IV. Tableau

34 2 3
                                    

                    

Finalement, une fois dans l'enceinte du bâtiment, je me détache de mes deux camarades, bien stimulé par les derniers événements, et rejoins Namjoon un peu plus à l'avant de la progression. 

« T'en auras profiter de notre séjour, il rit doucement avant de rajouter, plus sérieusement, t'es sûr que ça ira ? »

Ne sachant pas à quoi il fait référence je fronce les sourcils. Mais avant qu'il ait pu m'expliquer les autres nous rejoignent et s'entasse devant l'ascenseur qui ne tarde pas à arriver. La montée jusqu'à notre étage, le 23, est plutôt paisible. Heureusement d'ailleurs car je sens un léger mal s'installer dans mon crâne. Aaah, je payerais ces quelques minutes de plénitude combien de temps encore ? Est ce que c'est l'esprit du manager qui se venge ? Je savais qu'il me hanterai jusqu'au bout.

Après un moment l'ascenseur stoppe sa course à l'étage demandé, non sans emmètre un petit son significatif. Nous descendons donc, tous suivant notre leader, propriétaire des clés  jusqu'à maintenant. Mais alors que Jimin et moi le suivons vers la droite, il nous arrête.

« Mmh-hm, vous c'est de l'autre côté du couloir, au fond, nous fit-il remarquer.

-Ah, c'est vrai, quelle numéro de chambre ?  demande le brun.

-C'est écrit sur la clé, j'vais pas vous accompagner non plus.. Sur ce, bonne nuit, on se retrouve ici avant 8h30 demain ok ? »

Mon colocataire acquiesce en prenant la clé qui se compose de la clé elle-même, liée par une chaîne doré un ovale blanc comportant le numéro de la chambre qu'elle ouvre. L'ovale est mis en valeur par un contour assorti à la chaîne.

460.

C'est le nombre qui figure sur la clé. Je suis donc mon cadet, tournant le dos au reste du groupe qui nous souhaite à leur tour une bonne nuit. Jimin leur lance un dernier regard accompagné d'un sourire puis se focalise sur les couloirs de portes. 

454, 456, 458...460

Ah enfin, ce couloir n'en finissais plus. J'ai pas intérêt à oublier un truc à l'accueil.

Le chanteur s'arrête devant notre nouvelle chambre et insère la clé dans la serrure.

Une fois à l'intérieur, les premières choses que je remarque sont nos valises et nos sacs, posés soigneusement dans l'entrée. Je lève le regard et découvre la chambre. Cette dernière est spacieuse, à l'image de l'hôtel. Mon regard se porte sur le lit double, trônant fièrement, rappel permanent de ma défaite.

Mon regard s'en éloigne alors et se porte vers le fond de la chambre : une majestueuse baie vitrée remplace le mur. Je me rapproche alors sans un bruit. Je sens le regard de mon cadet sur moi. Enfin, je me retrouve devant la vitre. Le tableau qui m'est offert est sublime, captivant. Tout s'agite en dessous. Les gens, les voitures. Les néons brillent et tentent de lutter face à l'obscurité de la nuit. Mais en vain. Ils se débattent, essayent en pathétiquement de répandre leur lumière. Le temps arbitre ce combat, impassiblement, en décidant le début et la clôture. Je suis juste témoin. Quelques minutes auparavant j'étais pris entre cette lutte, pourtant, ce n'est que maintenant, en la surplombant  que je ressens vraiment toute cette rage et cette chaleur qui s'en émane. 

Le silence qui pèse depuis quelques minutes est légèrement interrompu par un bruit parasite.

Le bruit se déplace dans la pièce pour finir sa course dans mon dos, soulevant un faible souffle.

Puis un poids se dépose sur mon épaule.

Après un instant, je détourne mon regard pour le poser sur lui. Il ne me regarde pas mais dit, perturbant le silence une nouvelle fois :

« C'est captivant. » 

Il le souffle, doux murmure qui se dissipe dans les airs.

Après un instant, je remet mon attention sur le silencieux spectacle et hoche la tête lentement.

Soudain, son menton quitte mon épaule. Je me sens vide. J'étais bien.

Je me retourne donc et comprend lorsque je le vois s'avancer vers la salle de bain armé d'un boxer propre.

[*] 

Il sort enfin de la salle de bain. Il ne porte que son boxer. Je me presse donc dans la pièce qu'il occupait précédemment pour éviter son regard. Je claque la porte et me déshabille. J'entre alors dans la douche, soulève le robinet et laisse doucement l'eau brûlante couler sur mon corps pâle. Je pose alors mes mains sur le mur fait de carrelage, et profite du contact de l'eau. J'ai l'impression que le flot incessant me dévore. Avec délicatesse et mépris.

Je perd alors rapidement toute notion du temps.

Plus tard, je décide finalement de bouger. Mon dos me fait moins souffrir, l'eau a détendu quelque peu mes muscles endoloris et a calmé mon crâne.

Je coupe l'eau, remets mes cheveux en arrière et sors à contrecœur. La buée sur le miroir m'empêche de me voir, je passe donc ma main sur la glace. Je soupire en me voyant. Merde. 

Après avoir mis un boxer et enfilé un jogging noir accompagné d'un tee-shirt blanc trop grand, cachant mon hectisie, je sors de la pièce, laissant échapper un air humide et chaud de celle-ci.

Je pose mon regard sur l'unique lit de la chambre que j'ai pris le temps de détailler pendant que mon cadet se douchait. 

En réalité, elle est classique, semblable aux nombreuses que j'ai déjà connu. Il y a une grande armoire qui longe le mur séparant la salle de bain du reste. À côté trône le lit, et en face de celui-ci un écran plat. En continuant, au fond, se trouve la baie vitrée et à droite une porte que l'on ne remarque pas au premier abord. Poussé par la curiosité je l'ai ouverte, découvrant un petit bureau. Le bureau est placé en face d'une nouvelle baie vitrée, mais plus petite que celle de la pièce d'à côté. Je n'avais que jeté un coup d'œil mais il me semble que la vitre peut se glisser pour donner l'accès à une petite terrasse. Je sais où je passerai la plus part de mon temps libre. J'aime bien cette pièce bien que je ne l'ai vue que rapidement.

Je m'avance vers le lit, le côté gauche, le plus proche de l'armoire est libre. Jimin s'est déjà assoupi de l'autre côté. Je me glisse à l'intérieur du lit et regarde mon cadet, il ne porte qu'un jogging bordeaux, similaire au mien. 

Je me tourne dos à lui et prend mon portable. 1:06.

Je l'éteins et place l'écran sur la table de chevet. C'est ensuite au tour de la lampe d'être éteinte.
Je m'enfonce alors un peu plus dans le lit, m'installant du mieux que je peux en silence.


Sans prétention
Avec modestie
Je vous le dis
J'aime cette rédaction

Amitiés, appelez moi Marianne.

Tombé de la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant