J'ai souvent eu tendance à sentir en grimaçant l'odeur du chien mouillé quand il pleuvait, à voir le gris du monde en soupirant quand il pleuvait, à goûter l'humidité de la terre en ronchonnant quand il pleuvait, à entendre le fracas des gouttes sur le velux de ma chambre en rouspétant quand il pleuvait et à dire : "Putain il pleut encore".
Aujourd'hui, je voudrais tout recommencer. Tout effacer. Et laisser la pluie noyer mes péchés et mes chagrins au fond du caniveau. Puis laisser les entrailles de la Terre, les emmener loin. Loin de moi.
J'ai toujours pensé que la pluie, c'était le ciel qui pleurait. Et je trouvais le ciel un peu nombriliste sur les bords, à pleurer aussi souvent. Aujourd'hui, oui, je comprends. Je comprends qu'il pleure la haine du monde. L'injustice. L'inégalité. La foi si belle qui a détruit les hommes. J'ai compris qu'il pleurait les attentats du monde, et les crimes de la Terre. Il pleurait la mort de cette planète si belle qui se bat contre les hommes. Les hommes? J'en fais partie. J'appartiens à cette espèce évoluée qui refuse l'ennui. L'ennui, c'est la mort en robe de soirée. Et l'être humain a peur de mourir.
Le ciel pleure cette faiblesse, et cette angoisse de mourir. Il pleure le destin de l'homme, et sa difficulté à l'accepter. La pluie créé souvent l'ennui. L'ennui c'est la mort en robe de soirée. La pluie rappelle ce jour où, quoiqu'on fasse, quoiqu'on pense, quoiqu'on dise, l'être humain sera ramené à sa condition de poussière. On peut haïr la mort. Tenter de la repousser. La blâmer. Mais on ne peut pas l'échapper, et le ciel pleure cette volonté continuelle qu'a l'homme de vouloir vivre éternellement.« L'être humain est un lâche, comment dire qu'il n'est pas faible? Dieu lui a donné le monde, regarde ce qu'il en a fait. »
Je sens désormais l'air frais quand il pleut, je vois désormais le monde floué si beau quand il pleut, je goûte la tiédeur qui s'émane quand il pleut, j'entends la douce mélodie des larmes quand il pleut, et je dis "Pleure encore".
Je l'implore de pleurer encore mes fautes, et celles de ceux qui ont participé au désastre du monde. Et puis enfin, quand lassé et calmé, le ciel se met à sourire, je vois le monde plus beau, comme si l'eau du ciel, l'avait renouvelé.
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Écrits De Corbeille
PoesíaParfois Crayon prend ma main et m'intime le silence. Alors je le regarde agir. Il allume la petite lampe. Il ferme la porte. Et nous sommes là, tous les deux à nous regarder quelques secondes. Alors il me crie "Mais qu'est ce que tu attends? Allez!"...