Vincent, Robin et Théa étaient partis pour Mâcon très tôt ce matin et ce dimanche en famille fut des plus difficiles à supporter pour Yann, ne plus avoir Martin à ses côtés, dans cette grande maison, fut une véritable épreuve pour lui, une épreuve qu'il n'avait certainement pas imaginée au départ. Il mit cependant un point d'honneur à respecter la promesse qu'il lui avait faite et sous le coup de seize heures, tandis qu'en compagnie de sa mère, Sébastien et Nora, ils dégustaient dans le salon une délicieuse tarte aux pommes dans une ambiance bon enfant, il alla chercher le superbe bouquet d'orchidées bleues dans la voiture de sa mère et lui tendit d'une voix morne.
- tiens, bonne fête maman, elles viennent de Martin. Il tenait à ce que tu aies un cadeau de sa part aujourd'hui.
- oh comme c'est gentil. Mes préférées en plus. Il est vraiment bien ce petit.
Le nez de la sexagénaire se faufila immédiatement dans le bouquet qu'elle huma pendant plusieurs secondes avant de croiser le regard mélancolique de son fils aîné à table, il n'avait quasiment pas touché à sa part de tarte aux pommes contrairement à Sébastien et Nora.
- Yann, vous habitez tous les deux la capitale, vous vous reverrez, j'en mettrais ma main au feu sans avoir la moindre crainte de me brûler.
- alors ça, tu vois maman, ça m'étonnerait.
- il ne faut jamais dire jamais.
Elle lui lança un clin d'œil complice et le poivre et sel s'efforça de sourire, décidément, l'optimisme à toute épreuve de sa mère le surprendrait toujours. Il reprit le train pour Paris sous les coups de 17 heures et quand la nuit tomba, il ne fit que de se tourner et se retourner encore dans son lit alors que la dernière phrase de Martin repassait en boucle dans sa tête. « J'espère que ton vœu se réalisera ». Est-ce que le correspondant avait voulu lui faire passer un message ? S'il se rendait sur le Pont des Arts dans 44 minutes, est-ce qu'il l'y trouverait ? Il se mit à souffler : pathétique, il se trouvait carrément pathétique à faire ainsi des plans sur la comète.
Une semaine, 7 jours, 168 heures, 10 080 minutes, 604800 secondes que cette même et unique question lui trottait dans la tête et ce soir enfin, il aurait sa réponse, il ne pouvait plus se défiler, il devait savoir, quitte à en avoir le cœur brisé, pour le restant de ses jours.
Deux heures douze du matin, encore deux minutes et il saurait, les coudes appuyés à la rambarde de ce pont piéton, sous la lumière du grand réverbère, il fixait nerveusement le cadran de sa montre, c'était long deux minutes, surtout pour un truc qui pouvait changer totalement le cours de votre vie et la renverser à tout jamais.
Deux heures quatorze du matin, enfin, il vit les deux manches d'une parka verte s'accouder à la rambarde juste à côté de lui, un sourire ému s'afficha sur son visage, son cœur faisait des bonds dans sa poitrine, une douce et agréable chaleur se diffusa dans tout son être, il était venu, c'était bien lui, sa présence sonnait comme la plus belle déclaration d'amour qui soit, il en avait parfaitement conscience.
- je ne pensais plus que tu viendrais.
- c'est plutôt à moi de te dire ça Yann, ça fait une semaine que je suis là à poiroter tous les jours à la même heure, tout seul comme un con dans les lumières de la nuit, pour être sincère, je commençais à plus trop y croire.
- désolé mais j'avais tellement peur de ne pas t'y voir, je préférais ne pas savoir que d'être déçu en fait, le risque était trop grand, tu comprends.
- et qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ?
- toi. Tu me manquais trop. J'avais besoin de te voir. Vraiment besoin. Alors j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai fini par tenter le coup.
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Une joyeuse fête des mères
Fiksi PenggemarInvité à passer son tout premier week-end dans sa future belle-famille, il tombe nez à nez avec le frère aîné de son fiancé dès son arrivée à la gare de Chambéry, le hasard fait-il vraiment si bien les choses ? 100 % AU.