Je pars ( partie 1)

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Je sais pas trop quoi vous écrire. Les lettres d'adieu c'est pas trop mon truc. Mais je veux vous éviter des questions sans réponses. Et puis, même si j'étais là physiquement, je ne l'étais plus mentalement. C'était comme un test. Combien de temps pourrais-je tenir avant de partir? Maintenant je sais.

Je pourrais faire comme Dumbledore et vous léguer des trucs, mais c'est plutôt l'inverse que je vais faire. Je vais vous dire ce que vous vous m'avez transmis.

Maman, grâce à toi, je peux dire que j'y ai cru. À quoi? À l'amour, la vie, le bonheur. Je me rappelle de quand j'étais petite et que tu mettais de la musique dans la maison. Qu'on dansait jusqu'à ce qu'on n'ai plus d'énergie. Quand on allait s'assoir dans le parc. Toi avec tes grosses lunettes de soleil et moi avec mes sandales de la petite sirène. Tu me laissais coucher ma tête sur tes genoux et on regardait les gens. Tu me disais à quel point c'était beau l'amour. Entre un gars et une fille. Entre deux gars. Entre deux filles. Peu importe, ce qui comptait c'était les battements de coeur, l'étincelle dans les yeux, les petits papillons dans le bidon. C'était beau parce que t'étais pas jalouse, t'étais pas triste, t'étais juste heureuse de voir tout ce petit bonheur. Plus tard, quand j'ai grandi, que j'ai eu mes peines et mes joies, t'arrivais toujours pour en parler avec des biscuits aux épices et une tasse de lait chaud. Quand Maxime m'a demandé pour être sa cavalière au bal de printemps ou bien quand quelque jours plus tard, il m'a laissé tomber pour y aller avec Cindy Patterson, tu étais là avec ces fameux biscuits aux épices et ma tasse arc-en-ciel avec du lait chaud. Et puis tu m'as dit "Oh Valérie, ma tendre Valérie, les garçons sous leur apparence de prince peuvent parfois se montrer de méchants loups. Mets toi en pyjama, ce soir on regarde Harry Potter"
Y'a de ces trucs sans grande raison, qu'on n'oublie pas. J'ai oublié nos chicanes, les bricolages que j'ai fait à 5 ans, la note de mon examen de math d'il y a deux ans. Mais cette douceur, je peux pas l'oublier. Et ça, maman, c'est le plus beau cadeau que tu m'ai fait.

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