Chapitre 20

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Chapitre 20

Every face wears a mask

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Le marché aujourd'hui est bondé de monde. Les mères de famille, les jeunes, les vieux, les enfants, les riches, les pauvres, tous sortent de leur tanière pour passer un peu de bon temps dehors, à loucher sur les marchandises, les fruits, les babioles et j'en passe. Une vraie perte de temps.

Les étalages s'étendent à perte de vue, offrant aux regards leurs produits. Les vendeurs crient, hurlent leurs prix à tue-tête, présentant des objets ou de la nourriture comme un trésor à découvrir. Ils offrent des compliments, des sourires, tout pour attirer la clientèle devant leur stand.

Je prends ma pomme et lance mon sac par terre puis je m'adosse à un pilier d'un étalage.

Je prends un air chapardeur et lance des clins d'œil aux demoiselles qui passent de temps à autre, les faisant glousser ou rougir. Je suis un garçon de dix-huit ans, je dois me comporter comme tel.

Je croque un bon coup dans le fruit juteux et mâche un peu bruyamment en observant tout ce beau monde.

Ma cible ne devrait pas tarder à arriver.

J'ébouriffe mes cheveux de sorte à ce qu'ils cachent mes yeux puis je croise les bras en continuant de mâcher.

Le vieux fleuriste est en face de moi. Il commence déjà à rassembler les orchidées en un fin bouquet.

Il prendra les bleus. Les mauves. Et les roses.

Sa grande main calleuse effleure les nombreuses fleurs entreposées dans des paniers, et il choisit avec précaution les plus belles. Les plus délicates. Les plus colorées. Il saisit avec expertise les tiges les plus lisses, et les cœurs qui sentent bons. Il est maître de son métier.

Et il prend les bleus. Les mauves. Et les roses.

Il les entrepose avec soin dans un panier en oseille recouvert d'une soie pure et blanche, puis il le met de côté.

C'est à mon tour de jouer.

J'effleure discrètement ma lame de mes phalanges puis après avoir lancé un regard prudent aux alentours, je m'approche rapidement après avoir passé mon sac sur l'épaule. Personne ne prête attention à nous.

Lorsque j'arrive près du stand, le fleuriste lève les yeux et sa bouche s'entrouvre. Je porte ma main à ma ceinture, le cœur battant avec précipitation. Je souris.

-Florent ! Comment vas-tu ?

Le faux prénom qui résonne à mes oreilles me tire presque un ricanement que je refoule avec difficulté.

-Bonjour, monsieur Guillaume, je me porte à merveille ! Et vous, vous en avez vendu beaucoup depuis ce matin ?

Je désigne en riant la quantité astronomique de fleurs aussi diversifiées les unes que les autres entassées dans les paniers et dans sa charrette. Il lève les yeux au ciel et secoue la tête.

-Pas une seule ! A croire que les gens oublient la beauté de la nature. Au fait, tiens, je t'ai préparé ton bouquet. Heureusement que tu es là pour égayer un peu ma journée.

La main dans ma bourse pleine de pièces, je retire huit sous que je tends au fleuriste qui me remercie chaleureusement.

Je prends le panier et m'apprête à partir lorsque le vieil homme me retient.

-Une minute mon garçon ! J'ai quelque chose pour toi.

Il se tourne, cherche quelque chose en dessous ses étalages et après avoir marmonné quelques grossièretés à propos de son dos, il se redresse et me tend... une rose blanche.

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