Chapitre #7

98 15 17
                                    

Nous sommes vendredi matin. Les nuages recouvrent entièrement le ciel et emprisonnent le soleil. Ces gros cotons gris bavent sur l'immensité de la Terre. La planète les dégoûte sûrement pour qu'ils rejettent autant de salive sur cette grande et jolie ville qu'est Lordway. Le monde change et évolue beaucoup dans le négatif. Le positif est présent, mais peu. Comme à mon habitude, je marche dans les rues du quartier pour accéder au sombre bâtiment gris qu'est le lycée. Je ne l'aime pas et c'est réciproque il me semble. Je traverse la route principale pour enchaîner avec le dernier quartier, celui qui se trouve derrière le lycée justement. Je m'arrête un instant pour voir l'heure. C'est bien ce que je pensais; Le temps joue avec moi. Seulement, mieux vaut être à l'heure qu'en retard. Le tonnerre grogne et raisonne dans le ciel. Ma démarche a donc droit à sa petite accélération. C'est alors qu'une main attrape mon bras puis le tire avec elle dans cette petite ruelle, sombre, et vêtue de déchets qui se trouvait là, juste à ma droite. Je lâche ce petit cri de détresse, celui qui essaie d'appeler quelqu'un afin de le prévenir que je suis en train de me faire kidnapper, que je vais m'abandonner à un abrutis d'alcoolisé. Seulement, la personne trébuche, m'emportant avec elle dans sa chute. En effet, nous plongeons ici, dans le bordel des poubelles. C'est cet endroit écœurant qui m'arrache de ma bulle de rêveuse. Cet endroit me ramène à la surface, à la dure réalité que subit le monde. Tous ces déchets éparpillés par terre me rappellent à quel point nous chutons dans un trou bien plus profond que celui des enfers. Pourquoi...pourquoi remplacer les plantes par les déchets?
À quoi cela sert de supprimer l'eau, boisson de la vie, pour le Coca Cola, boisson pleine de sucres et de colorants.
Comment l'être humain peut-il préférer l'odeur empoisonnante du tabac plutôt que le parfum réconfortant des bourgeons lorsqu'ils éclosent?

Je me relève rapidement pour essayer de m'échapper tant qu'il en est encore temps. Hors de question de rester bloquée plus longtemps dans le chaos de cette ruelle. Hélas, j'échoue toujours...j'échoue encore face à lui. Cet homme me serre à la taille comme le serpent lorsqu'il étouffe sa proie avec son corps. Je me retourne pour faire face à l'ennemi et pour découvrir à qui j'ai affaire. Son regard me perce de souvenirs. Je le fixe attentivement de haut en bas et de bas en haut. Ses cheveux  sont bruns et ébouriffés sur son crâne. J'observe ses mèches voler dans l'atmosphère. Le vent pourrait presque les arracher pour les emmener avec sa bise. Ses iris sont d'un vert si clair, comme les feuilles des arbres. Quelques météorites jaunes se sont écrasées dans ses belles billes vertes. Ses mains s'enlèvent alors de ma taille. Il resté planté devant moi sans rien dire. Ses lèvres sont fines et peu pulpeuses. Il se les mords soudainement en regardant le ciel, comme s'il avait quelque chose à cacher, comme s'il avait du mal à digérer ma présence. Ma montre ne m'intéresse plus et le tonnerre n'atteint plus mon ouï. Je me fiche du retard tellement son visage m'est attrayant. C'est cet homme là justement qui me porte dans sa bulle de réalité. C'est lui le corbeau, celui que la petite voix désespérée prénommait Zack. Mes yeux s'écarquillent face à cette découverte. Est-il mon ennemi ? Je n'en sais rien..je ne peux définir le futur. Il est indéchiffrable, illisible, invisible.
Nous ne pouvons pas anticiper la suite.

- Je t'interdis de parler de ce que tu as vu mercredi soir. Me dit-il alors d'un ton sec et dur, de ses yeux effrayés et effrayants à la fois.

L'incompréhension m'envahit ..
Je ne cesse de regarder les traits de son visage. Il m'intrigue. Puis, je me concentre sur mes paroles.

- Je vous est juste vu, ...vous ...Personne d'autre.

- Tu as entendu la voix de ma
mère d'après mes souvenirs.

Oui, je me souviens de cette petite voix pleine de tristesse, pleine de peur et de souffrances qui est parvenue à mon ouï. C'était donc bel et bien sa mère qui l'appelait ce soir là. Son prénom est bien Zack.. J'acquiesce doucement en regardant le sol. Je préfère baisser mon regard dans ces moments. Est-je entendu ce qu'il ne fallait pas entendre ce soir là?

~DIVING~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant