Je me fais réveiller par un bruit strident le lendemain matin. La tête enfouie sous mon oreiller, je maugrée, puis tends la main pour attraper mon téléphone. Je grimace : l'écran indique sept heures cinquante. Je me dépêtre de la couverture et quitte mon lit en soupirant : je sais que je ne pourrai pas me rendormir.
Etouffant un énième bâillement, mes pieds prennent automatiquement la direction de la cuisine. Là, maintenant, je n'ai besoin que d'une seule chose : un énorme bol de café.
Quand je passe la porte de la cuisine, Eirik est déjà debout, à siroter un verre de jus de carotte – je le reconnais à sa couleur orange foncé –, des écouteurs enfoncés dans les oreilles et son ordinateur ouvert devant lui. Dès qu'il me voit, il les retire, rabat l'écran de l'ordinateur et hausse les sourcils.
-Déjà debout ? Je te croyais moins matinale.
Je bâille encore une fois tout en tirant une chaise pour m'asseoir.
-Comment tu fais pour écouter de la musique dès le matin comme ça ? C'est suicidaire. Et pour ta gouverne, j'ai été réveillée par je ne sais quoi qui peut réussir à atteindre les tympans d'un sourd.
Eirik sourit – d'un sourire sarcastique.
-Aucun doute : tu n'es toujours pas du matin.
Je me retiens de lui tirer la langue – pourtant, ce n'est pas l'envie qui m'en manque. Mais si j'ai décidé de venir ici, c'est en premier lieu pour essayer d'évoluer – de me montrer plus mature, moins survoltée. Il faut que j'essaie d'éviter de démarrer au quart de tour. Que je sois un peu plus posée. J'ai vingt-trois ans maintenant, je ne suis plus une ado. Je n'ai plus le droit aux sautes d'humeur, aux comportements étranges et que je regrettais dans la seconde d'après qu'il y a quelques années encore on pouvait mettre sur le compte de la crise d'adolescence.
-C'était quoi, le bruit qui m'a réveillée ? je demande pour changer de sujet.
Mon frère désigne le mur de gauche d'un mouvement de tête.
-Voisins.
Je fronce les sourcils.
-Quoi, voisins ?
Eirik boit une gorgée de son jus de carotte.
-C'est mes voisins. Ils font quelques travaux dans leur cuisine. Et arrête de grimacer. Le jus de carotte, c'est très bon pour la santé.
Je ne relève pas, préférant répliquer :
-Comment ça, ils font des travaux ? A huit heures du matin ?
-Faut croire.
Je me lève brusquement, prête à aller taper à leur porte pour leur dire de reporter leur bricolage à une heure plus décente. Puis je me souviens : plus mature, moins survoltée. Plus calme.
Du coup, je me retourne et ouvre le frigo. Comme je pouvais m'en douter, il est quasiment vide, si ce n'est que quelques bouteilles de bières, de boissons énergisantes et de jus de carotte sont éparpillées un peu partout. Il y a aussi une boîte de douze œufs et un paquet de Babybel. Je souris en découvrant les petits fromages ronds de notre enfance.
-Tu cherches quelque chose ?
Je tourne la tête vers mon demi-frère.
-De quoi nourrir mon estomac qui vient de se réveiller, tu crois que c'est possible ? Je veux dire, à part de l'alcool, du fromage ou des carottes ?
Eirik sourit et, sans se lever de sa chaise, tend le bras pour ouvrir un des placards sous le plan de travail. Il en sort une immense boîte de céréales au chocolat et me la tend. Je lui souris en retour : ce sont mes préférées.
VOUS LISEZ
Maddalena, alias Maddie
General FictionA chaque chapitre, une plume différente. A chaque chapitre, de nouvelles contraintes : les mots indiqués en gras ont été imposés par les différentes plumes du compte, et la plume du chapitre a comme obligation de les placer dans le texte ! Laissez v...