CHAPITRE III

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"Je demande seulement d'être libre. Les papillons sont libres."
- Charles Dickens, La Maison d'Âpre-Vent

La mort fait des choses inattendues aux vivants.

Toute sa vie, Harry a appris à craindre le monde extérieur. C'était un lieu rempli de dangers et de maladies inconnues. Mais alors que la maladie avait fini par tomber sur sa maison et prendre son père, il ne craignait plus la mort, il craignait de regretter et de gaspiller la vie précieuse qu'il lui avait donnée.

La lettre du Duc de Warwick était rédigée ainsi :

Cher Harold,

Le plaisir de votre compagnie est demandé à la chasse au renard de Bilsdale le seizième jour de septembre, organisé par moi, président du club, à la Maison Warwick dans le Yorkshire.

Rejoignez-nous pour quinze jours de dîners, de danses et de jeux, culminant par la chasse la plus animée de la saison.

Pour toujours votre bon ami,

Louis.

À quoi jouait-il ? Se demanda Harry. L'invitation n'avait pas été envoyée sérieusement. Ils n'étaient pas amis et Louis savait bien que Harry ne chassait pas. Était-ce une moquerie ? Un défi ? Il réfléchit à la visite de Louis quatre ans plus tôt avec humiliation. Ses joues se mirent à brûler à la mémoire de ses doigts lacés à ceux de Louis pour caresser sa jument. Quelle mauvaise idée d'avoir ouvert son cœur à ce garçon. Il n'allait certainement pas faire cette erreur à nouveau.

"Le Duc est cruel." Sa mère ajouta en lisant ses pensées comme elle le faisait quand il était un petit garçon et qu'il essayait de les dissimuler. "Allez-vous dans votre chambre ?"

"Je vais aux écuries."

"Les écuries ! Mais pourquoi faire ? Vous allez attraper une grippe."

Harry fit signe à Charles et demanda son manteau et son chapeau. "Je prépare Achilles pour notre voyage. Nous partons pour le Yorkshire à l'aube."

Durant ses dix-sept ans de vie, Harry n'avait fait qu'un court voyage. C'était au village. Il était resté dans la calèche tandis que son père était allé lui acheter une pièce rare d'un collectionneur local - une ancienne pièce d'or romaine d'Hadrian 119AD représentant Hercules. Il regardait à travers la petite fenêtre de la calèche les marchés colorés et les villageois passionnés. Le monde extérieur ressemblait à une peinture, une réalité qui n'existait pas, pas pour lui. Il n'avait jamais quitté le domaine pour un long voyage avant et jamais seul.

Il n'allait pas souvent aux écuries. Après que Bertie lui avait été enlevée, c'était trop douloureux de voir sa stalle vide, puis, quand un autre cheval eut pris sa place, c'était devenu une autre source de douleur.

Il visitait quelques fois Achilles, mais aucun d'entre eux en était heureux. Cette fois-ci n'était pas différente. Il déverrouilla la porte de la stalle et Achilles renifla, une bouffée d'air chaud s'échappant de ses grandes narines noires.

"Maintenant écoute-moi, grosse brute. Nous allons faire un long voyage vers le Yorkshire. Quand nous arriverons là-bas, je te monterai et tu me laisseras faire !"

Victorian Boy ✧ Larry [BoyxBoy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant