Chapitre #9

106 7 8
                                    

Le monde part en éclats, le vent froisse ma chair et salit ma vue. Le vide se dresse devant moi comme une prison. Je suis enfermée dans un sombre cachot et pourtant, je me sens libre. Papa n'est plus là pour me donner des listes de métiers "potables" comme il le dit si bien. Mais maman me manque, Gwen me manque et Larry me manque.. ils me manquent tous. Une larme coule tandis que le souffle de cette bourrasque me pousse à droite, à gauche, devant et derrière. Parfois aussi je cogne des objets inconnus, des choses invisibles. Cela ne me perturbe pas. C'est comme si j'avais pris l'habitude d'être renversée par les obstacles de la vie et effrontée par les mots des professeurs lorsque mon esprit plongeait dans mes rêves. C'était une vie agitée que je respirais là. J'ouvre un œil puis tente d'ouvrir l'autre en vain. Les vents dégagent une poussière qui me brûle le visage mais je lutte malgré tout. Je dois me montrer forte.  Je vois son œil blanc. Ce petit grain de lumière devient de plus en plus gros et je m'élève plus haut encore dans le ciel, dans cette rafale. Serai-je morte une fois en haut ? Est-ce le paradis qui se dresse au dessus de mon corps?

Les vents, tous liés aux autres, tous aussi puissants tentent d'arracher mes cheveux pour les avaler. Je me sens tourner en rond dans le ciel comme une toupille que les enfants laissent rouler sur la table, comme un oiseau emporté par plusieurs vents, ne sachant plus où se diriger ni comment s'arrêter.

J'ai l'impression que les nuages crachent tous leurs pouvoirs sur ma personne. Peut être est-ce parce que je ne suis pas normale ? Ou bien parce que je n'ai pas su rester vivante sur la terre ferme et m'enfuir de cette bourrasque ?C'est trop tard maintenant. La réalité est toujours trop dure à affronter mais il faut l'accepter pour aller de l'avant.

Le paradis s'ouvre à moi.......c'est alors que je chute dans l'œil de la tornade.

              ❖

Une eau froide et salée s'incruste dans mes narines et dans mes oreilles. Elle fait de mon cœur un glaçon. Elle se colle à ma peau, frotte les parties de mon corps et me soulève jusqu'à la surface.

Où suis-je ?

Quelques chants d'oiseaux caressent mon ouïe.

Je regarde autour de moi; rien à droite; rien a gauche; de l'eau salée en bas et un ciel étoilé en haut. Je gis au milieu d'un océan, au dessus des nuages. Est-ce un rêve? Ou bien la réalité m'aurait rattrapée?...

Les idées et les solutions se bousculent dans ma tête comme si la bourrasque était devenue plus petite pour se cacher dans mon cerveau et me donner le mal de crâne. J'ai mal... je me laisse emporter par le courant. Soudain, mon pied se cogne contre une chose dure. Je jette un coup d'œil. Une porte au vieux bois abîmé flotte au dessus des vagues comme si elle avait été arrachée du monde réel pour être régurgitée au milieu des flots. Je me penche en avant pour m'accrocher à son verrou. Lorsque ma main caresse sa forme ronde et métallique, il y a un grincement puis une ouverture et soudain une chute d'eau.....une chute de Tessa puis, la porte claque, se refermant derrière la goutte qu'est mon corps. Je tombe. L'eau m'emporte avec elle. Où vais-je ? Le ruisseau s'agrandit, les courant se relient et mon corps tressaille. Une première fois à la surface, une fois seconde, je m'enfonce puis enfin, je remonte en agitant mes jambes. Ma peau est ma bouée et mon âme cherche à respirer au milieu de ma chute. Car oui, je roule, je coule, je m'écroule au travers du verrou de cette porte comme un enfant qui sort du ventre de sa mère.
Oui, je suis cette petite créature que l'on nourrit de découvertes, que l'on caresse de baisers, que l'on hydrate de paysages et que l'on revêt de toutes les couleurs du monde. Le chant des oiseaux me quitte, les étoiles collées au ciel s'écroulent. Ou bien est-ce moi qui coule ? Je plonge dans une autre vie. Je plonge dans un univers inconnu, terrifiant et rempli de dangers.

~DIVING~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant