Pourtant

La fois suivante

_OK, tout le monde. Je sais que les derniers jours ont été rudes, mais on ne peut pas laisser les manifestants nous avoir.

Sarif se tenait au bout de la table de conférence, ses mains sur les hanches, observant les visages maussades de ses subordonnés.

_Adam et son équipe bossent toute la journée pour assurer la sécurité du bâtiment et des employés.

Adam était posé au fond de son siège, ses bras croisés sur sa poitrine. Il était reconnaissant pour les lunettes de soleil intégrées à son visage, car elles masquaient le fait que ses yeux ne cessaient de se fermer tous seuls. Sarif ne plaisantait pas quand il disait « toute la journée », et cela n'arrangeait rien que la réunion mensuelle des Chefs de Département soit un des aspects les plus fastidieux de son job. Sans Malik qui lui filait un coup sous la table de temps en temps, il se serait très certainement endormi.

_La sécurité du bâtiment est parfaite, mais qu'en est-il des navettes ? demanda le responsable du marketing. Les rues ne sont pas vraiment sûres en ce moment.

_Je sais, je sais, vous avez raison, soupira Sarif. Croyez-moi, la sécurité de mes employés est ma priorité, mais il est aussi capital que nous accumulions aussi peu de contretemps que possible. C'est une période vraiment cruciale pour nous, nous devons prouver au public que les implants cybernétiques sont la prochaine étape de l'évolution humaine ! Si nous reculons face à la menace, comment les gens sont-ils supposés avoir foi en nous ?

Il étendit la main, comme s'il les suppliait de lui donner raison.

Le chef du marketing rétorqua.

_Mais si nous les ignorons, comment pouvons-nous savoir que nous sommes en sécurité ? Nous nous souvenons tous de la précédente attaque. Combien d'autres personnes doivent mourir ? Peut-être que le Dr Reed avait raison de déserter...

Il fit machine arrière en réalisant de quelle manière Adam s'était redressé dans sa chaise et le fixait désormais. Il se racla la gorge en se laissant tomber dans son fauteuil.

_Ça n'arrivera plus jamais, dit Adam en appuyant sur chaque mot.

La pièce retomba dans le silence et quelques personnes s'agitèrent inconfortablement dans leurs sièges. Ils savaient tous que c'était une mauvaise idée d'évoquer Megan en face d'Adam. Pritchard regarda Adam alors qu'il se réinstallait. Il n'aimait pas non plus voir Megan revenir sur le tapis. Ça lui causait toujours un petit pincement dans la poitrine de voir à quel point elle pouvait encore affecter Adam.

Sarif commença à arpenter la pièce, clairement déstabilisé.

_Écoutez, toutes les précautions ont été prises. Nous ne nous attendions pas à ça la dernière fois, Dieu nous pardonne, mais nous serons prêts pour la prochaine. Et pour ce qui est de la sécurité des navettes, j'organiserai des transports pour chacun d'entre vous quand les rues seront trop dangereuses. Faridah, vous pensez pouvoir gérer ça ?

_Pas de problème, patron, répliqua Malik.

L'atmosphère dans la pièce était toujours pesante, mais tout le monde maugréa plus ou moins son assentiment.

_Excellent, dit Sarif qui s'était un peu redressé. Maintenant, nous en arrivons à la question de la cyber sécurité... Frank, c'est à vous.

Pritchard se leva.

_En préambule, je voudrais appuyer à nouveau sur l'importance de ne pas télécharger de contenu sensible. Bien entendu, je ne vise personne en particulier.

Alors qu'il disait cela, il fixa de manière assez précise une poignée de ses collègues qui évitèrent rapidement son regard.

_Notre réseau a subi pas mal d'attaques. Je suis certain que vous êtes au courant qu'une de nos publicités a récemment été hackée, alors nous devons vraiment être prudents. Suivez simplement les consignes que je vous ai envoyées par mail et tout devrait bien se passer.