Save Me

| EPILOGUE |

| Clara |

Trois ans plus tard...

L'été touche à sa fin. Ces deux mois ont été étouffant. Enchaînant canicule sur canicule, c'était presque invivable. Heureusement que l'accalmie est passée, le vent frais est enfin de retour et par la même occasion le courage d'enfin aller sur sa tombe.

Je détestais déjà les cimetières quand ma mère est décédée. J'ai l'impression de les détester encore plus maintenant. Mais ça fait trois ans et il était temps que j'y aille. Trois ans à repousser chaque jour ce moment. Parce que j'ai peur de voir sa tombe, voir son nom gravé sur le marbre en sachant que c'est de ma faute s'il est là. Est-ce qu'on s'en remet réellement un jour ? Je n'ai toujours pas de réponse à cette question même si mon entourage essaie tant bien que mal de me faire croire que rien n'est de ma faute. Je sais que j'ai ma part de responsabilité dans ce malheur.

Je reste assise les jambes croisées devant cette pierre. J'ai tellement de choses à lui dire pourtant rien ne sort de ma bouche. J'aimerais lui dire que je l'aime, que je regrette tout ce qui s'est passé, que peut-être s'il ne m'avait pas connu tout ceci ne serait jamais arrivé. Mais malgré cette peine qui reste en moins, elle s'amoindrit petit à petit et je retrouve immédiatement le sourire quand je vois ma princesse arriver avec une fleur à la main.

- Tiens maman une feur pour toi, dit-elle en me la tendant.

- Merci ma chérie mais on dit une fleur pas une feur.

- J'ai dit une feur, insiste-t-elle.

Je secoue la tête en rigolant. Elle n'a que trois ans et pourtant déjà un sacré caractère. Elle s'assoit sur mes genoux en regardant le bouquet de fleurs que j'ai déposé.

- C'est lui que tu me parles tout le temps ?

- Oui Emily. J'aurais aimé que tu le connaisses. Il était incroyable, il aurait été génial avec toi et il t'aurais aimé comme personne d'autre.

Je ferme les yeux et pose ma joue contre sa petite tête en inspirant l'odeur de ses cheveux. C'est mon amour, c'est toute ma vie et dès que j'ai un petit coup de blues il suffit que je la regarde, que je la prenne dans mes bras pour que tout aille mieux.

- Bon maman on va voir tonton Ju ?

- Oui on y va, je réponds en souriant.

Sa spontanéité me fait chaud au coeur. Elle ne se rend pas encore compte de ce qui se passe. De toute façon elle a encore le temps et le monde des adultes est tellement effrayant que je vais la garder aussi longtemps que possible auprès de moi. Je me mets à courir derrière elle pour la rattraper, elle essaie de se débattre avant d'éclater de rire et de me demander de la jeter dans les airs. Est-ce que c'est possible d'aimer autant un petit être comme ça ? J'ai l'impression que tout mon corps est rempli d'amour rien que pour elle et paradoxalement j'ai toujours peur de ne pas assez lui en donner.