi pour cette familiarité, tu dois surement me prendre pour une folle, mais c'est que Silvia... Je m'égare, commençons par le début, je m'appelle Dana Marciano, je travaille en tant qu'infirmière dans cette hôpital depuis que ta mère à quitter Charleston.

Entendre de sa bouche qu'elle connais ma mère me réjouie. Je vais pouvoir en apprendre plus sur la jeunesse de ma mère, et qui sait, peut être même sur mon père. Elle continue son histoire.

-Je vis ici depuis maintenant vingt cinq ans et ta mère et moi étions dans le même lycée, pour dire vrai, elle était ma meilleure amie, et te voir toi, sa fille -ses deux mains descendent mes bras symétriquement- me ramène à ma jeunesse et fait remonter en moi des souvenirs tellement heureux que je me suis emporté. Ta mère est avec toi? Ou logez-vous? Tu as des frères et sœurs? En tout cas tu as ses yeux, grands, marrons. Tu es magnifique!

Je sourie, mais comment lui avouer, elle semble si enjouée à l'idée de revoir son amie. Il le faut.

-Ma mère n'est pas avec moi, il faut dire que sa vie est quelque peu... en suspend actuellement... 

-Oh..., elle parait surprise et déçue mais son sourire revient vite et elle enchaîne. Tu es venue toute seule je suppose... je hoche la tête, Parfait, cela peut te paraître précipité et étrange mais je tiens à t'inviter à loger chez moi le temps de ton séjour ici, il m'est impensable de perdre de vue la personne qui reflète mon passé et qui pourrait me permettre de reprendre contact avec Silvia, et puis te savoir seule, dans une ville que tu ne connais  pas ne me rassure en rien.

Je souris, des larmes coulent sur mes joues. Cette femme, est pleine de maternité et me porte un intérêt que je n'est pas reçu depuis un long moment. J'accepte sa proposition, en espérant en apprendre plus sur ma mère, sa jeunesse, mon père. J'en oublie l'acte de naissance, mais je ne veux pas mettre fin à cet instant précieux que je suis en train de vivre. Elle se lève me dit de l'attendre devant l'hôpital, et m'indique qu'elle me rejoint dans quelques minutes.

Je suis ses instructions à la lettre et la peur qu'elle ne vienne pas me prend d'un seul coup. Je tremble. Je suis assise et décide de me détendre et attrapant dans mon sac, le paquet de cigarettes qui s'y trouve. J'allume le cylindre empli de tabac et patiente. Je fume tranquillement lorsque devant apparaît le garçon source de mon agacement passé. Il me regarde et me parle.

-Alors, ce pneu, il t'a permis de me suivre d'après ce que je vois. 

-Te suivre?! Certainement pas! je souffle bruyamment pour qu'il comprenne que sa présence m'énerve. Il ne bouge pas. Tu ne peux pas aller faire ce que t'as à faire plus loin?

-J'attends quelqu'un figure toi, et elle m'a dit de l'attendre ici, donc tu vas avoir le privilège de rester avec moi encore un petit peu ou sinon, tu peux, toi, te déplacer, son arrogance ne fait que renforcer l'agacement qu'il me provoque.

-J'attends aussi quelqu'un donc non, je ne bougerai pas. 

Nous attendons tous les deux cote a cote sans qu'aucun mot ne circule. Je suis donc ravi de voir arrivée Dana au loin. Je me lève et vois qu'il avance aussi. Je le regarde et lui lance.

-Tu comptes me coller combien de temps?

-Je ne sais pas encore... il rie et me frotte la tête.

Avant que je n'ai pu dire ou faire quoique se soit, Dana m'a rejoins, nous regarde sourit et articule, 

-Je vois que vous avez déjà fait connaissance.

-Pas vraiment... grimace l'inconnu.

-Très bien, Jade, je te présente mon fils, Liam. Liam, Jade, la fille d'une vieille amie. Elle va venir passer quelques jours avec nous.

Je souris, mais l'envie n'y est pas. Il faut que je contrôle mes nerfs si je veux en savoir plus sur mes origines. J'attends cette discussion avec impatience. Assise dans la voiture, Je regarde le paysage. Nous arrivons rapidement chez les Marciano quand je m'aperçois que mes affaires sont restées dans mon véhicule, garé sur le parking de l'hôpital. Je ne suis pas la seule à le remarquer, Dana me lance, en effet, un regard paniqué et comprend vite la situation. Sans que je ne dise un mot elle lance, 

-Liam, tu vas aller avec Jade à l'hopital, qu'elle puisse y prendre ses affaires.

Il souffle et se dirige vers la porte, je le suis en silence et monte dans sa voiture. Nous sommes à côté mais je sens entre nous une distance folle. Il allume la radio et commence à chanter. Cette scène me fait mourir de rire, je décide alors de laisser s'en aller une partie de ma carapace, et de chanter avec lui. Il me regarde avec un air surpris, mon rire s'arrête, tout comme mon chant. Le stress monte, mes joues s'empourprent et nos deux rires reprennent. C'est étrange à dire, et je ne saurais comment l'expliquer mais je ressent comme une connexion, peut être est ce dû à son rire qui semble plein de regrets, d'amertume et de douleurs tout en étant complètement sincère et spontané. Dans ce rire je vois le mien, similairement plein de regrets, d'amertume et de douleur, mais sur le moment sincère et spontané. Nous rions aux éclats lorsque mes larmes coulent sur mes joues. 

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⏰ Last updated: Aug 22, 2017 ⏰

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