Le masque est si charmant que j'ai peur du visage
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4 ans plus tardLe silence assourdit mes oreilles. On entend ma lourde respiration, qui s'efforce d'être lente.
Mes yeux scrutent l'ensemble du lieu où je me trouve, à l'affût du moindre bruit, du moindre mouvement. Mais absolument rien. Ce n'est pas normal. Pourquoi ce silence est-il si pesant ? Quelque chose cloche.
La précision, la discrétion, l'habileté, je les maîtrise tous, mais le silence est un mauvais compagnon de route. Il n'y a rien pour camoufler le bruit de mes pas.
Qui a décidé de figer le temps ce soir ?
La pièce dans laquelle je me trouve est complètement sombre. Il n'y a qu'une seule fenêtre, par laquelle je suis entré. Il n'y a aucun effet personnel, aucune couleur ou quoi que ce soit. Le lit situé au centre est vide, aucun indice qui prouverait que la personne que je traque occupe cette pièce, ce qui me contrarie beaucoup. Où est passé le Duc ? A cette heure-ci, il est censé dormir dans cette chambre, et cette dernière est anormalement vide. Pile le soir où je décide de passer à l'action.
Génial. Je pense pourtant avoir été prudent lors de mes recherches. Se pourrait-il qu'il ait été prévenu ?
Je vais être obligé de sortir de la chambre, ce qui bouleverse tous mes plans travaillés à l'avance. Je n'avais pas prévu qu'à trois heures du matin, monsieur ferait une balade nocturne !
J'effleure de ma main mon poignard pour en ressentir la fraîcheur ; aussitôt, un sentiment d'excitation m'envahit. Un peu d'action ne me ferait pas de mal !
Je le tire de mon fourreau et en lèche la lame ; je me languis déjà du sang de la prochaine victime. Je m'imagine le liquide couler le long du manche et tomber goutte à goutte sur le sol, tel un précieux breuvage. Nombre de personnes sont passées de l'Autre Côté et je ne suis toujours pas rassasié. Je ne peux m'empêcher de ressentir de l'extase chaque fois que j'assassine quelqu'un.
Une lueur malsaine dans le regard, j'ouvre doucement la porte bien huilée et m'engouffre de l'autre côté après avoir vérifié qu'il n'y avait aucun garde aux alentours. J'ai les muscles tendus, les sens aux aguets.
Je sens un mouvement à mes côtés et un frisson me parcourt le corps. Je tourne la tête vers le côté : une rose s'est enroulée autour de ma cheville. Je souris : la puissance est avec moi. Je contrôle absolument tout. En particulier ces fleurs qui, lorsqu'elles prennent conscience, se transforment en redoutables armes.
J'ignore d'où me vient cette particularité. Aussi loin que je me souvienne, c'est-à-dire il y a quatre ans, des roses ont toujours surgit de mon dos pour venir m'agripper lors d'un combat dangereux. Au début, elles me faisaient mal avec leurs épines, mais je me suis rendu compte par la suite que je guérissais rapidement et qu'elles se révélaient être une arme efficace. Et cela était un atout précieux pour mon métier.
Une autre rose me chatouille le cou pour venir s'enrouler autour de ma tête, par-dessus mon bandeau. Bientôt, des perles de sang perlent de mon visage et coulent sur mon masque, égratigné par les épines.
Pourquoi se sentaient-elles toujours obligées de me blesser avant de partir à l'attaque ? J'avais de multiples coupures sur le corps à cause d'elles. A croire que je renforçais leur puissance d'attaque.
Je passe un bref coup de main sur le masque et me remet silencieusement en marche.
-Qui va là ?
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Protéger
ActionIl n'a plus aucun souvenir. Il n'a plus aucune mémoire. Juste deux misérables mots : protéger. Et tuer. Deux mots qui ont une puissance inimaginable, utilisés à mauvais escient. Mais c'est ce qui compte, puisque c'est ce qui reste. Peu importe les...