Chapitre 5

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Chapitre 5

Emma tremblait et avait le regard de plonger dans le vide. Elle devait choisir la punition de ces trois femmes, trois femmes dont elle ne savait rien, trois femmes, qui, comme elle, devaient avoir une famille, des amis, une vie.
La blonde tremblait encore plus qu’elle. Ces deux amies d’infortunes, deux brunes à la chevelure longue, semblaient perdues dans leurs pensées. Sans doute encore sous l’état de choc après le parcours, ou bien résignées, car elles avaient en quelque sorte perdu cette course.

Une course à la mort, pensa Emma, amère.

Si elle ne voulait pas tuer la dernière, il fallait qu’elle punisse sévèrement ces trois femmes. Des larmes coulèrent sur ses joues alors qu’elle regardait les trois femmes qui étaient toutes aussi terrorisées qu’elle. Attendant qu’elle se décide, qu’elle choisissent leurs punitions.
Dans leurs yeux brillaient l’espoir et la crainte. Elles devaient se poser des milliers de questions, appréhendant la moindre syllabe qui franchirait les lèvres d’Emma.

« Alors ?! » Demanda Harris, impatient. Il attrapa l’une des brunes par les cheveux, tirant sans ménagement dessus la faisant émettre un petit cri plaintif.

« Les...les cheveux... » Dit Emma.

« Eh bien quoi les cheveux ? »

« Coupez-les….C'est la fierté des femmes » tenta-t-elle d’expliquer.

Harris eut alors un sourire mauvais. Emma se mordit l’intérieur de la joue. Avait-elle était trop gentille ou son idée de blessure psychologique lui plaisait-elle ?

« Il en serra fait suivant vos ordres princesse. » Dit-il en attrapant une machette dans son dos.

La jeune femme souffla de soulagement en entendant la réponse de Harris, mais elle sursauta en recevant des gouttes de sang sur son visage alors que des hurlements d’horreur retentirent. Elle vit la brune que tenait Harris par les cheveux, le regard de fixé sur un point invisible alors que du sang coulait sur son visage. L’homme ne lui avait pas simplement coupé les cheveux. Il venait de lui scalper le sommet du crâne.
Dans un bruit mou, le corps tomba au sol, faisant de nouveau couiner de terreur les deux autres femmes, qui se serraient convulsivement dans les bras l’une de l’autre.

Les hommes, eux, rigolaient. Harris s’avança vers Emma et prit son menton entre ses doigts.

« Tu nous as défié Emma, choisir leur punition est ta punition pour ton petit discours visiblement non éclairé... » Dit-il en essuyant la lame de sa machette sur le t-shirt de la jeune femme, provoquant chez elle un haut-le-cœur qui fit d’avantage rire leurs bourreaux. Ils les avaient filmées, elle n’avait pas pensée qu’ils aient aussi pu les écouter avec des micros cachés.
« Sois plus vilaine si tu ne veux pas qu’elles meurent toutes. »

Emma déglutit difficilement, le visage couvert de larmes. Elle essayait de réfléchir rapidement, mais l’horreur et le stress de la situation, l’empêchaient d’avoir une seule pensée cohérente.
Comment les satisfaire tout en restant quelqu’un de normal ? Sans devenir une bouchère avide de sang ?

Quoiqu’elle dise, quoiqu’elle inflige à ces femmes, cela restera à jamais gravé en elle. Elle s’en voudra éternellement.
De nouvelles questions : qu’est-ce qui ferait le moins mal ? Qu’est-ce qui serait accepté par ces hommes ? Avaient-ils prévu de tous les tuer ? Était-ce utile de chercher une solution ou ne faisaient ils que jouer avec elle dans ce cas ?

La jeune femme ne savait pas quoi dire. Si elle attendait trop, elle devrait tuer la dernière, une petite rousse qui semblait tellement fragile de par sa petite stature. Le moindre coup de vent la ferrait tomber, se dit Emma.

Elle inspira longuement. Elle hésitait à parler, sa bouche s’ouvrait pour se fermer quelques secondes plus tard. Emma pouvait sentir des perles de sueurs descendre le long de son dos.

« Alors ?! » S’impatienta Henry en regardant Harris.
« Tu veux vraiment avoir leurs morts sur ta conscience Emma ? » Dit Harris en resserrant sa prise sur le menton d’Emma tout en lui relevant la tête pour qu’elle le regarde. « Alors que tu as la possibilité d’en sauver au moins deux… Enfin, tout dépend de toi, Gemma n’a pas eu la chance d’être sauvée » dit-il en désignant le cadavre de la brune.

Alors elle se nommait Gemma… Un nom qui hanterait Emma pour le restant de ces jours. Bien que, dans cet endroit, ils soient comptés.
Harris caressa le visage d’Emma avec la lame de sa machette.

« Dépêches toi princesse, je perds patience, Tic… Tac… Tic… Tac... » Dit-il en donnant une légère pression de sa lame à chaque mot prononcés.
« Les oreilles... »
« Mais encore ? »
« Coupez en unes à chacune… »
« Lana est quand même arrivée avant Sophie. Ce serait injuste qu’elles aient la même punition. » Souligna Henry.
« Un doigt »

Harris sourit. L’idée lui plaisait. Mais cette fois-ci, la jeune femme ne soupira pas de soulagement et attendit de voir. James tira la brune par les cheveux, dévoilant ses deux oreilles. La jeune femme hurlait et se débattait, mais Henry la maîtrisa pour qu’elle bouge le moins possible.

« Bouges pas si tu veux pas finir comme Gemma. » Siffla Harris en lui attrapant le lobe de l’oreille. D’un geste vif, il la trancha par le haut. Ses deux comparses lâchèrent la fille, qui se recroquevilla sur elle-même en se tenant l’oreille, un cri sans fin s’échappant de ses lèvres.

Emma murmurait des « désolé », le visage couvert de larmes. Mais les hurlements de l’autre jeune femme couvraient tout.
La blonde était maintenue solidement par plusieurs hommes qu’Emma ne connaissait pas. Son regard suppliait Harris, mais celui-ci était bien trop heureux de faire ce qu’il était en train de faire. Comme pour la brune, il attrapa le lobe et trancha l’oreille en partant du sommet, mais cette fois-ci, il prit un peu plus son temps.
La femme hurla et se replia sur elle-même, malheureusement pour elle, ce n’était pas encore fini, un homme lui attrapa le bras et la força à aplatir la main au sol sous la menace. Si elle ne l’ouvrait pas et la gardait fermée comme elle le faisait, elle ne perdrait pas quelques doigts, mais la main entière.

La blonde avait la respiration sifflante, hachée par des gémissements plaintifs, elle regarda, impuissante, Harris abattre sa lame, lui coupant l’annulaire et l’auriculaire.

Cette fois, Emma ne tint pas et rendit le contenu de son estomac sur le sol. Elle ne sut pas qui, mais quelqu’un lui tint les cheveux en l’air. Ce geste la surprit, mais la soulagea. Elle n’osait plus ouvrir les yeux pour regarder l’horrible spectacle.
D’autant plus qu’une nouvelle exécution était à venir.

Malheureusement, pour elle, son mari en avait décidé autrement. Ce dernier l’attrapa par les poignets pour la faire se relever, par automatisme, Emma dut ouvrir les yeux pour garder son équilibre.
Elle eut un nouveau haut le cœur en voyant les doigts et les oreilles sur le sol. Elle pensait qu’ils allaient se mettre en marche en direction du camp, mais à son grand étonnement James lui mit une arme à feu entre les mains après avoir fait tourner le barillet devant les yeux effrayés des jeunes femmes. Barillet dans lequel il manquait deux balles.
Face à l’incompréhension d’Emma, il sourit.

«  La roulette russe, tu connais ? » Demanda-t-il en souriant.

Lentement, elle hocha la tête, elle savait ce que c’était en effet. Ses mains se mirent à trembler quand elle comprit que c’était elle qui allait être le bourreau.
Elle secoua frénétiquement la tête de manière négative. Elle ne voulait pas tuer une seconde fois, déjà, elle avait été forcée de choisir la manière selon laquelle trois femmes devaient être « punis ».

Harris se mit face à Emma, alors que James se collait à son dos. Tous les deux se penchèrent de par et d’autre de sa tête pour le murmurer à l’oreille.
« C’est elle... » Commença son époux.
« Ou toi princesse.. » Termina Harris, avant de s’éloigner et d’orienter le bras tenant l’arme en direction de la femme étant arrivée dernière.

La petite rousse savait que s’en été finie, elle semblait résigné, mais son regard exprimer aussi un certain défi à l’égard des hommes les entourant. Emma l’admira pour cela.
Harris enlaça le poignet d’Emma qui tenait l’arme, il voulait être certain qu’elle ne manque pas sa cible. Avant qu’elle ne puisse réagir, il la fit appuyer sur la détente.

La jeune femme lâcha l’arme et regarda le corps étendu au sol de la rouquine. Semblable à un ange endormi, seul le sang s’échappant de sa tempe montrait qu’elle était humaine et morte.

Les deux autres femmes avaient de nouveau hurlé au moment de la détonation. Elles regardaient Emma comme si des cornes et une queue lui avaient soudainement poussé.

Des hommes les forcèrent à se remettre debout et James la prit par les épaules. Tous se mirent en route, remontant dans les bois. Emma ne fit pas attention au trajet, perdue dans ses pensées. Trois. Cela faisait trois femmes mortes à cause d’elle, dont deux qu’elle avait exécutée pour sauver sa peau. Des larmes silencieuses dévalèrent ses joues. Elle ne se reconnaissait pas.

Les autres femmes qui avaient assisté à toute la scène la dévisageaient. Si elle les avait aussi regardait, Emma aurait pu voir de la haine dans leurs yeux, du dégoût et surtout de la peur.

Quand ils arrivèrent au camp, le groupe se sépara en plusieurs sous-groupes. Emma fut raccompagnée par James chez eux. L’homme la fit s’asseoir dans le canapé pour que le docteur, qui avait attendu devant leur porte, examine la jambe de la jeune femme.
Celle-ci ne sembla même pas remarquer la présence du petit homme, elle était ailleurs et ne cilla pas quand l’homme lui enleva le bandage et palpa sa cuisse.
Ce n’était toujours pas quelque chose de beau à voir, le médecin se demandait comment la jeune femme avait pu courir comme elle l’avait fait et escalader cette façade en bois. Les « jeux » étaient quelque chose de diffuser à tout le camp en temps et en heure réelle, aussi avait, il put tout voir comme tous les membres du camp.


Sans doute, l’adrénaline, se dit il en faisant un nouveau bandage. Le docteur pouvait sentir le regard de James posé sur son dos, surveillant ses moindres mouvements ou paroles. Mais quoiqu’il eût la possibilité de dire, il doutait qu’Emma ait pu l’entendre. Elle avait toujours le regard dans la vague.

Quand le médecin fut parti, James prit la jeune femme par le bras et la poussa ensuite vers la chambre. Il ne fit même pas attention à son état d’esprit actuel. Il la déshabilla et la fit s’allonger sur le lit.
James monta à genoux au-dessus d’elle, se pencha dans son cou et commença à l’embrasser. Lui mordant et suçotant la peau. Mais Emma n’eut aucune réaction. Ce qui énerva James qui se déshabilla pour la prendre sauvagement.
Les coups de reins butoir n’eurent pas plus d’effet, ce qui intensifia la colère de l’homme qui se fit de plus en plus violant.

Emma, bien loin de là, inconsciente à ce qui arrivait à son corps, revivait en boucle les dernières 72h. Choquée par les atrocités qu’elle avait dû commettre. Pour sauver sa vie, elle avait abattu deux femmes. Cela la révoltait.
Cela l’avait profondément changée, une part d’elle-même était morte en tuant ces femmes. Et une autre était apparue, une dont elle aurait aimé taire l’existence a jamais.

Hobbs disait « L’homme est un loup pour l’homme. » Ceci était fondamentalement vrai. En nous, tous réside une part noire, sombre et perfide.

Chez ces hommes, cette part avait une part prédominante. Emma refusait qu’il en aille de même pour elle.

Mais dans de telles conditions de vie, comment savoir si elle allait en ressortir avec son âme intacte ?

Quand elle revint à elle, James n’était plus là. Tel un automate, Emma se leva et se dirigea vers la salle de bains en boitant. En voyant le reflet de son corps nu dans la glace, elle se mit à pleurer. Son nouveau bandage avait été arraché, dévoilant la couleur bleu noir de sa blessure qui s’était remise à saigner. Sur ses hanches, ses épaules et son ventre se trouvaient des bleus.

Elle tomba à genoux, une main sur la bouche, en larmes. Il fallait qu’elle quitte cet endroit.

Would you survive ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant