☆LORIE : CHAPITRE 4☆

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          Assise en tailleur, je profite de la vue que me procure la pleine lune. Quelques étoiles l'entourent et forment un halo de lumière pour soutenir leur reine. Je tourne la tête vers Harry qui est aussi silencieux que moi. Il est en appui sur ses paumes derrières son dos, les jambes croisées et le regard vers la souveraine de la nuit.

- « C'est beau, hein ? »

          Il tourne son regard vers moi, penche la tête sur son épaule et me sourit un peu. Il hoche la tête et se met dans la même position que moi. Nos genoux se touchent et ses phalanges effleurent mes chevilles alors qu'il empoigne les siennes, le dos courbé.

- « Qu'est-ce que tu fais là ? »

          Je fronce des sourcils un petit sourire amusé sur le bout des lèvres.

- « Eh bien disons que ... c'est un peu toi qui m'a demandé de venir ... enfin, faut savoir ce que tu veux, mon petit chou. »

          Je me fous un peu de sa gueule mais je sais exactement où il veut en venir et de quoi il parle. Je ne fais qu'esquiver la question. Et monsieur n'en rate pas une pour me le faire remarquer.

- « Ce n'est pas de ça que je parle, Lorie. Je voulais dire : qu'est-ce que tu fais là, au centre ? »

          Mon sourire tombe et je me crispe, je me redresse et inspire profondément. C'est une chose dont je n'ai encore jamais parlé. Et personne n'a encore osé mettre ce sujet sur la table avec moi de cette façon. Le Doc y a toujours fait allusion, sans plus. Tout de suite les mauvaises habitudes réapparaissent et mon agressivité refait surface.

- « Wow. Alors ... euh ... on se connaît depuis quoi ? 24h à tout cassé ? Et tu me poses déjà des questions aussi personnelles ? On va se calmés, hein ? Tu vas ... redescendre d'un niveau aussi, déjà, et arrêter d'être aussi... brusque et sûr de toi parce que ... ouah, ça m'énerve. »

          Il me sourit gentiment ce qui ne manque pas de m'irriter encore plus. Il est calme, serein alors que moi je suis perdue et perturbée, je n'arrive pas à garder le contact visuel plus de 5 secondes, je ne suis tout simplement pas moi. Je ne suis que ce qu'on a fait de moi. On m'a modelé en fonction de qu'on voulait que je représente et je me sens mal. Je suis guidée alors que je devrais être libre. Et ces barrières, c'est moi qui me les inflige. Au fond, qu'est ce qui m'empêche de parler de ce qui m'a mené ici ? Rien, à part la honte, et c'est déjà un gros stop pour moi ...

- « Je me sens honteuse. Et ... Je pense que ... c'est un peu ce qui m'empêche de parler des raisons qui ont fait que ... voilà ... j'ai dû venir ici pour me faire aider. »

          Il hoche la tête et me fixe un petit moment avant de prendre la parole.

- « Tout le monde se sent honteux au début. Et je te mentirai si je te disais que tu n'as pas de quoi l'être. »

          Nous rions un peu. Amèrement pour ma part. Pour lui, je ne sais pas.

- « C'est normal. En fait tu passes par tout un panel de sentiments. Au début, quand tu te fais prendre, c'est la colère. Tu es en colère contre toi même d'avoir été maladroit. Contre tes parents qui te gueulent dessus. Contre les petits merdeux qui t'ont initié. Et contre le monde et le destin d'avoir foutu cette merde sur ton chemin. Après tu as le vide total, tu t'isoles, tu ne veux voir personne, tu ne veux parler à personne, tu veux juste être seul et t'apitoyer sur ton sort. Ensuite c'est la tristesse pour certains, la honte pour d'autres. Mais ce qui est bon à savoir, c'est que c'est passager. Soit tu choisis de combattre, ou alors tu attends que ça passe. Tu peux attendre un mois comme un an comme un siècle. C'est toi qui choisis. Tout ça, là, tous ces sentiments, c'est dans ta tête. Tu peux dire merde à tout ça et aller de l'avant, ou alors stagné et attendre la faucheuse. »

          Sans dire que je pleure déjà, je détourne les yeux, essuie mes larmes du revers de la main et me concentre sur Harry à nouveau. Facile à dire tout ça. Comment on fait quand on sait plus qui on est ? Je suis fatiguée, je suis épuisée, je suis mal dans ma peau, je suis mal à l'aise, je suis juste ... pas moi et ça me dérange. Harry pose sa main sur ma joue et la caresse du pouce.

- « Ça va aller, Lorie. Je suis là maintenant, le doc, lui, il est là depuis le début. Tu n'as juste jamais remarqué l'attention qu'il t'attribue, c'est tout. Maintenant, tu as l'air au bout de ta vie, alors, je pense qu'on va aller se coucher, hein ? »

          Je souris doucement, hoche la tête, soupire avant de me lever après que Harry m'ai proposé ses mains en guise d'aide. Une aide que j'ai bien sûr accepté. Nous rebroussons chemin dans un silence apaisant qui me laisse réfléchir à la discussion que nous avons eu un peu plus tôt et à mes envies d'avancer ou de stagner. C'est dur de se relever après être resté au sol pendant plusieurs mois. Nous montons ensembles les deux étages menant à nos chambres respectives. Elles ne sont pas loin l'une de l'autres, nous n'y avons juste pas fait attention plus tôt. Devant la mienne, nous nous arrêtons le temps d'un au revoir. Il me fait la bise et me dit qu'il passera me chercher demain, au matin, pour le petit déjeuner. Dans ma chambre, je détache mes cheveux devant la commode et les brosse avant de les rattachés en chignon n'importe comment sur le dessus de ma tête. Je me change en pyjama et entre dans la salle de bain pour un rapide petit coup d'eau sur le visage, brossage de dents inclus. Puis je me glisse dans mon lit sans trouvé le sommeil.

          Les mots de Harry m'ont drôlement perturbé. Il a de quoi être fier de lui, dis donc ! Il a bien plus d'expérience que moi, lui, il a déjà dépassé cette étape, il en connaît forcément un rayon de plus que moi, sachant que ... Je n'en connais pas beaucoup. Je voudrais bien lui en parler mais, c'est dur quand on ne sait pas nous même ce qui nous a mené dans toute cette merde et je me dis que si je veux en parler à Harry ou même au doc, faudrait d'abord que je connaisse moi-même l'histoire. Je ne sais pas quand est ce que je vais m'y mettre mais, je m'y mettrais et avec le doc et Harry maintenant à mes côtés, je sais que j'y arriverai. Ça peut prendre une semaine comme dix ans, ça prendra le temps que ça prendra et l'essentiel c'est le résultat qui, j'espère, sera positif. Dure journée aujourd'hui.

I need help { HARRY STYLES }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant