Légère

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Le réveil sonne. Je l'arrête. Je m'extrais de la chaleur de mon lit et des bras de Scott. Je vais machinalement vers la douche.

Vivement le week-end.

Une fois propre, je descendai, comme tous les matins, pour préparer nos deux cafés avec cette machine qui fait de si bonnes boissons, mais qui fait tant de bruit.

Ce matin, à cause du réveil brutal, le grondement me paraissait plus fort que d'habitude, et je dûs arrêter la machine en route. Ma tête me faisait mal, elle tournait même un peu. Je m'appuyai contre le plan de travail pour reprendre mes esprits. Je me relevai, mais un vertige me prit à nouveau.

Cette fois-ci, je sentais mes jambes s'alourdir, et chaque battement de mon coeur résonnait comme si ma tête avait été une cloche. Le tournis se fit plus fort, et je dus m'asseoir sur la chaise la plus proche.

Comme je n'allais pas mieux, j'eus l'idée d'appeler Scott, mais mon souffle était trop court. Dans un vain effort pour me lever, je renversai une carafe, et je l'entendis se briser par terre. Ma vision se troubla, ma tête cogna la table. Il me semble que je n'ai même pas senti quand elle atteint le sol.



J'entendais, ou plutôt je distinguais à peine, des voix autour de moi. Celle de Scott était parmi elles, mais je ne reconnaissais pas les autres.

Mes paupières étaient lourdes et il me fallut un effort incroyable pour les soulever.

"... Il ouvre les yeux! Réflexes oculaires..."

Un rayon blanc d'une violence inouie vint balayer un des mes yeux, puis l'autre.

"... et les réflexes oculaires sont bons!"

Une autre voix s'adressa directement à moi. Je ne distinguais pour l'instant que la silhouette de quelqu'un, penché au-dessus de moi.

"Monsieur, Grassi, est-ce que vous m'entendez? Si vous m'entendez, je vais vous demander de vous concentrer sur ma voix."

Cette voix était calme, on y sentait l'habitude de gérer des cas similaires. La personne à la voix calme prit mon pouls.

"Vous allez revenir à vous lentement, restez calme, n'essayez pas de parler, ne vous fatiguez pas... Clignez des yeux si vous m'entendez."

Il me fallut quelques secondes pour arriver à fermer mes yeux, puis à les rouvrir.

Ma vision me revenait peu à peu. L'homme à la voix calme était un urgentiste, la trentaine, cheveux roux, lunettes épaisses.

Dans un coin, Scott me regardait, l'air inquiet. Les urgentistes ne le laissaient pas venir jusqu'à moi pour qu'il ne les dérange pas.

"Vous avez juste fait un petit malaise. C'est pas grave, vous êtes réveillé. On essaie de s'asseoir?"

Il passa une main dans mon dos pour m'aider à me relever. Ce fut long et pénible, mais j'y arrivai. Mes sens revenaient petit à petit, et j'arrivai presque à me tenir assis sans qu'il me tienne.

"On va tester vos réflexes moteur. Touchez vos doigts avec vos pouces? Voilà, comme ça... Il y en a un qui résiste? Non? Vous y arrivez? Bon. Une douleur quelque part?"

Je répondis non en secouant la tête. L'urgentiste posa sa main sur ma jambe.

"Est-ce que vous sentez ça? Oui? Très bien, maintenant, bougez vos orteils... Parfait. Je vais vous demander, lentement, s'il le faut, de prononcer votre nom."

"Mitc...ch Grasssssi"

L'urgentiste posa sa main sur mon épaule avant de continuer.

"Bonne nouvelle, en tous cas ce n'est pas un AVC. C'est déjà ça. Puisque vous étiez à jeûn et à peine réveillé vous avez sûrement fait une chute de tension. C'est rare, à votre âge, mais ça arrive. Votre tête a percuté le sol alors vous n'allez pas être très en forme dans les prochains jours, mais vous vous en remettrez."

Il me laissa assis sur le canapé et alla voir Scott, sans doute pour lui donner des recommandations. Les deux autres urgentistes remballèrent leur matériel et tous s'en allèrent. Scott vint s'asseoir à côté de moi et m'entoura de ses bras.

"Tu m'as fait tellement peur! Tu vas mieux?"

"Oui, je crois..."

"Mais, qu'est-ce qui t'es arrivé?"

"Je... La machine faisait du bruit, j'ai eu mal à la tête, je me suis évanoui."

"La machine... Tu veux dire la machine à café? On la remplacera. Heureusement que tu n'as rien."

Il embrassa le haut de ma tête, puis mon front.

"J'ai pris un jour de congé pour m'occuper de toi. Je vais appeler Kirstie pour toi."

"Non, je peux le faire.."

"Si tu le dis."

Il me tendit mon téléphone et alla me servir un verre d'eau. Il entreprit ensuite de collecter les bris de verre dans la cuisine.

Kirstie - Allo? Mitch?

Mitch - Bonjour.

K - Qu'est-ce qui t'arrives? Tu ne peux pas venir? Je t'attends depuis plus d'une demi-heure!

M - Non, je dois me reposer.

K - Ouh, rien qu'à t'entendre, tu n'as pas l'air en forme...

M - Non, j'ai... je suis tombé.

K - Comment ça tombé?

M - Je ne sais pas... Il parait que j'ai fait une chûte de tension.

K - Quoi? Il paraît que ça peut être grave! Tu vas mieux?

M - Toujours un peu sonné, mais...

K - Tu as vu un médecin?

M - Oui, il y avait des urgentistes, et...

K - Non, je veux dire un vrai médecin.

M - Pourquoi j'irai?

K - C'est ce que font les gens qui maigrissent et qui s'évanouissent sans raison.

M - Oui... Je verrai.

K - Je compte sur toi. Evidemment, tu as ta journée. Remets-toi bien, et heureusement que demain c'est le week-end.

M - D'accord, à lundi.


Une médecin... J'avais trop de fierté pour me remettre entre les mains d'un médecin.

"Dis-moi, Mitch, tu es toujours à jeûn... Qu'est-ce que tu veux manger?"

"Comme tu veux. Ne te complique pas trop la tâche, fais quelque chose de simple."

"D'accord. On part sur une pizza livrée à domicile?"

"Très bonne idée."

"En regardant un film?"

"Tu sais tellement parler à mon coeur, Scott."

Apprends-moi [deuxième livre] Scömiche FROù les histoires vivent. Découvrez maintenant