Chapitre 2

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Lorsque Martin fit son apparition dans le salon des Barthès, il s'approcha de la grande table où la mère de son fiancé était tranquillement installée et il lui tendit nerveusement un ballotin d'une grande marque française de chocolats.

- tenez, pour vous.

La voix du correspondant était à peine audible et Yann qui faisait face à sa mère à table trouva sa timidité des plus adorables.

- oh mais il ne fallait pas, c'est gentil, merci Martin.

Tout sourire, la propriétaire des lieux s'empressa de quitter sa chaise pour faire deux bises chaleureuses sur les joues de son futur gendre qui semblait heureux de cette réaction enthousiaste.

- je savais pas quels étaient vos préférés alors j'ai pris un peu de tout.

L'aveu de Martin se fit sur un ton toujours aussi réservé et la mère de famille lui fit signe de s'installer à côté d'elle à table alors que Yann s'emparait du ballotin rempli de chocolats afin de l'examiner de plus près.

- cool, on va pouvoir s'en mettre plein les... dents !

Sa remarque fit sourire autant Martin que la sexagénaire qui reprit son sérieux tout aussi vite.

- alors Martin, comment vous vous êtes rencontrés avec Sébastien ? Mon fils s'est bien gardé de tout me raconter alors je compte sur toi.

- sur Tinder. Il y a deux mois.

Le correspondant n'avait pas l'air très fier de sa réponse mais encore une fois Yann vint à sa rescousse.

- c'est une applica...

- c'est bon chéri, je ne suis pas si vieille, j'en ai entendu parler. Tu devrais t'inscrire d'ailleurs.

Le regard de la sexagénaire passa ensuite de son fils à Martin en une poignée de seconde.

- je ne sais pas si Sébastien te l'a dit mais absolument aucun des copains qu'il a présentés à Yann ne trouve grâce à ses yeux, mon fils est bien trop difficile, j'ai beau lui dire de revoir ses exigences à la baisse, il ne m'écoute pas.

Martin ne put réprimer un sourire devant la gêne patente de Yann à entendre sa mère déblatérer sur sa vie privée, il se grattait l'arrière de la nuque à l'aide de son index et le rose lui montait maintenant aux joues, ce qui le rendait encore plus craquant. Le correspondant s'était demandé pendant tout leur trajet en taxi s'il n'avait pas rêvé cette attirance réciproque entre eux, ce fort magnétisme l'avait troublé au plus haut point et le troublait encore bien qu'il s'efforçait à tout prix de mettre un voile par dessus.

- ne l'écoute surtout pas Martin, ma mère est tellement désespérée à l'idée de me voir finir vieux garçon qu'elle me tanne même pour faire un vœu sur le Pont des Arts à deux heures quatorze du mat' en espérant que l'homme de ma vie va y apparaître comme par enchantement.

- à deux heures quatorze ? C'est précis au moins.

Le commentaire de Martin se voulait légèrement taquin et le poivre et sel s'empressa de lui fournir une explication adéquate.

- deux et quatorze comme le quatorze février soit la fête des amoureux, toi et tes lubies je te jure.

Le regard de Yann venait de se tourner vers sa mère qui haussa les épaules d'un air tout à fait innocent.

- on ne sait jamais, tu devrais essayer, tu sais ce qu'on dit, qui ne tente rien...

Martin sourit à leur échange avant de boire une première gorgée de son cocktail qu'il devinait fait maison, ses yeux se posant aussitôt sur sa future belle-mère dès qu'il eut reposé son verre.

Une joyeuse fête des mèresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant