Chapitre 17

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-Ouvre les yeux.

Non.

Je ne veux pas les ouvrir. Je suis bien là où je suis. Il fait noir, le calme règne en maître et la sérénité coule dans mes veines. Tout est délicieusement paisible, rien ni personne ne vient me déranger. C'est comme dormir dans l'eau.

-Tu as une mission. Ouvre les yeux, jeune garçon.

Une mission ? Oui, ça m'est familier. Mais elle peut bien attendre, non ? Rien ne presse.

Pour le moment, dormir. Ça fait tellement du bien...

-Ouvre les yeux !

Je grogne. Maintenant, ma bulle se remplit d'un sentiment de mal être, remplaçant la relaxation et le bien-être par quelque chose de plus froid, plus désagréable. Où suis-je ? Pas là où je devrais être, j'en ai la certitude.

J'ai l'affreuse impression d'être prisonnier.

-Je te le répète une dernière fois : ouvre les yeux ! Je sais que tu es réveillé !

Cette fois, j'obéis à la voix autoritaire. Un visage pâle, sévère mais beau me fixe d'un air mécontent.

Je suis suspendu à des chaines. Je retrouve lentement mes sens et la douleur envahit rapidement mon corps. Mes poignets et mes chevilles sont glacés, mais mon crâne lui est en feu.

La conscience me revient également et une flopée de questions apparait dans ma tête.

Comment suis-je arrivé ici ?

Que fais-je ici ?

Pourquoi suis-je dans cet état ?

Mais surtout... qui suis-je ?

Cette question apparaît de nulle part, pourtant sensée. Qui suis-je?

Qui suis-je?

Qui suis-je?

J'attends que la mémoire me revienne d'un coup, mais rien ne se passe. Mon cœur se met à battre de plus en plus rapidement. C'est un gros problème. Qui me fiche un grand coup de stress. Réponds, mémoire, dévoile-moi ce que je suis!

Il y a un énorme trou noir de ce côté-là et ça me déstabilise et me panique complètement. Je ne me rappelle pas d'avoir eu une existence auparavant. C'est comme si on venait de me créer, avec tous les automatismes nécessaires pour vivre normalement : penser, parler, respirer...

-Ton visage est un véritable trésor pour les yeux, murmure la jeune femme en face de moi.

J'inspire un bon coup. En plus d'être secoué et désorienté, j'ai la désagréable impression d'avoir hiberné.

-Revenons-en à nos affaires. Te rappelles-tu de quelque chose ?

J'ouvre la bouche, mais une violente toux me prend aussitôt et je crache mes poumons à ne plus avoir de souffle. La jeune femme attend tranquillement et ne fais pas un geste pour m'aider. Finalement, je me calme et je laisse ma tête rebondir sur ma poitrine.

-Je... je ne sais plus.

Ma voix me semble déraillée, comme si je n'avais pas parlé depuis longtemps.

-Fais un effort, mon ange.

Le sourire mielleux de la femme blonde est sans aucun doute hypocrite. Je ressens pour elle un dégoût instinctif, j'ignore pourquoi. Est-ce que je la connaissais dans le passé ?

Je ressens la puissance autour d'elle, c'en ait intimidant. Elle me fait même un peu peur. Elle irradie de charisme, c'est vraiment déroutant. Pourtant, j'ai en même temps envie de lui plaire, c'est très paradoxal. Je me concentre de toutes mes forces. Des lettres, des chiffres, des nombres tourbillonnent dans ma tête jusqu'à former lentement huit lettres bien distinctes. Le mot me paraît extrêmement familier, voir rassurant. Quel lien ai-je avec ce mot ?

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