Assis l'un près de l'autre sur ce sofa bien trop grand pour nous deux. Toi, si loin de moi, distance volontaire qui souligne une seule chose : c'est fini.
Je sens presque ta bouche soupirer de n'avoir rien à dire. Comment faisaient les mots auparavant pour sortir si aisément? Pourquoi j'ai tant de mal à t'avouer combien je t'aime?Je me risquerai presque de prendre ta main, mais je me sens comme une étrangère. J'ai bien trop peur qu'au contact de ta peau, la vérité douloureuse me saute au coeur : Tu n'es plus la même personne.
Ce corps que j'ai enlacé, embrassé, frôlé, m'embarrasse. Le geste serait maladroit. Et la chaleur de ta paume différente. Ton regard est déjà bien moins complice. Ton corps bien trop tendu.Il est terrible le sentiment de te sentir mort. Parce que, je sais qu'au moment où nous ouvrirons la bouche, l'un de nous deux devra s'en aller. Je m'efforce de me souvenir de tes bras, de ton confort, de tes mots. Mais ce n'est pas toi. Ce n'est plus toi. Comment fait-on pour tirer un trait définitif sur la personne qui nous rend entière ? Suis-je désormais rendue nécessaire d'être incomplète puisque tu n'es plus là pour me terminer ?
Tu inspires fortement et souffle : Je vais m'en aller. Mais le futur proche de ta phrase est inutile. Tu es déjà parti. Tu te lèves et j'hoche la tête. Dans ma tête s'entrechoquent des milliers de souvenirs irritables. Le fracas de ton départ est trop sourd par rapport à l'orchestre que joue notre histoire dans ma tête. Quand j'ouvre les yeux, il n'y a plus ta veste, ni tes chaussures devant la porte. Et alors que j'éclate en sanglots, je me souviens que cela fait trop longtemps que je n'ai pas su apprécier la douceur de ton parfum.
On m'hurle que je n'ai pas fini de t'aimer.
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Écrits De Corbeille
PoetryParfois Crayon prend ma main et m'intime le silence. Alors je le regarde agir. Il allume la petite lampe. Il ferme la porte. Et nous sommes là, tous les deux à nous regarder quelques secondes. Alors il me crie "Mais qu'est ce que tu attends? Allez!"...